L’argent par les fenêtres

par olivier cabanel
mardi 28 janvier 2014

Le gouvernement assure que pour réussir son pacte de compétitivité, il va faire des économies, et ils sont nombreux à craindre que les ménages soient mis une fois de plus à contribution, alors que d’autres pistes pourraient être exploitées.

Le gouvernement s’est donné comme mission de récupérer 50 petits milliards d’euros

Il faut savoir que les dépenses publiques augmentent régulièrement, et ceci depuis 1999, avoisinant aujourd’hui les 1200 milliards d’euros, or la loi des finances qui se flattait de lui infliger un régime minceur a modestement réduit leur niveau de 15 petits milliards. lien

Pour réaliser ces économies, l’état va-t-il s’en prendre aux caisses chômage, à celle de la sécurité sociale, donc aux ménages, ou va-t-il choisir d’autres pistes ?

La fraude fiscale, ce sont 100 milliards qui échappent à la France, or le gouvernement, à la suite des menaces qu’il a lancé aux fraudeurs, espère récupérer 1 modeste petit milliard (lien), alors que les mesures mises en place par Obama pour lutter contre l’évasion fiscale devraient lui rapporter 210 milliards de dollars.

On peut aussi s’interroger des raisons qui ont poussé Bercy à retirer de sa liste noire les iles Bermudes, et Jersey, paradis fiscaux notoires, et d’avoir considérablement amaigri la liste « Falciani  ». lien

Et quid de ceux qui sont coupables d’évasion fiscale, comme MC Do, qui devrait plus de 2 milliards à l’état ? (lien) ce qui n’est qu’une goutte d’eau sur les 600 milliards d’euros concernant la fraude fiscale qui échappent à la France. lien

Quant à la fraude aux cotisations sociales, dont sont coupables des grosses entreprises, elle se monterait à près de 30 milliards d’euros. lien

Au-delà de la fraude, il reste encore les niches fiscales, responsables d’un manque à gagner pour l’état de 160 milliards. lien

Quittons le domaine des finances pour aller dans celui de l’armée, par exemple…

Un militaire français gagne en moyenne quasi 3000 euros par mois, soit plus de 1000 euros de plus qu’un instituteur (lien) et les primes offertes aux militaires s’ajoutent pour plus du tiers à cette somme. lien

Les instituteurs, et autres professeurs, seraient donc moins utiles au pays que les militaires ?

Mais ce n’est pas tout.

On pouvait découvrir dans le numéro 2157 du 15 janvier 2014 de l’hebdo « Le Point », une information passée assez inaperçue : tout le monde a entendu parler du fameux Rafale, cet avion dont les ventes à l’étranger, annoncées systématiquement avec grand fracas, se sont finalement soldées chaque fois par des échecs…or, au moment ou les caisses sont désespérément vides, le gouvernement vient de faire à Dassault un joli cadeau d’un milliard d’euros pour « améliorer les performances de l’avion de chasse ». lien

Tout d’abord, on peut se poser la question de la pertinence de ce genre de dépenses, qui, en mettant un doute sur les qualités de l’avion, donne à fortiori raison aux états qui finalement ont porté leur choix sur d’autres avions…

Plus grave, c’est que l’on découvre que le budget de l’armée s’élevant à 46 milliards, a été « sanctuarisé », d’autant qu’il ne tient pas compte du prix des guerres menées actuellement, ni de celui de la recherche dans ce domaine, et de la « coopération militaire ». lien

Dans le domaine de la santé, au-delà des services qui tentent de découvrir les fraudeurs de la sécu, qui, même si les sommes sont conséquentes, (150 millions d’euros), on apprenait récemment sur l’antenne de BFM-TV, lors d’une interview menée tambour battant par Jean-Jacques Bourdin, le 15 janvier 2014, à 8h35, face à Marisol Touraine, que l’Algérie était redevable à la France d’un joli pactole, ceci étant en rapport entre autres avec l’hospitalisation du président algérien qui vient d’être de nouveau accueilli au Val de Grâce. lien

Malgré les questions insistantes de l’animateur journaliste, la ministre s’est contentée d’une réponse évasive, mais par d’autres sources bien informées, il s’agirait d’au moins 600 millions d’euros. vidéo

Dans le domaine énergétique, alors que la France agit, à Bruxelles, contre les énergies renouvelables (lien), l’argent est en train de partir vers le puits sans fond de la « rénovation » des vieilles centrales nucléaires.

Le programme annoncé à hauteur de 45 milliards d’euros serait en fin de compte plus que doublé, et devrait atteindre les 100 milliards d’euros. lien

De plus les pannes à répétition de ces centrales coutent 1 millions d’euros par jour d’arrêt, et on pouvait lire dans le journal « les échos » le 17 janvier 2014 que le taux de disponibilité des centrales était tombé pour 2013 à 78%. lien

Ajoutons l’énorme gâchis financier que représente l’EPR, dont le prix de départ de 3 milliards d’euros sera finalement multiplié par 3, alors même que cette centrale nucléaire qui se voulait exemplaire, souffre de nombreux défauts de conception. lien

Dans le domaine de l’administration, l’état regorge de structures diverses, dont l’intérêt reste à prouver, comme par exemple le CESE (conseil économique social et environnemental) qui coute à l’état bon an, mal an,  40 millions d’euros, sans compter les CESE installés en région qui coutent pour leur part 30 millions annuels. lien

En effet, notre pays croule sous les commissions, les groupes de travail, les comités consultatifs, ces instances offrant l’originalité de permettre des doubles emplois à foison, et qui couteraient en principe 30 millions d’euros annuels…mais peut-être beaucoup plus.

On y trouve les 680 « comités Théodule », et dont il est question, à chaque nouveau quinquennat, d’en réduire le nombre…sans beaucoup de résultat.

C’est d’ailleurs ce qu’à promis, après Nicolas SarköziFrançois Hollande, mais au vu d’autres promesses non tenues, il est raisonnable d’en douter.

Par exemple, « le comité de la prévention et de la précaution  » coute au pays 80 000 euros, largement dépassé par « le comité national de l’initiative française pour les récifs coralliens », dont les 38 membres se réunissent tous les deux ans, et qui coute annuellement au pays la bagatelle de 150 000 euros. lien

Il est difficile d’évaluer le nombre de ces commissions, car il y en a un peu partout, dans les conseils généraux, régionaux, mairies, qui devraient être de l’ordre de 10 000lien

Alors que Claude Bartolone, souhaitait supprimer un tiers de ces comités, leur reprochant de couter cher, pour des résultats discutables…à preuve un autre comité Théodule, le « conseil d’analyse de la société » qui bénéficie d’un budget de près de 3 millions d’euros (lien) François Hollande vient de décider d’en créer un nouveau : le « conseil stratégique la dépense publique », commission qui se réunira chaque mois.

Sur le chapitre des élus, puisque nous avons un président qui se veut « normal », ne pourrions-nous avoir aussi des députés et des sénateurs normaux, dont le nombre pourrait être considérablement réduit, à l’image de nombreux pays, ce qui provoquerait des économies bienvenues ?

N’est-il pas aussi choquant de voir accorder une voiture, un appartement de fonction, des collaborateurs, des agents de sécurité, aux ex-présidents, ce qui coute au pays chaque année, 5 millions d’euros. lien

Et quid des 6000 euros en moyenne offerts chaque mois aux élus de l’Assemblée nationale et du Sénat, destinés à couvrir leurs frais de fonctionnement, sans qu’il leur soit besoin de fournir le moindre justificatif, et qu’ils utilisent comme bon leur semble, ce qui représente pour les seuls députés près de 45 millions d’euros par an. lien

Au Danemark, ces frais ne sont remboursés que lorsqu’un justificatif est produit, et dans ce pays, ils utilisent leur propre voiture pour se déplacer, mangent à la cantine…lien

Qui sait que pour obtenir le statut de préfet, sans en exercer la fonction il suffit d’avoir des amis haut placés qui vous accordent ce titre, ce qui vous permet d’ajouter à vos revenus 4000 euros brut par mois en guise de retraite ?

A titre d’exemple Brice Hortefeux, ou Michel Delebarre font partie du nombre de ceux que l’on peut qualifier de « préfet bidon », et ils sont plusieurs dizaines dans ce cas… lien

Ils sont près de 5,5 millions en France à occuper un emploi de fonctionnaire (lien) et leur nombre continue de grandir (lien) et alors que nos voisins outre-Rhin en comptent 50 pour 1000 habitants, nous en avons quasi le double dans notre pays.

Il reste aux français la possibilité d’organiser, comme aux USA, un blocage budgétaire, qui, en mettant au chômage technique 20% des fonctionnaires ferait économiser 17,5 milliards d’euros. lien

En additionnant ces économies possibles, on dépasse largement les 400 milliards d’euros, sans pour autant pénaliser les ménages, et favoriser leur pouvoir d’achat n’est-il pas le moyen de relancer, par la consommation, la croissance du pays, comme l’affirment les experts en économie et les artistes de la chanson du dimanche ?  lien

Alors que le chômage poursuit sa progression, (lien) le « président normal » prendra-t-il enfin des décisions normales ? L’avenir nous le dira.

Comme dit mon vieil ami africain : « Les chameaux ne rient pas les uns des autres de leurs bosses ».

L’image illustrant l’article provient de « contribuables.org »

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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