L’inexorable montée des inégalités

par Laurent Herblay
samedi 14 septembre 2013

Quand il y a de la croissance, les inégalités augmentent : l’essentiel va à une infime minorité (les 93% de croissance des revenus qui vont à 1% de la population en 2010 aux Etats-Unis). Mais quand c’est la crise, les inégalités augmentent également, comme le montre cette nouvelle enquête.

L’appauvrissement du pays
 
Cette nouvelle enquête de l’INSEE démontre encore une fois la faillite du système économique actuel. Elle rappelle, de manière utile que le revenu médian des français (qui sépare les 50% qui gagnent le plus des 50% qui gagnent le moins) était seulement de 1630 euros par mois en 2011. Les 10% qui gagnent le moins disposent de moins de 900 euros par mois, les 10% les plus riches gagnent un peu plus de 3200 euros par mois. Des chiffres utiles à rappeler à une élite qui pense être beaucoup plus proche que la moyenne du fait de l’envolée des très hauts salaires, soulignée par Emmanuel Todd. Pire, il faut noter que les revenus des plus riches ont nettement progressé en 2011.
 
Aujourd’hui, 8,7 millions des Français vivent sous le seuil de pauvreté, 14,3% de la population, contre 14% en 2010. Pire, depuis 2008, notre pays compte pas moins de 900 000 pauvres de plus. Il faut noter que la pauvreté progresse fortement pour les chômeurs (38,9% contre 35,8%) et les jeunes de moins de 30 ans (19,4% contre 17,7%). De manière totalement hallucinante, la ministre déléguée en charge de la lutte contre l’exclusion a déclaré que ces chiffres « confortent le gouvernement dans ses choix  », comme si ses choix allaient réduire d’une quelconque manière la propagation du fléau.
 
Un agenda anti-social
 

Il n’est pas inintéressant de mettre en parallèle la tribune de Jean Peyrelevade dans les Echos. Utilisant la rhétorique classique du besoin de compétitivité, et faisant comme si le pouvoir d’achat des ménages avait monté (alors que Jacques Sapir a bien montré qu’il baisse depuis 2005 environ), il propose de réduire le coût unitaire du travail de 1% tous les ans pour « modérer la progression salariale  ». Pour faciliter la chose, il propose d’augmenter progressivement le temps de travail et de « revenir progressivement sur les 35 heures » en clair « travailler plus pour une rémunération inchangée  ».

 
Il ajoute à sa potion amère un allongement de la durée de cotisation pour les retraites ainsi qu’une réduction des dépenses de l’Etat. Bref, il propose une recette qui ressemble fortement à la mauvaise potion qu’ont avalé la Grèce et l’Espagne et qui a abouti aux résultats désastreux que l’on connaît. On peut au moins reconnaître à Jean Peyrelevade de dire ce qu’il pense et de ne pas trop camoufler derrière l’agenda de compétitivité sa volonté de baisser les salaires. E t on se demande bien comment la France pourrait se redresser avec une baisse simultanée de la demande publique et privée…
 
Ce système économique produit une explosion des inégalités avec des pauvres toujours plus pauvres et des riches toujours plus riches. Mais les mauvais docteurs néolibéraux affirment qu’il faut encore saigner les plus pauvres pour que nous allions mieux. A croire qu’ils veulent une révolution.

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