L’envolée des prix pétroliers est-elle structurelle ou conjoncturelle ?

par TDK1
samedi 5 mars 2011

Le prix des carburants va atteindre, c'est une question de jours, le niveau de 2008. Puis le dépasser, probablement très largement. Vous entendez dire ici et là que le pétrole augmente, augmente, augmente... S'agit il, comme certains vous l'affirment, d'une bulle conjoncturelle due aux évènements du maghreb, en particulier de Libye, ou au contraire d'une tendance lourde ? Est ce là la seule et unique raison de cette envolée ?

Qu'en penser et comment se positionner en termes d'investissements ?

Le prix du pétrole augmente, certes. De manière explosive ? Non. Peut on penser que les éléments régulateurs qui ont calmé l'envolée de 2008 peuvent à nouveau fonctionner ? Hélas, trois fois hélas, NON. Faut il nous attendre, dès lors, à voir le coût des carburants fossiles rester longtemps à un niveau excessivement haut ? Si la fiscalité actuelle se maintient, oui ! Quels sont les éléments qui permettent d'affirmer cela ? L'effet conjugué de l'augmentation de la demande chinoise, de la crise des pays arabes, de la baisse de l'euro, des freins mis sur les carburants « verts » et du déballonnage du mythe des réserves saoudiennes.

Cette seule donnée (l’accroissement de la consommation de la Chine) a suffi à provoquer la surchauffe de 2008. Pourtant, la consommation n'était pas au point où elle en est actuellement. Cette simple donnée suffit à assurer une augmentation des cours. La consommation pétrolière chinoise ne saurait être déclinante. A échéance de quelques mois (un ou deux ans tout au plus) la Chine deviendra le premier consommateur de pétrole. Son mode de négociation avec certains pays pétroliers est particulier. Il inclut la fourniture de pétrole dans des accords plus larges concernant le transfert de technologie, l'équipement en infrastructures ferroviaires ou télécoms comme c'est le cas par exemple en Libye. La diplomatie chinoise est très active auprès des pays arabes. Les accords qui viennent d'être signés avec l'autorité palestinienne prévoyant la livraison pour 5,5 millions de dollars de matériel sont à inscrire dans ce cadre. Une partie de ses approvisionnements ne se font donc pas au cours du marché. Enfin, la Chine est une fabuleuse réserve de dollars. L'envolée des cours ne l'impactera pas de la même manière que l'Europe.

Vous l'avez compris, nous sommes en face d'une crise majeure. Peut être de « LA » crise, le fameux « peak oil » que certains analystes nous prédisent depuis tant d'années ! Face à cette crise, l'Europe, dont les institutions sont plus préoccupées par les discriminations que les problèmes énergétiques, est totalement absente. Aucune stratégie commune, aucune mise en commun des ressources, aucune négociation commune avec les pays producteurs. Pire, et l'exemple de la construction du gazoduc en provenance de Russie en est la preuve, les différents pays européens se tirent dans les pieds.

Quelle est la variable qui puisse limiter la casse pour le consommateur ? Une seule réponse : La TIPP. Vous savez que plus de 80% du prix du carburant sont des taxes. Seule la réinstauration du processus de « TIPP flottante » mise en place en son temps par Laurent Fabius peut permettre de réduire l'augmentation astronomique du prix des carburants. Pour l'instant, le gouvernement ne s'oriente pas vers cette solution. Il semble vouloir gérer les problèmes au cas par cas en multipliant les régimes d'exception. Assistance aux « ménages défavorisés », incitation aux travaux d'économie d'énergie, défiscalisation d'une partie des carburants pour les professionnels, etc etc... Je ne crois absolument pas en l'efficacité de cette méthode qui, nous le savons bien, ne fait qu'accroitre les différences, génère des coûts d'exploitation et nécessite de permanentes mises en ligne si elle est amenée à se pérenniser.

Que faire ?

  1. Mise en place de la TIPP flottante

  2. Relance d'un véritable plan de production des carburants d'origine végétale et animale (le développement de la biométhanisation devant s’inclure)

  3. Mise en place d'un plan de développement du ferro routage. Avec les entreprise privées s'il le faut, puisque les syndicats de la SNCF bloquent le dossier depuis des années.

  4. Création d'une agence européenne d'approvisionnement énergétique qui négociera, comme le font les USA et la Chine directement avec les pays producteurs, dans le cadre d'accords globaux.

Je rêve ? Alors commencez à planter vos patates parce que l'ère de l’autosuffisance arrive....


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