L’orchestre jouait une valse...

par olivier cabanel
vendredi 28 octobre 2011

…Et le Titanic s’enfonçait doucement dans les eaux. C’est cette parabole de l’insubmersible monde du fric et de la logique libérale qui est en train de nous être jouée : ce Titanic Européen s’enfonçe inexorablement dans les eaux sombres d’un improbable océan.

En effet, alors que tout est manifestement perdu, en tout cas pour un grand nombre de pays Européens, l’orchestre des gouvernements, des traders, et des « experts » es économie continuent de nous jouer « songe d’automne  », cette valse d’Harold Bride que l’orchestre du Titanic jouait au moment du naufrage, contrairement à une légende têtue qui évoquait « plus près de toi mon Dieu ». lien

Pour Philippe Simonnot, docteur es sciences économiques et aussi journaliste : « l’euro est condamné, une dévaluation souhaitable et l’étatisme un danger  » et pour l’économiste Jacques Sapir « la dette de la Grèce est aujourd’hui absolument impossible à rembourser (…) elle devra quitter la zone euro, retrouver sa monnaie et la dévaluer de 40 à 50% par rapport à l’euro (…) on sait que gouverner c’est prévoir ; la classe politique française en se refusant à prévoir l’hypothèse d’une crise de la zone euro, a ainsi perdu le droit de gouverner  ». lien

Et pourtant, dès 2007, la « visionnaire » Lagarde, alors ministre du Budget, annonçait sans hésiter « la crise est derrière nous », (lien) et depuis, plus l’évidence se fait jour, plus ils continuent tous de nier.

La France menacée, risque d’en subir le fatal contrecoup, car elle a beaucoup d’argent placé en Grèce, les banques françaises détenant 56 milliards de créances publiques et privées et si la Grèce coule, elle entrainera la France. lien

D’ailleurs l’agence Moody’s en a pris conscience puisqu’elle vient de baisser la note des banques : la Société Générale est passé de Aa2 à Aa3, le Crédit Agricole de Aa1 à Aa2. lien

Après la Grèce, l’Espagne, voici venu le tour de l’Italie, et notre « diplomate » président n’a rien trouvé de plus original que de vilipender son voisin italien, lequel a pris fatalement la chose assez mal. lien

Pourtant la France n’est pas bien placée pour donner des leçons, étant sur le point de perdre son triple A. lien

Mais chaque année, on nous annonce que l’euro est sauvé : en 2008 c’était après la chute de Lehmann Brother. lien

En 2009, rien n’a changé. lien

En mars 2010, le conseil européen remettait ça : « l’accord que nous avons trouvé en Europe sur un mécanisme de soutien en cas de crise est un succès des états de la zone euro ». lien

A l’issue de la réunion européenne qui s’est tenue dans la nuit du 26 au 27 octobre 2011 à Bruxelles, Christine Lagarde affirme une fois de plus que l’Euro est sauvé (lien) mais à quel prix si l’économie européenne tombe dans l’escarcelle chinoise, car, dans ce domaine, les cadeaux sont rarement désintéressés. lien

Jamais à l’abri d’une outrance, lors de son interview du 27 octobre, Sarközi jouant le catastrophisme, a rappelé que c’est en 1981 que la Grèce avait adhéré a l’Union Européenne, faisant porter à tort la responsabilité de cette adhésion aux socialistes, oubliant que c’est en 1961, sous Charles de Gaulle, que cette entrée hellénique avait été mise en place, sous conditions.

D’ailleurs en 1981, l’Europe avait menacé en vain la Grèce de sanctions, pour violation ou manquement de respect communautaire. lien

Les banques viennent donc d’annuler la moitié la dette grecque, mais l’Allemagne a fait savoir qu’elle n’irait pas au-delà des 211 milliards déjà fixés lors des précédents sommets. lien 

Alors tout est fait pour nous préparer à des saignées douloureuses, les banquiers et les patrons continuant de se remplir les poches, s’octroyant des rémunérations scandaleuses, ignorant la crise.

C’est Christine Lejoux, qui dans un article paru dans « La Tribune » en fait l’implacable constat.

Sur ce tableau comparatif, on peut constater l’augmentation régulière des rémunérations des dirigeants des grandes banques européennes.

Alors qu’elles ont progressé de 12,5% en 2010, le secteur bancaire à perdu 11,5% de sa valeur en bourse et depuis janvier 2011 les valeurs bancaires européennes ont chuté de 30% creusant encore plus l’écart. lien

Mais Nicolas Sarközi pointe d’autres responsabilités en déclarant en février 2009 : «  je suis plus choqué par le système de rémunération de ceux qu’on appelle les traders que par celui des présidents de banque  ». lien

Pour les traders, il ne faut pas se faire de soucis. lien

c'est pour les ouvriers qu'il faut s'inquiéter : au moment ou les résultats cumulés des sociétés du CAC 40 ont progressé au premier semestre de 11%, (lien) les entreprises qui ont engrangé des bénéfices n’hésitent pas à licencier, tel PSA qui vient d’annoncer une purge drastique et va se séparer de 6000 à 9000 employés, afin de financer ses usines en Chine au Brésil, et aux Indes.

Christian Streiff, président de PSA Peugeot Citroën a en effet annoncé dans les colonnes de « La Tribune » le 10 septembre 2011 « les effectifs doivent continuer à baisser dans les 3 ans à venir (…) sur un rythme de 2000 à 3000 suppressions de postes par an ». lien

Ce qui n’a pas empêché les grands patrons français de se partager au mois d’aout dernier près de 2 milliards d’euros.

De Bernard Arnault (LVMH-Dior) qui a vu ses dividendes bondir de 27% en 2010, à Hermès, avec ses 43% de transferts aux actionnaires, en passant justement par Peugeot qui vient de dégager 1,1 milliards d’euros de bénéfices, les grands patrons n'ont pas de soucis de fin de mois. lien

Du coté du gouvernement, jusqu’à preuve du contraire, il n’est venu l’idée à personne de réduire le salaire des grands élus, mesure qui ferait rentrer des milliards dans les caisses.

En effet, en divisant par 2 le salaire des ministres, députés, sénateurs, sans oublier celui de l’autocrate présidentiel, on pourrait économiser par an 42 milliards d’euros. lien

Mais la crise ne frappe pas tout le monde de la même manière, et d’après la banque « Crédit Suisse  », la France compte 2 606 millions de millionnaires en dollars. lien

Si au lieu de privilégier ces millionnaires, comme ça été le cas avec l’application du bouclier fiscal, (lien), représentant 700 millions annuels et si l’ISF était maintenue,  5 milliards d’euros annuels rentreraient dans les caisses. lien

Mais au sommet de l’état, on fait comprendre au « petit peuple » qu’il doit passer à la casserole…les caisses sont vides, et il préfère faire payer un peu au plus grand nombre que beaucoup à quelques privilégiés.

D’où la taxe récente sur les sodas, entre autres, car si en France l’impôt sur le revenu manque d’efficacité, les impôts indirects, et autres taxes, sont payés par tous, même par les plus démunis, ce qui prépare probablement une prochaine augmentation de la TVA. lien

Mais les caisses ne sont pas vides pour tout le monde, car François Fillon qui a déclaré l’état en faillite, (lien) n’hésite pas à prendre l’avion pour rentrer chez lui, toutes les semaines, à 255 km de Paris, ce qui coute au français lambda 27 000 euros à chaque voyage, soit 1 512 000 euros annuels. lien

Pas vides non plus pour son patron présidentiel qui ne s’applique pas les règles qu’il impose aux autres. lien

Celui-ci à d’autres solutions pour inciter les français à la générosité : la sécurité sociale serait dans un trou, on ne peut plus rembourser aussi bien qu’avant, et il faudrait bien trouver une solution « citoyenne ».

Sauf que la réalité est tout autre.

La sécurité sociale est riche, mais l’argent qui lui est destiné n’arrive pas dans la bonne poche : c’est un rapport de la Cour des Comptes qui le dénonce.

Les taxes perçues sur le tabac, l’alcool, les industries polluantes, les retards de paiement, etc. détournées de leur destination, représentent un manque à gagner de plus de 20 milliards d’euros. lien

Pourtant les députés font une autre analyse de la situation et continuent d’évoquer un déficit de 13,9 milliards d’euros. lien

Ce sera donc l’occasion de faire payer les citoyens, sans pour autant offrir des soins de qualité à tous.

Au niveau européen, ce n’est pas mieux : que les députés soient présents ou pas, ils perçoivent 7339 euros par mois, et viennent discrètement encaisser leur salaire, avant de repartir aussi vite qu’ils sont venus.

Un journaliste accrédité s'est fait proprement vider pour avoir voulu enquêter sur la question. vidéo

Cerise sur le gâteau, ces élus se sont octroyés en mars 2011 une augmentation exceptionnelle de 3000 € destinée à leurs collaborateurs, soit un joli cadeau de 13,5 millions d’euros. lien

Au passage, on peut aussi évoquer les retraites des ex-élus français, qui comme Jacques Chirac reçoivent encore 31 000 euros mensuels (lien) et les 15 000 hauts fonctionnaires privilégiés pour qui l’argent tombe sans compter, leurs salaires variant entre 6000 et 45 000 euros mensuels. lien

Nos députés et sénateurs ne sont pas en reste : ils pratiquent régulièrement l’absentéisme, malgré les sanctions manifestement peu dissuasives. lien

Et puis, au cas où ils perdraient leur poste, ils reçoivent depuis 2007, 5400 € brut pendant 5 ans, au lieu des 6 mois appliqués auparavant. lien

Ils justifient leur absence pour cause de cumul de mandats, alors que celui-ci est dénoncé depuis des lustres à gauche comme à droite.

Nicolas Sarközi y réfléchit, et songe… depuis 5 ans à une interdiction de ces cumuls. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « L’homme blanc à une montre, mais il n’a jamais le temps ».

Merci à Corinne Py pour son aide précieuse.

L’image illustrant l’article provient de « renovezmaintenant67.eu »

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