La compagnie d’aviation Camair est remplacée par la Cameroon Airlines Corporation

par Antoine Christian LABEL NGONGO
jeudi 14 septembre 2006

Cameroon Air Lines vivait depuis de nombreuses années sous perfusion, le chef de l’Etat camerounais Paul Biya vient de changer d’axe, en abandonnant le monopole que l’Etat exerçait sur cette compagnie. Il a décidé de créer une nouvelle compagnie en privatisant la Camair.

Le 11 septembre 2006, la compagnie d’aviation de transport « Cameroon Airlines Corporation » est créée par décret du président de la République du Cameroun Paul Biya.

La compagnie camerounaise, depuis de nombreuses années, connaît des hauts et des bas, qui ne donnent pas une belle image de ce qu’est véritablement le Cameroun. La Camair, dont le capital est détenu à 96,4% par l’Etat camerounais, souffrait de graves difficultés financières qui se manifestaient notamment par des retards de paiement, aussi bien du personnel que des créanciers, et d’importants problèmes d’exploitation. Elle a en outre, sans cesse, été confrontée à de graves et sérieuses difficultés financières. La Camair a connu des déboires divers : retrait de ses appareils, interdiction de survol de certains pays européens ; sans compter les incidents arrivés aux passagers dans divers aéroports nationaux ou internationaux, les vols reportés ou tout simplement annulés. La gestion catastrophique de la compagnie d’aviation a failli mettre la Camair dans le même état que la compagnie Air Afrique a connu : une disparition totale. La remise à flot des avions de la Camair nécessitait l’apport de fonds, le remboursement des créanciers de tous bords. Plusieurs milliards de francs CFA, soit quelques milliards d’euros, ont pu être trouvés. Les échanges et évaluations diverses entre les autorités camerounaises et les organes financiers mondiaux principaux ont été fructueux.

Les organismes financiers internationaux : le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont effectué un audit sur la gestion économique et financière du Cameroun. Ces actions, qui remontent à 2005, apportent des informations aux organismes financiers internationaux, pourvoyeurs de fonds. La nouvelle compagnie Camair CO sera privatisée. A la différence de la Camair standard, qui était détenue en majorité par l’Etat camerounais, les données vont être inversées. Le Cameroun a reçu des recommandations, il va s’attacher à respecter les engagements figurant dans le programme qui lui a été dédié. Un programme de réformes est proposé au niveau du pays et se décline en deux priorités : l’assainissement du passif de la Camair, qui se chiffre à quelque 90 milliards FCFA, 137 204 115 euros ; et de l’autre, la recapitalisation de l’entreprise. L’assainissement est lié à une série d’exigences, la reprise par l’Etat camerounais des dettes de la compagnie vis-à-vis des Aéroports de Paris (ADP), de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne camerounaise (Asecna), de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS : organisme camerounais de prestations sociales) et des Aéroports du Cameroun (ADC). Les dettes de la nouvelle compagnie, Cameroon Airlines Corporatio seraient ainsi réduites de près de 50 milliards de FCFA, soit 76 224 509 euros.

La privatisation de la compagnie doit se mettre en place, 51% du capital de la Camair Co seront cédés à un opérateur stratégique. L’adjudicataire provisoire désigné au mois de juin, First Delta Air Services, souhaite finaliser la transaction avec le gouvernement. L’offre du groupe financier First Delta Air Services Cenainvest sera étudiée et examinée par rapport aux ambitions de l’Etat camerounais. Naturellement, le Cameroun se donne l’option de désigner un autre opérateur, dans le cas où le consortium First Delta Air Services ne garantirait pas toutes les attentes du pays, en particulier celle du chef de l’Etat.

Le probable futur repreneur, First Delta Air Services, propose une enveloppe de 7 milliards de F CFA pour le capital de la nouvelle compagnie, soit une somme de quelque 10 à 11 millions d’euros. Cette enveloppe est jugée insuffisante et ridicule par certains membres du gouvernement. La cession de la Camair ne semble pas se dessiner rapidement. Il y aura des batailles financières âpres. La décision viendra en définitive d’une seule personne : Paul Biya, le Chef de l’Etat qui aura le dernier mot. Il ne va négliger le fait qu’en l’état actuel, la compagnie Cameroon Air Lines perd près de 4 milliards de F CFA, 6 097 961 euros, chaque mois (somme considérable à l’échelle du Cameroun).

LABEL NGONGO


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