L’économie comportementale : l’économie de demain

par Prometheus
vendredi 19 avril 2013

Cet article va vous expliquer comment une révolution d'idées est en cours et comment dans les dix prochaines années notre économie va se métamorphoser. L'échec de notre économie a mis en avant une nouvelle approche portée par des chercheurs en sociologie et en psychologie. Bienvenue dans l'économie du bonheur.

" En 1941 ou 1942, alors que les Juifs devaient porter l'étoiles jaune et respecter un couvre-feu à six heures, je rentrais tard après avoir été jouer avec des camarades chrétiens. Alors que je marchais dans la rue, un soldat allemand s'approche. Il portait l'uniforme noir des SS que l'on m'avait appris à craindre plus que tout. Alors que j'accélérais le pas, arrivant à son niveau, je notais qu'il me regardait intensément. Il s'est penché vers moi, m'a pris puis serré dans ses bras. J'étais terrifié qu'il ne remarque mon étoile sous mon chandail. Il me parlait avec émotion, en allemand. Il a desserré son étreinte, ouvert son porte-monnaie, montré la photographie d'un petit garçon et donné de l'argent. Je suis rentré à la maison, plus convaincu que jamais que ma mère avait raison : les gens sont infiniment compliqués et intéressants. "

Les gens sont infiniment compliqués et intéressants...

Daniel Kahneman est un psychologue. Pourtant il a reçu en 2002 le prix Nobel d'économie pour sa théorie des perspectives. Il dira lui-même qu'il n'a jamais pris un seul cours d'économie et que toute son étude a été basée sur ses expérimentations.

Quelle est donc sa contribution ?

Il a simplement démontré que l'homme est capable de faire des choix paradoxaux. Souvenez-vous dans un précèdent article "Homo economicus contre Homo irrationalis", je parlais d'une sociologue qui avait démontré par expérimentation que des singes soumis à des choix débouchant aux mêmes résultats vont prendre des décisions incohérentes. Tout ça parce que la vision de perdre des grains de raisin leur était insupportable. Et bien la théorie des perspectives c'est la même chose appliquée aux humains. Pour faire simple, la douleur de perdre 1000 euros ne pourrait être compensée que par le plaisir de gagner 2000, ou même 3000 euros. On pourrait penser que quelque soit le choix que vous allez faire la logique vous permettra de prendre des décisions identiques. Mais il n'en est rien face à deux choix ayant des résultats semblables l'émotion l'emporte.

C'est ainsi qu'un psychologue a réussi à nous donner une leçon d'économie et à ouvrir une porte pour ce qu'on appelle l'économie du bonheur.

Ces mots prêtent à sourire mais en réalité elles montrent la vraie nature de l'économie :

"La croissance est la solution de tous les mots de l'univers." Ceci est notre dogme économique. Néanmoins il semble que la croissance ne fait pas le bonheur. Il est démontré que passer un certain seuil de revenus l'argent seul ne suffit plus. Il est même démontré que les pauvres sont plus heureux que les riches. 

Ridicule vous allez me dire comment mesure-t-on le bonheur ? Et puis le bonheur des uns n'est pas forcément le bonheur des autres. Pourtant l'échec de notre économie actuelle montre qu'il faut penser différemment.

Sans compter qu'être heureux ça paie !

Et bien oui, deux chercheurs français en économie, Yann Algan et Pierre Cahuc, montrent dans leur essai "La Société de défiance - Comment le modèle français s'autodétruit", qu'une société pessimiste et sous anxiolytique comme la France détruit ses emplois et sa croissance :

"Il est possible d'examiner l'impact de la défiance sur l'emploi. Nous avons montré que la défiance et l'incivisme en France entravaient le dialogue social et la sécurisation des parcours professionnels. Notre déficit de confiance est donc susceptible de réduire l'emploi. [...] Des études approfondies, ... , montrent que la confiance mutuelle a bien un impact significatif sur l'emploi. Dans le cas de la France, la réduction du déficit de confiance par rapport à la Suède impliquerait une baisse du taux de chômage de trois points de pourcentage."

Trois points de chômage en plus parce que la société française déprime ? Etonnant. Et pourtant il semble que rendre les gens heureux les rend plus performants, plus optimistes, plus confiants en l'avenir. La confiance ! Imaginez-vous ce que pourrait faire un gouvernement en matière de réformes si les Français lui faisaient enfin confiance. On voit tout de suite l'utilité d'une économie du bonheur pour les citoyens, les politiques et les entreprises.

Aujourd'hui nous sommes toujours englués dans une économie de chiffres. Cependant l'économie comportementale s'impose comme une alternative aux sociétés modernes car elle apporte un ensemble théorique bien plus en lien avec la réalité irrationnelle de son sujet, l'homme. Rappelons-nous que l'économie est une science humaine et qu'il faut donc plus se rapprocher de la psychologie ou de la sociologie pour la comprendre que des sciences pures. Et faites également attention, nos préjugés sur le libéralisme économique semblent inapproprié car il semble que les gens soient plus heureux dans une économie libérale où ils savent qu'ils ont leur destin entre leurs mains.


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