L’Espagne s’embrase-t-elle ?

par maltagliati
samedi 26 mai 2012

Deux nouvelles très inquiétantes sont tombées simultanément en Espagne vendredi après la fermeture des marchés. Un baril de poudre ?

 Bankia.
 
La crise bancaire est le premier aspect important du dossier espagnol. Son fond est constitué par l’éclatement de la bulle immobilière. Quatrième banque du pays, Bankia y est particulièrement sensible. Il y a une semaine, l’État espagnol en a pris le contrôle par un investissement de 4,5 milliards €. On a appris hier soir que la Banque présentait un besoin de financement de 19 milliards €. Un total de 23,5 milliards € là où on en annonçait une dizaine ! Le gouvernement espagnol, pour renforcer sa crédibilité, a annoncé dans la semaine vouloir s’en sortir sans plan de secours européen… pour ne pas avoir l’air d’emboiter le pas à la Grèce. Or il a déjà dû revoir à la baisse ses perspectives d’assainissement budgétaire en mars dernier et il fait face actuellement à une récession de plus en plus importante assortie d’un chômage à 25% et a dû lui aussi faire face à un Bank Run dans les dix jours écoulés. Comment s’en sortir dans ces conditions et soutenir tout le système bancaire sans s’écrouler soi-même ?

Catalunia.
 
Dans ce contexte plus que tendu, le président de la plus importante des régions espagnoles, la Catalogne a tout simplement déclaré ce même vendredi soir : « Peu importe comment on y arrive, mais nous avons besoin de pouvoir effectuer des paiements à la fin du mois. On ne peut pas redresser son économie si on ne peut pas payer ses factures. » L'endettement des régions - 36 milliards d'euros à refinancer cette année - est considéré comme l'une des bombes à retardement de l'Espagne, la deuxième avec la crise immobilière : les deux épines dans le socle du système bancaire espagnol.
 
Scénario catastrophe ?
 
Jusqu’à présent le déroulement de la crise a permis de sérier les problèmes, c’est-à-dire de traiter tantôt la question irlandaise ou portugaise, tantôt la crise grecque, sans aucune conjonction des différents phénomènes. On fait face cette fois à une double alerte : une étincelle, la Grèce, beaucoup trop petite en elle-même pour constituer un problème de taille suffisante, un baril de poudre, l’Espagne, qui depuis un an cherche à passer en douce en s’abritant tantôt derrière les uns, tantôt derrière les autres, mais se présente brutalement à l’avant de la scène ce WE après avoir fait les gros titres depuis quinze jours.
 
Le fait que la France a pu emprunter ce vendredi 25 mai à des taux historiquement BAS fait paradoxalement partie de ces annonces plus qu’inquiétantes. Il y a des fonds qui fuient le Sud et cherchent à se placer temporairement là où la situation ne semble pas encore trop dégradée. Au taux zéro des Allemands mercredi a correspondu un taux de près de 2,5% en France vendredi, ce qui montre bien l’écart Berlin-Paris, la France se situant à mi-parcours entre l’Allemagne et les pays du Sud, pour le moment.
 
Stratégie
 
L’annonce de l’Archange Gabriel se fait le vendredi soir. On peut ainsi au cours du WE mobiliser l’ensemble des forces disponibles pour intervenir en masse dès le dimanche soir à Tokyo et surtout le lundi matin à l’ouverture des marchés financiers. On manie ainsi l’arme psychologique. Il n’est pas difficile à l’observateur attentif de s’apercevoir que les mouvements de baisse importants se font toujours à contretemps sur les marchés, signe que les grands opérateurs se concertent pour inverser les tendances lorsqu’on attend des chocs majeurs, s’arrangeant ensuite pour répercuter « gentiment » ces baisses dans les heures ou les jours qui suivent. C’est ce qui donne actuellement un aspect soi-disant incompréhensible aux marchés.
 
Bon week-end et à lundi, car les marchés financiers ne prendront pas leur « jour de solidarité » ce lundi de Pentecôte. Nombre de leurs employés devront écourter le W.E. ou passer la journée de lundi sur leur iPhone…
 
MALTAGLIATI

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