L’autodestruction du capitalisme
par Tzecoatl
vendredi 25 janvier 2008
Comme annoncé par certains auteurs (dont je reprends l’un des titres), le krach que nous connaissons actuellement est une autodestruction du capitalisme. Pour quelle raison ? De par la cupidité de ses acteurs financiers.
Reprenons.
L’origine de la crise se trouve dans des contrats de créances auprès de working poors américains.
Les financiers, en ayant surchargé leur désir de rentabilité (au prétexte de prime de risque), ont entraîné non seulement l’expulsion de centaines de milliers de propriétaires (et bientôt quelques 2 millions), mais ont également créé leur malheur en passant ces pertes de valeurs dans leurs résultats.
Bref, en jouant la carte du perdant-gagnant, on constate que tous les acteurs sont perdants. La confiance étant réduite en miettes, de par le floutage volontaire des actifs incriminés, la crise s’étend à l’ensemble des places boursières.
Comme l’écrit Adrien de Tricornot :
Si l’on considère le libéralisme de par cet aspect (paternalisme fordien qui n’a plus grand sens dans la mondialisation où l’intérêt général n’est plus conscrit au pré-carré de la nation), l’action des banques américaines est plus libertarienne que libérale, à savoir la poursuite de l’intérêt particulier immédiat quel que soit l’intérêt général, et même au détriment de l’intérêt particulier à moyen terme, c’est dire.
L’action des banques américaine était soumise à l’immédiateté des profits (il y avait bien des agents rémunérés à la com sur le nombre de contrats subprimes souscrits), faisant fi des engagements courant durant la durée des emprunts.
En corollaire, on assiste dans la sphère productive à la même exigence de profits immédiats, donc à la réduction drastique des investissements, et, in fine, à l’autodestruction de l’outil capitalistique (encore qu’une délocalisation suffise à palier ce rationnement de l’investissement afin de préserver la rentabilité déficiente due au manque d’investissement).
Schumpeter avait bien décrit la destruction créatrice, mais la destruction tout court fait désormais partie de l’arsenal de l’analyse économique.
La crise est-elle grave ?
Oui, pour une raison. Les Etats-Unis qui jouaient le rôle de consommateurs de tous les excédents mondiaux au prix d’un endettement excessif ne peuvent plus jouer ce rôle. La machine à endetter s’est enrayée lorsqu’elle a voulu toucher les insolvables.
Et lorsque l’on est surendetté, la dégringolade peut être sévère, un cauchemar même.
Certains argueront du découplage, à savoir la résilience d’une zone économique à la récession que subit une autre zone.
Même si l’appareil législatif français (et peut-être de l’Europe continentale) a permis que les pratiques plus que douteuses des banques américaines ne polluent celles des banques françaises, ainsi que les différences culturelles, les banques françaises étant par-là même plus empreintes d’une culture de coresponsabilité lors de la contractualisation d’emprunts, il est évident que la déflagration à laquelle on assiste aux Etats-Unis ne nous épargnera pas (on le voit avec la SG), et ce, pour plusieurs raisons :
- comme indiqué plus haut, car ils consomment ;
- une économie américaine faible signifie la baisse du dollar (baisse de la demande internationale en dollar et taux bas de la Fed), ce qui signifie une plus grande difficulté pour nous à exporter en zone dollar ;
- le mimétisme des comportements (prudence, perte d’euphorie, perte de confiance) n’est certes pas réservé à la bourse.
En filigrane, on peut voir que les déséquilibres des échanges mondiaux sont remis en question. Pire, il est possible que l’on ne sorte de cette crise qu’avec des régions géo-économiques (à comprendre sous-continents) plus équilibrées, permettant aux Etats-Unis de retrouver des comptes courants n’instillant pas la panique systématiquement à celui qui y prête un peu attention.
Mais le point d’achoppement est le dumping social et monétaire que pratique le plus peuplé des pays émergents, la Chine.
Dans un contexte de mondialisation il est remarquable que le capitalisme s’accommode parfaitement d’une dictature, bien mieux que d’une démocratie "réglementariste" (d’un point de vue extérieur ou d’investisseur).
C’est suffisamment évocateur de la nature intrinsèque même du capitalisme sans règles.
Entre les dictatures libérales et les démocraties libertariennes, le modèle de démocratie étatiste et libérale à l’européenne est bien malmené et impuissant, ne faisant que subir l’idéologie de ses partenaires.