L’iniquité entre univers financier et univers productif

par Tzecoatl
mercredi 2 août 2006

Las des critiques du système financier, l’auteur se penche sur les (dys)fonctionnements entre univers financier et univers productif. A la charnière, se trouve le système bancaire, dont la lecture des règles permettent de voir rapidement que les dés sont pipés.

De la création monétaire aujourd’hui

Les critiques formulées contre les marchés financiers aujourd’hui sont nombreuses. Même si elles émanent d’une certaine frange politique et ne laissent pas insensibles le citoyen, on est rapidement frustré des seuls chiffre cités : 97% de la masse monétaire est entre les mains des financiers, 3% est dans la production, etc.

Comment la bipolarité du capitalisme s’exacerbe-t-elle à ce point ? Pour cela, il faut se plonger dans les arcanes du fonctionnement des banques.

Les banques ont le monopole de création-destruction de monnaie scripturale, suite à l’article 104 des accords de Maastricht. Comment cela se passe-t-il ?

Lorsque vous allez à la banque demander un emprunt, ne croyez pas qu’il est indispensable que la banque ait la somme requise dans ses coffre-forts afin de satisfaire votre besoin. Elle n’ira pas non plus piocher dans les épargnes bloquées des autres déposants, elle créera ex-nihilo le capital de l’emprunt. Les banques commerciales sont tenues de limiter cette création à hauteur de 90% des dépôts à vue, mais grâce à l’effet multiplicateur de crédit (2), le système bancaire peut offrir jusqu’à 6,5 fois en capital le montant des dépôts à vue. Lorsque vous rembourserez les mensualités, il détruira le capital engagé, mais vous réclamera en sus l’intérêt, et c’est là que ça se gâte.

Par ailleurs, l’intérêt demandé par le système bancaire n’est plus de 4% (taux actuel) mais peut monter jusqu’à 26% par rapport au montant des dépôts à vue, grâce toujours à l’effet multiplicateur de crédit, somme qu’elle ne possède pas.

On constate donc que le système bancaire réclame 4% de monnaie par an en plus qu’il n’a créé. Mais au bout de 10 ans, c’est 50% de plus d’argent réclamé qu’il n’en a créé. Je vous épargnerai les chiffres des emprunts immobiliers actuellement à 30 ans en France, ou les OAT d’état d’échéance 50 ans. Le système bancaire provoque donc un effet de rareté durable sur la monnaie.

Si l’on somme l’endettement des entreprises, des états et des particuliers, ramenés à chaque citoyen, il est de 165% par français, de 295% par américain, cet endettement ne pouvant mécaniquement que croître.

Comment le système productif, les états et les particuliers réussissent-ils à surnager dans ce diktat monétaire ?

On peut déduire de cet état de fait, que nous avons devant les yeux un mécanisme prépondérant de la machine à exclure et à concentration de richesse.

Margritt Kennedy, économiste allemande, a calculé que le coût de l’intérêt rentre à hauteur de 45% du prix final du produit hors taxe, sur un panel de 25 millions de consommateurs allemands, c’est dire.

Dès lors, on comprend très bien que le système de production-consommation soit soumis à une ponction financière récurrente asséchant inéluctablement ses poches, et allant alimenter l’accumulation de capital à des fins spéculatives, essentiellement parce que les transactions financières ne sont pas taxées, contrairement aux processus de production.

L’adage populaire suivant, qui stipule que "l’argent travaille" est foncièrement erroné. Ce n’est que le labeur qui puisse permettre de rémunérer le capital.
Il est tout à fait cohérent qu’un individu possédant un bien ou du capital puisse léguer la jouissance de ce bien ou de ce capital à autrui afin de toucher un dividende, car pendant ce temps, il s’interdit lui-même de faire fructifier directement cet avoir. Or, comment ne pas dénoncer ce privilège détenu par les banques, qui ne possèdent effectivement pas ce bien, mais qui peuvent toucher des intérêts énormes par effet de levier sur une coquille vide qu’est la création monétaire ex-nihilo ?

C’est très clairement un abus de pouvoir qui explique l’esclavage moderne, obligeant les individus, les entreprises et les états à s’entre-déchirer afin de préserver leur solvabilité. Par ailleurs, alors que le système productif est capable de surproduction, les règles régissant la création de monnaie, toujours plus rare, ne permettent pas de mettre la monnaie suffisante en face de chaque produit. Cette inadéquation produit/monnaie est le vecteur essentiel du chômage.

Voyons maintenant la situation de l’état français.

L’endettement français (hors retraites des fonctionnaires à venir à hauteur de 1200 milliards d’euros annoncés par Thierry Breton) est actuellement également de l’ordre de 1200 milliards d’euros. L’accumulation du paiement des intérêts depuis 1980 explique ce déficit à hauteur de 600 milliards d’euros.

Par ailleurs, la monnaie, telle que nous la connaissons aujourd’hui, est un bien public car l’euro est une monnaie (inter-)régalienne. Or l’abus de pouvoir des banques est de se permettre de créer ex-nihilo de la monnaie, afin de toucher les intérêts versés par les états. C’est ce que l’on peut appeler un impôt privé ou dîme bancaire pour reprendre les termes d’Henry Durrenbach (3), à hauteur de 45 milliards d’euros par an.

Très clairement aujourd’hui, les états plâtrent les tares de cette règle bancaire illogique mathématiquement, puisque leur crédibilité leur permet de s’endetter
massivement, les même banques leur accordant toute leur confiance.

En aparté, ne croyez pas que nos hommes politiques vantent les mérites de la croissance gratuitement. La croissance (ou création de valeur) est indispensable pour subvenir à la soif en devises que nous impose le système bancaire.

Cependant, ce petit jeu ne devrait tenir plus très longtemps, des considérations sociales (vieillissement de la population, donc retraites) vont rapidement venir mettre à genoux ces états qui ont abusé de la planche à billets, qui se sont discrédités, et qui ont abandonné leurs prérogatives de création monétaire au profit du secteur privé.

(1) : http://mjp.univ-perp.fr/europe/1992tuep3.htm
(2) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_multiplicateur_du_cr%C3%A9dit
(3) : http://french.epochtimes.com/news/6-5-30/4336.html

Pour aller plus loin (l’auteur de cet article n’est lié à aucun de ces organismes ou sites) :
http://assoc.orange.fr/aded/
http://www.societal.org/
http://reomaohi.free.fr/ecofinance/unotregarsurleco.htm


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