L’Europe : mythe ou mensonge ?
par Michel Santi
lundi 29 mars 2010
Si l’implication du F.M.I. dans le sauvetage de la Grèce peut être considérée sous des angles positifs du fait de son expérience déterminante dans ce domaine ou de sa capacité à refuser certaines faveurs aux pays qu’il assiste (ce que pourrait difficilement faire l’Union Européenne vis-à-vis de la Grèce sans lourdes conséquences politiques), l’entrée en lice de cette institution éveille tout de même des suspicions. Il semblerait en effet qu’une des intentions Européennes - et grecque - ait été de profiter de conditions de financement assurées par le F.M.I. plus compétitives que celles de l’Union elle-même vis-à-vis de ses propres membres !
En fait, les autorités centrales Européennes appliqueraient sciemment des subsides selon des termes moins intéressants afin d’éviter que le sauvetage de la Grèce à des tarifs avantageux ne soit immédiatement suivi d’appels au secours de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande puis de la Slovaquie ou de la Slovénie... Jean-Claude Trichet n’avait-il pas déclaré - un peu rapidement en début de semaine dernière avant d’être contredit par les faits - que toute aide à la Grèce se devait d’être procurée sans conditions de faveur ni "concessions" ? L’intervention aujourd’hui acquise et institutionnalisée du F.M.I. au sein même de l’Union Européenne laisse ainsi un goût amer car ce n’est à l’évidence pas ses ressources techniques ni son expertise indiscutable qui sont sollicitées tout comme ce n’est pas des prêts à hauteur de 25 milliards d’Euros (selon les chiffres annoncés par l’Union) qu’il sera nécessaire d’injecter dans ce pays afin de ramener ses déficits sous la barre de 3% de son P.I.B. mais plutôt de 75 milliards (selon des calculs effectués par l’Economist magazine) !
Emblématique des problématiques aigües de l’endettement souverain des grandes nations, l’épisode grec marque un tournant majeur dans la courte histoire de l’Union monétaire Européenne : Il est en effet impropre de parler aujourd’hui d’une crise grecque car les ennuis de ce petit pays ont achevé de révéler la profonde crise structurelle Européenne. Fins observateurs, les Chinois ont ainsi pointé du doigt le "sommet de l’iceberg" par la voix du vice gouverneur de leur banque centrale, Zhu Min, qui a mis en garde l’Europe contre son étroite dépendance au « setiment des marchés » dans le financement de sa dette.
En réalité, les déficits et l’indiscipline fiscale grecque (ou espagnole ou portugaise) ne sont qu’un symptôme d’un mal bien plus profond et qui ne sera solutionné qu’à la faveur du retour d’une croissance saine dans des nations où les coûts de productivité ont grimpé en flèche ces dernières années. Les soucis de cette Europe périphérique étant essentiellement corrélés à son manque de compétitivité - qui se traduit immanquablement en immenses déficits - et de son incapacité à opérer des relances par l’exportation (du fait du niveau trop élevé de l’Euro), l’intervention du F.M.I. n’agira qu’à la manière d’un anesthésiant car il ne sert à rien de résorber temporairement des déficits qui seront condamnés à s’aggraver à nouveau du fait de ces failles structurelles dans la cuirasse de ces pays...
Après tout, il est bien possible que l’Union Européenne soit condamnée ces prochaines années à ne plus être qu’une "union de transfert", selon l’expression du chef économiste de la Commerzbank à Francfort, où les pays compétitifs en seront réduits à secourir les maillons faibles ? Dans cette hypothèse de plus en plus crédible, pourquoi la Grèce (et d’autres pays assistés après elle) ne se rebellerait-elle pas à un moment donné contre les conditions draconiennes imposées par ses généreux donateurs ... et qui empêcherait l’Allemagne de quitter l’Union sous la pression d’une population excédée à juste titre de jouer les pompiers de l’Europe ?
On le constate, la naguère sacro saint "convergence Européenne" n’est plus qu’un fantasme et les garanties prodiguées vendredi dernier par Herman Van Rompuy selon lesquelles le Portugal ne serait pas le prochain pays à demander l’assistance du F.M.I. laissent songeurs. Car si ce n’est pas le Portugal, ce sera fatalement un autre pays Européen...
En fait, les autorités centrales Européennes appliqueraient sciemment des subsides selon des termes moins intéressants afin d’éviter que le sauvetage de la Grèce à des tarifs avantageux ne soit immédiatement suivi d’appels au secours de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande puis de la Slovaquie ou de la Slovénie... Jean-Claude Trichet n’avait-il pas déclaré - un peu rapidement en début de semaine dernière avant d’être contredit par les faits - que toute aide à la Grèce se devait d’être procurée sans conditions de faveur ni "concessions" ? L’intervention aujourd’hui acquise et institutionnalisée du F.M.I. au sein même de l’Union Européenne laisse ainsi un goût amer car ce n’est à l’évidence pas ses ressources techniques ni son expertise indiscutable qui sont sollicitées tout comme ce n’est pas des prêts à hauteur de 25 milliards d’Euros (selon les chiffres annoncés par l’Union) qu’il sera nécessaire d’injecter dans ce pays afin de ramener ses déficits sous la barre de 3% de son P.I.B. mais plutôt de 75 milliards (selon des calculs effectués par l’Economist magazine) !
Emblématique des problématiques aigües de l’endettement souverain des grandes nations, l’épisode grec marque un tournant majeur dans la courte histoire de l’Union monétaire Européenne : Il est en effet impropre de parler aujourd’hui d’une crise grecque car les ennuis de ce petit pays ont achevé de révéler la profonde crise structurelle Européenne. Fins observateurs, les Chinois ont ainsi pointé du doigt le "sommet de l’iceberg" par la voix du vice gouverneur de leur banque centrale, Zhu Min, qui a mis en garde l’Europe contre son étroite dépendance au « setiment des marchés » dans le financement de sa dette.
En réalité, les déficits et l’indiscipline fiscale grecque (ou espagnole ou portugaise) ne sont qu’un symptôme d’un mal bien plus profond et qui ne sera solutionné qu’à la faveur du retour d’une croissance saine dans des nations où les coûts de productivité ont grimpé en flèche ces dernières années. Les soucis de cette Europe périphérique étant essentiellement corrélés à son manque de compétitivité - qui se traduit immanquablement en immenses déficits - et de son incapacité à opérer des relances par l’exportation (du fait du niveau trop élevé de l’Euro), l’intervention du F.M.I. n’agira qu’à la manière d’un anesthésiant car il ne sert à rien de résorber temporairement des déficits qui seront condamnés à s’aggraver à nouveau du fait de ces failles structurelles dans la cuirasse de ces pays...
Après tout, il est bien possible que l’Union Européenne soit condamnée ces prochaines années à ne plus être qu’une "union de transfert", selon l’expression du chef économiste de la Commerzbank à Francfort, où les pays compétitifs en seront réduits à secourir les maillons faibles ? Dans cette hypothèse de plus en plus crédible, pourquoi la Grèce (et d’autres pays assistés après elle) ne se rebellerait-elle pas à un moment donné contre les conditions draconiennes imposées par ses généreux donateurs ... et qui empêcherait l’Allemagne de quitter l’Union sous la pression d’une population excédée à juste titre de jouer les pompiers de l’Europe ?
On le constate, la naguère sacro saint "convergence Européenne" n’est plus qu’un fantasme et les garanties prodiguées vendredi dernier par Herman Van Rompuy selon lesquelles le Portugal ne serait pas le prochain pays à demander l’assistance du F.M.I. laissent songeurs. Car si ce n’est pas le Portugal, ce sera fatalement un autre pays Européen...