L’or des peuples et l’âne sur la paille...

par lephénix
lundi 2 février 2015

Le dernier livre du journaliste Pierre Jovanovic invite, sur un mode pressant à réaliser l’effondrement d’une « Tour de Babel » monétaire fondée sur l’Avoir et le Pillage…

Peut-on expliquer l’effondrement financier à venir par l’eschatologie chrétienne (plus particulièrement par l’Apocalypse selon saint Jean et « l’excédent de 666 talents d’or » du roi Salomon) et transposer la parabole du bon et du mauvais grain aux OGM et au système monétaire ?

C’est le pari que tente Pierre Jovanovic, journaliste spécialiste des questions économiques et monétaires, dans son nouvel opus, sous-titré « du vol organisé de l’or des Français et de la destruction des Nations par le dollar grâce aux gouvernements et médias à ses ordres ». Le livre s’ouvre par une longue citation d’Ayn Rand (1905-1982), la « papesse des économistes américains », sur le papier-monnaie – juste le « prêt d’une richesse qui n’existe pas, garanti par un fusil pointé sur ceux qui sont censés la produire »…

Nos aïeux ont pu « vivre » en première ligne les effets pervers de la première planche à billets de l’aventurier franco-écossais John Law (1671-1729) sous Louis XV (une escroquerie qui a inspiré le Faust de Goethe), des assignats de la Révolution et les émissions du Directoire – la mémoire collective s’en est perdue…

Mais quelle est cette « Bête à 7 têtes » qui veut « voler l’or de la France » ? Pierre Jovanovic, auteur d’une Revue de Presse internationale fort consultée, entraîne ses lecteurs dans les convulsions de l’Histoire – surtout celle qu’on ne trouve pas dans les manuels – et nous rappelle que l’on ne laisse pas les enfants en mal d’histoires jouer avec les allumettes : alors pourquoi laisser les hommes en manque de grand récit collectif et les présumés adultes en panne de sens jouer avec la monnaie ?

1913 : la « première grande escroquerie » ?

Au commencement de cette histoire fort documentée, « l’ensemble des échanges commerciaux se payaient par lettres de crédit basés sur l’or, validées par des banques bien connues ». La « dette » des gouvernements est alors « quasi inexistante ». Que s’est-il passé depuis ?

« Tout allait bien jusqu’en 1913, date de la fondation de la Federal Reserve, autrement dit de la Bête à 7 têtes (…) Si auparavant tout billet dollar était échangeable contre de l’or ou de l’argent (soit une couverture métal de 100%), l’année 1913 vit la mise en place de la première grande escroquerie (…) via cette nouvelle Federal « Reserve » : les banquiers décidèrent que les « réserves » d’or ne couvriront plus que 40% de la valeur de tous les billets émis ! Cette grande escroquerie a été imaginée et lancée en profitant du fait que tous les journaux étaient remplis à 100% d’articles sur les tensions militaires internationales montantes. D’un trait de plume, les banquiers avaient volé 60% des réserves d’or des Américains !  ».

L’ancien journaliste du Matin de Paris invite à prendre la mesure de « l’effet meurtrier et pervers d’une planche à billets » et à considérer ce qui n’apparaît pas encore pour une évidence : « lorsque le travail n’est pas compensé par l’or (ou bétail, ou blé) mais par le vide, le rien, le néant d’un bout de papier, il se transforme naturellement en haine qui amène la destruction  » - la preuve par la Grande Guerre qui a suivi et toutes les autres : « La démonétisation de la monnaie est la clé de ce qui va se passer dans les mois ou années à venir  »…

En 1935, les stocks d’or français approchent les 4000 tonnes.

En 1940, Lucien Lamoureux (1888-1970), le très inspiré ministre des Finances de Paul Reyaud (1878-1966), soustrait l’or de la France à la convoitise de la « Bête à 7 têtes » (le dollar dont les billets représentent les têtes de sept présidents américains) - alors que le président Roosevelt (1882-1945) avait demandé à ce qu’il soit envoyé aux Etats-Unis…

Depuis les accords de Bretton Woods (1944), le dollar est consacré « devise de référence internationale » - il pouvait être échangé, sur demande, contre de l’or « à raison » de 35 dollars l’once.

En 1968, la Fed «  décida purement et simplement de supprimer son obligation de couvrir la valeur de sa masse de dollars papier émise par des lingots d’or  »… Et c’est le début de la fin d’un système avalisé par Richard Nixon (1913-1994) le 15 août 1971… « Un système financier est censé rassembler les hommes en leur permettant d’échanger des biens sur une base commune. Pas les diviser. Il est l’huile avec laquelle les rouages du commerce tournent (…) Les fameuses « Trente glorieuses » sont avant tout celles du standard or indirect de Bretton Woods qui ont reposé sur une once stable à 35 dollars. Le chômage n’a commencé qu’après la sortie de la couverture or des Etats-Unis  »…

 

Quand « l’or du peuple » est bradé « en catimini »…

L’ancien journaliste économique pointe le bilan d’un ancien occupant de l’Elysée … lors de son bref et funeste passage à Bercy voilà une décennie : « Nicolas Sarkozy a été nommé à la tête du ministère des Finances en 2004 et sa première décision fut de vendre 600 tonnes de l’or de la France, alors que rien, mais alors vraiment rien, ne l’exigeait. Pas de guerre, ni de nécessité monétaire et encore moins de crise budgétaire massive ou de crise financière internationale. Pire (pour les Français), il l’a vendu alors que le cours de l’or était au plus bas ( !!!) C’était dans les intérêts des Etats-Unis. Le dollar américain avait gravement besoin d’un soutien. On pourrait remarquer que les Américains, de leur côté, n’ont pas venu un seul gramme de leur or selon les statistiques officielles. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ! ». L’or français est corvéable à merci dès qu’il s’agit de venir à la défense du dollar papier américain ; mais l’or américain, lui, non ! Il s’agit là d’un crime de haute trahison contre les Français. Cela vous explique aussi la disparition de la Constitution, en 2007, de la mention de « haute trahison » qui pourrait se retourner contre ces politiciens  ». (…) La dissolution-destruction de l’ultime richesse garantissant la souveraineté d’un pays représente sa mise en esclavage immédiate au profit de la Fed (…) Lorsqu’un politique décide de vendre « en catimini » l’or du peuple, cela relève de la haute trahison, car par là même il vend la richesse de son pays à une puissance étrangère.  ».

De quoi désespérer le général de Gaulle et La Fontaine : voilà les enfants du laboureur condamnés à remuer leur champ jusqu’à la fin des temps, sans pouvoir y exhumer le fantôme de l’éclat d’un trésor – ni y entrevoir l’ombre d’une rédemption : le travail n’assure plus la survie de l’honnête ou du vertueux…

Les nations ayant perdu de vue les bienfaits de la vertu monétaire, les fils prodigues d’une Terre jadis si généreuse de ses bienfaits ont épuisé leur héritage et leur crédit… Tous sur la paille, comme les ânes qui la préfèrent à l’or ?

Tout, dans l’histoire des hommes, tournerait-il de façon plus ou moins avouée autour du souverain or, point fixe perdu de vue d’un système désormais en perdition irrémédiable ? Moins de richesse, plus de papier ou de pixels ? Imagine-t-on Danaé désaltérée sous une pluie de confettis ou de pixels ?

La caractéristique d’une monnaie fiduciaire ne serait-elle que de détruire des modes de vie fondés sur l’ordre naturel des choses au seul « bénéfice » ( ?) d’un ingouvernable fétiche en toc ? Alors voilà l’espèce fort dépourvue, au seuil de l’ère glaciaire annoncée... Et voilà un livre qui certes ne lui tiendra pas chaud, en dépit de sa densité qui fait palper tout à la fois un panorama et tinter un horizon glaçant… Mais le tintement de l’or perdu (volé) des peuples n’a pas le soyeux du froissement d’une couverture or… Pour autant, le livre de Pierre Jovanovic fendra-t-il la mer de glace qui a saisi l’intelligence collective, fendra-t-il cette obtuse passion de l’ignorance qui empêche de faire société ?

Pierre Jovanovic, 666, Le Jardin des Livres, 380 p., 23 €


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