L’enfumage du traité de stabilité

par Peretz1
samedi 22 septembre 2012

L'enfumage du traité de stabilité : un sauve-qui-peut

Vous avez dit traité de stabilité ?

Dernier acte de la tragédie (ou la comédie ?) des déficits publics jouée par le néolibéralisme, ce traité est une ligne Maginot qui comme telle espère contenir l'envahissement de la plupart des pays occidentaux endettés. Il est curieux de voir se répéter, cette fois directement avec l’argent des banques ce qui s’est passé lors de la dernière guerre avec les armes. Comme on sait, l’Allemagne à la conquête de l’Europe a tout simplement contourné ce qui était un ensemble de fortifications destinées à défendre la France contre toute attaque qui viendrait de ce pays. Cette fois aussi, il s’agit de conquérir la même Europe, mais sans autres armes que la monnaie, que ces banques ont commencé à investir subtilement depuis les années 70 en persuadant les dirigeants d’ouvrir leurs frontières aux mouvements financiers. Les règles dites prudentielles qui les gênaient ont petit à petit disparu. La fameuse règle d’or inscrite dans le traité de stabilité est une ligne de défense théoriquement destinée à inciter les pays endettés à diminuer et ensuite supprimer leurs déficits en grande partie à l’origine de ces dettes.

Mais diminuer les déficits suppose plus de rentrées d’argent que de dépenses. Or les dépenses sont productives dans la mesure où elles suscitent des activités économiques, donc des rentrées d’argent dans les caisses de l’Etat. Augmenter les impôts de façon significative en période déficitaire est contre-productif car c’est diminuer le pouvoir d’achat, donc l'activité. En quoi une règle pourra-t-elle inverser ce cercle vicieux ? Comment sortir du piège ? Mais l’Etat dont les caisses sont vides n’ont pas argent disponible pour relancer la machine. Comment faire sinon réemprunter… aux banques qui n’ont d’argent que celui qui provient des remboursements de leurs prêts, que les Etats ont déjà du mal à rembourser. Ce n’est qu’en réempruntant, etc… Ou leur demander gentiment de bien vouloir faire des cadeaux en prêtant de l’argent à faible taux pour que les dettes des Etats n’augmentent pas trop, ou mieux à taux négatif, ce que quelques-unes ont, timidement, commencé à faire pour l’Allemagne et la France. Mais croire que cela peut se généraliser, et en faire autant pour les entreprises et les particuliers est une vue de l’esprit : je ne connais pas de banques philanthropes.

Quant aux sanctions prévues par ce traité, cela frise le ridicule : punir un mauvais élève en lui demandant (gentiment) de payer une amende, n’a pas de sens. Si la somme est peu importante, la sanction sera inefficace. Si elle est importante elle augmentera le déficit, ce qui va à l’encontre du but recherché. Resterait à envoyer la troupe…

Ce traité est simplement de la poudre aux yeux qui cache la panique des dirigeants, empêtrés dans un système dont ils ne peuvent sortir. La seule solution est de revenir à l’ancien système du contrôle des banques par une banque centrale nationale, quitte à nationaliser les plus importantes engagées dans le système de prêts aux Etats et pour relancer l’activité, réinvestir avec son propre argent, la fameuse planche à billets. Quant aux dettes, la masse monétaire en circulation deviendra importante, et l’inflation qui en résultera permettra de rembourser, en « monnaie de singe » les banques non nationales. Un prêté pour un rendu. Il restera à dévaluer notre monnaie nationale, ce qui permettra de donner un second souffle à l’exportation, et arrêter les délocalisations.

Bien entendu on ne pourra compter sur un gouvernement de centre gauche « normal » encore moins de droite traditionnelle qui n’a que le mot de privatisation en tête, pour appliquer un tel programme. Donc seules l’extrême droite, ou l’extrême gauche en sont capables. Avec un gouvernement démocratiquement élu ? Alors messieurs et mesdames nos députés actuels, mesdames et messieurs nos dirigeants, puisque voter ce traité n’a aucune importance, car il sera contourné comme la ligne Maginot, donc non efficace, donnez la parole au peuple par un référendum, vous échapperez ainsi à votre responsabilité comme avec le traité constitutionnel européen (TCE). Si le peuple dit non, vous serez simplement remplacés avant terme à la suite d’élections anticipées. S’il dit oui, vous serez dédouanés pour la suite des évènements. Mais éviter un référendum, c’est reculer pour mieux sauter.


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