L’Etat est-il condamné ŕ s’endetter pour assurer notre bonheur ?
par Michel Santi
jeudi 27 août 2009
En deux ans, le niveau de l’épargne aux Etats-Unis est passé de moins de 2% pour dépasser le seuil des 5%. Cette très nette amélioration - imputable à la crise - devrait ainsi porter l’épargne des ménages US autour des 10% ces prochaines années et permettre donc le franchissement des 8%, ratio historique moyen de l’épargne aux Etats-Unis. Si elle implique tout naturellement une baisse de l’endettement des ménages - en soi une bonne nouvelle pour les familles Américaines -, cette tendance est néanmoins lourde d’implications moins positives - voire de menaces - envers les pays émergents et pour la Chine !
Pour conserver leur expansion et éviter une débâcle qui accompagnera immanquablement un nécessaire réajustement à la baisse de leur production, ces nations devront améliorer leurs investissements par l’entremise d’une réduction substantielle d’une épargne pourtant très souvent profondément imprimée dans les gènes de leurs citoyens. A moins que les Etats en question ne trouvent la parade par la promotion et l’entretien d’une bulle qui contribuerait à diminuer l’épargne de leurs citoyens tout en leur procurant en contrepartie un fort sentiment de richesse... à l’instar du contre exemple Japonais qui subit l’implosion de ses bulles à partir des accords du Plaza en 1985 et qui n’est toujours pas parvenu à se redresser complètement aujourd’hui ?
Ce même Japon qui avait en effet tenté de conjurer le doublement de la valeur de son Yen - donc la dégringolade de ses exportations et la déstabilisation de son économie - par une stimulation intérieure qui avait dégénéré en bulles multiples ! N’est-ce pourtant pas un phénomène similaire qui se produit sous nos yeux en Chine où marchés immobilier et boursiers atteignent des sommets invraisemblables dans un contexte où les exportations du pays régressent de 20% du fait de la crise mondiale mais également de la nouvelle propension à l’épargne des ménages Américains ? Dans ces conditions et eu égard à des études qui ont estimé que l’épargne Chinoise, elle, devrait décliner de 6 points si le pays souhaitait conserver son train de vie, la bulle n’est-elle pas la solution idéale - et de facilité - à portée du régime Chinois qui veut avant tout éviter le mécontentement social ?
Selon certains économistes, cette très mauvaise pour la Chine et pour les pays émergents constituée par la progression de l’épargne privée Américaine serait toutefois une bonne nouvelle pour les économies Occidentales développées aujourd’hui subjuguées par les déficits publics : L’endettement de nos Etats serait en effet directement proportionnel à notre enrichissement privé ! En théorie - et à condition que les investissements et dettes étrangers s’équilibrent -, le secteur privé s’enrichit à chaque fois que l’Etat s’endette : la somme des excédents du secteur privé étant ainsi supposés techniquement compenser la somme des déficits publics, les déficits d’un pays se traduiraient donc en un gonflement équivalent de son épargne privée ! Théorie très séduisante mais que je ne fais pas mienne car aux sources de bien des excès puisqu’elle implique et justifie un endettement éternel et abusif des Etats.
A l’heure où le "Grand Emprunt" lancé par l’Etat français fait débat, il est certes vrai que les dépenses publiques - et donc les déficits publics - contrebalancent une dépense et un investissement privés frileux par temps de crise. De même, un Etat est-il dans l’obligation de mettre en place les conditions favorables à la relance d’une croissance qui aura elle-même pour conséquence bienfaisante dans le monde parfait de Keynes de résorber – au moins en partie - ces déficits publics...à condition bien-sûr que les dépenses et projets lancés par l’Etat soit correctement ciblés.