L’euro est fort ! Mais est-ce une force ?
par Eric V
lundi 30 avril 2007
Depuis plusieurs mois, l’euro est une monnaie forte face à son équivalente américaine : le fameux US Dollar. En effet le cours de l’euro augmente au cours des mois pour atteindre un record de 1,3592$, vendredi 27 avril. Que veut dire cette augmentation ? Pour les nuls en économie, cela veut dire que le dollar est peu demandé face à l’euro qui, lui, est très demandé. Quelles en sont les raisons, quelle est la véritable situation de notre monnaie et est-ce un problème ?
Le dollar est actuellement une monnaie peu demandée en raison du ralentissement de l’économie américaine. Son produit intérieur brut (PIB), de 2,5% au dernier trimestre 2006, a chuté à 1,3% au premier trimestre de l’année 2007. Ce changement vient principalement d’une baisse des biens durables et de l’activité immobilière.
De l’autre côté de l’Atlantique, le premier partenaire commercial des Etats-Unis qu’est l’Union européenne est en forme. Notre continent se paiera, selon certains analystes, le luxe d’avoir un taux de croissance supérieur aux USA sur l’année 2007. Ceci n’était pas arrivé depuis 2001.
Les vases communicants entre le Japon et l’Europe
La force de l’euro vient aussi des investisseurs japonais. Actuellement le Japon a des taux d’intérêt très bas : 0,5%. Bien qu’ils aient été augmentés d’un quart de point en février 2007, la monnaie japonaise reste faible. A titre de comparaison, la Banque centrale européenne a fixé son taux d’intérêt directeur à 3,75%. Cette différence de taux a créé un grand jeu boursier. Des financiers empruntent à bas prix, au Japon, afin de le placer en Europe, lieu de haut rendement. Au final, l’euro bat aussi des records face au yen dégringolant : 134,23 yens ne valent qu’un euro.
Cela n’a qu’un temps...
Mais la bourse, c’est bien connu : ca monte, ca descend... Le temps des Dotcoms et du dollar fort n’est pas si loin. L’euro descendit à 0,8230 dollars en octobre 2000. A cette époque, les banques anglo-saxonnes ricanaient car elles voyaient leur prédiction de voir cette nouvelle monnaie sombrer.
Pour autant, deux ans plus tard, le 15 juillet 2002, un euro vaut un dollar. Depuis cette date, l’euro adopte une tendance haussière sur le long terme.
L’euro décrocha un premier record en décembre 2004 en atteignant 1,3666 dollars. L’année d’après, le dollar reprit du terrain et l’euro valait le 15 novembre 2005 : 1,1640 dollars. Cette date correspond à l’appel du pied que l’on effectue au fond de la piscine après une descente : l’euro, depuis, ne cesse de monter.
Est-ce pénalisant ?
Un raisonnement basique nous dit qu’une monnaie forte est pénalisante pour nos exportations et le tourisme. Le tourisme en France est responsable de 6,5% de notre PIB (en 2006, selon le gouvernement). D’un autre côté, seulement 27,9% de ses exports de produits manufacturés se réalisent hors Europe (selon les douanes, en mai 2006).
Des pays comme l’Allemagne (champion des exportations) pourraient être un vrai drame. Pour autant ses exportations ne fléchissent pas, bien au contraire, grâce à la qualité de ses produits et son image de marque.
En effet l’Union européenne doit donner la part belle à la qualité de ses exports et non à la quantité : domaine où la Chine règne en maître.
Cet euro fort apporte aussi de nouvelles possibilités aux entreprises européennes. En effet, celles-ci sont plus riches et peuvent réaliser des acquisitions dans des pays externes à la zone euro.
Le Financial Time observe déjà un monde des fusions-acquisitions agité en ce début d’année.