La chienlit Bitcoin bouge encore
par Laurent Herblay
mercredi 4 mars 2015
Le plus effarant avec le développement du Bitcoin, c’est de constater à quel point le temps démontre qu’il s’agit d’une monstruosité, facilitant le financement du crime, le développement de bulles inconsidérées ou des arnaques. Mais pourtant, tout le monde ou presque démissionne et laisse faire…
De nouveaux cadavres dans le placard
Il faut reconnaître que The Economist, même s’il soutient mordicus Bitcoin, n’omet pas d’en souligner les nombreux vices, belle conception du débat d’idées, même si le journal des élites globalisées est d’un dogmatisme assez effarant. Après avoir déjà consacré plusieurs papiers sur le sujet, et notamment la folle bulle de sa valeur, dans un papier de janvier, il souligne la montée des ransons numériques, où des brigands de l’ère moderne prennent contrôle de l’ordinateur d’un individu ou d’une société et exigent une rançon pour relâcher les données. Il souligne que « l’émergence du bitcoin, une crypto-monnaie digitale qui peut être utilisée de manière anonyme, en est une grande raison ».
Dans un autre papier du même numéro, il souligne qu’« en 2014, il a pedu plus de la moitié de sa valeur par rapport au dollar, faisant même pire que le rouble russe et l’hryvnia ukrainienne ». Dans un toirisème papier, qui chante les louanges de « la magie de miner », The Economist soutient qu’ils « ont trois qualités utiles pour une monnaie : ils sont difficiles à gagner, limités en quantité et faciles à vérifier ». Sauf qu’il rapporte aussi la disparition de 19 000 Bitcoins (environ 6 millions de dollars) sur la plateforme d’échange Bitstamp… Puis, il note qu’en outre, cette pseudo-monnaie n’est pas très environnementale, en ce qu’elle nécessite beaucoup d’énergie pour mettre en œuvre les transactions.
L’anarchie monétaire
De plus, il faut bien reconnaître que les fluctuations délirantes de la valeur du Bitcoin devraient en refroidir plus d’un. Après un premier krach, qui l’avait vu perdre plus de 50% de sa valeur en quelques semaines en 2013, passant de plus de 200 dollars à moins de 100, le cours du Bitcoin s’est envolé à plus de 1000 dollars fin 2013, avant de s’effondrer à nouveau autour de 300 dollars en ce début d’année, malgré une forte progression des volumes échangés, qui ont triplé en trois ans. Bref, entre financement du crime, bulles inconsidérées sur sa valeur et arnaques en tout genre, il est effarant de continuer à promouvoir l’anomalie qu’est cette pseudo-monnaie qui ne repose sur absolument rien.
En effet, même si les partisans du Bitcoin expliquent qu’il repose sur de la capacité de calcul informatique, les Bitcoins ne reposent pas sur un Etat ou sur une véritable valeur que possèderait son émetteur. En fait, celui qui l’a créé a surtout créé une habile fabrique de billets, qu’il a intelligemment habillé sous la forme d’un service digital pour convaincre ses utilisateurs, les criminels n’ayant pas besoin d’arguments pour se laisser tenter par les avantages de ces billets de Monopoly qui ont une valeur, aussi fluctuante soit-elle. Ce faisant, les Bitcoins sont un immense retour vers le passé et les systèmes de banque libre, où la monnaie ne venait pas d’un Etat mais dépendait directement d’un acteur privé.
Il est à espérer que les innombrables scandales permettent une prise de conscience, alors que quelques entreprises commencent à vouloir les accepter. Un jour, on se rendra compte qu’il s’agit d’une arnaque. Dommage pour les gogos qui y auront succombé. Ils auront été prévenus.