La crise car l’hiver Kondratieff n’est pas fini

par Jules Seyes
lundi 29 août 2016

Une tentative d'explication de la crise actuelle. 

Il s'agit pour l'heure d'une intuition qui n'est pas encore soutenue par des données d'analyse, mais cohérente avec les données que je peux actuellement observer.

Si certains d'entre vous peuvent m'aider à rassembler des stastiques de long termes sur les niveaux d'investissement, nombres de brevets par an, taux d'endettement, merci de bien vouloir me contacter.

La crise car l’hiver Kondratieff n’est pas fini.

En ce début 2016 la crise est de nouveau en première page.

Un peu comme une vieille amie qui accompagne les titres de presse depuis la fin des années 70 et le « Vous êtes le président du chômage » de François Mitterrand à Valéry Giscard d’Estaing.

Pourquoi revenir tant en arrière alors que les coupables habituels sont listés à longueur d’édito ? Pétrole, Chine, banques, inflation banque centrales ?

Peut-être car là n’est pas l’origine de la crise.

La crise vient de plus loin. Des années 70 du siècle dernier lorsque la croissance liée aux Trente Glorieuses s’est essoufflée. Les sociétés habituées à une croissance de 5% par an n’ont pas su s’adapter au retour à une croissance de 1 à 2 pourcent par an. Petit à petit cette croissance à encore ralentie au fur et à mesure que nos sociétés passaient de l’automne Kondratieff à l’hiver Kondratieff.

Car c’est là que nous sommes aujourd’hui, les gains liés au nucléaire, l’aviation et la généralisation de la société de consommation sont épuisés. Cela n’est pas la fin du monde, les besoins humains sont inépuisables et en tout cas loin d’être satisfaits, mais c’est la fin de l’ordre économique tel que nous le connaissons.

Cet épuisement des gains économiques a également été aggravé par l’offensive du groupe social des plus riches. En pratiquant un hold-up sur les centres de décisions politiques et économiques, ils ont imposé la mise en place d’un système de transfert de la valeur ajoutée vers le haut de la pyramide des revenus. Ce transfert masqué par les politiques d’endettement des Etats et le développement du crédit à la consommation est venu encore réduire le potentiel de croissance.

Le phénomène de concentration des revenus, que j’appellerai cause sociale, est aujourd’hui bien perçu et documenté. L’enjeu est davantage de comprendre la cause technique du ralentissement de la croissance. Depuis Schumpeter tout le monde sait que les cycles économiques longs sont corrélés avec le progrès technique. Première, seconde, troisième révolution industrielle. A chaque fois une période de forte croissance. C’est ce que l’on appelle le printemps et l’été Kondratieff. Or, depuis les années soixante-dix, il n’y a pas eu de révolution industriellei. Et les effets d’entrainement de la révolution industrielle précédente s’estompent. Cela peut se constater au vieillissement des parcs machines dont la durée de vie s’allonge car il n’est pas intéressant de dépenser de l’argent pour intégrer des nouvelles machines. Au contraire, lors d’un été Kondratieff, intégrer de nouvelles machines et les nouveaux procédés de fabrication est vital car sinon l’entreprise se retrouve non compétitive.

Aujourd’hui une nouvelle révolution industrielle se présente, mais bien que très avancée, elle n’est pas encore finalisée. Robotique, voitures autonomes, batteries, solaire ou fusion froide, il est difficile de se prononcer, mais les ingrédients semblent là. L’accès à l’espace fait aussi sa révolution.

On voit que les conditions d’une pure quatrième révolution industrielle tendent de plus en plus à être réunies. Mais malgré tout, la montée de ces solutions exigera encore quelques années et le blocage social de nos sociétés crée les conditions pour que l’hiver Kondratieff soit le pire jamais vu.

Et c’est là le point essentiel. Qu’entend-on par pire ? Il est journalistiquement payant de parler de la fin du monde à longueur d’édito, mais si un hiver Kondratieff correspond à la fin d’un monde, il n’est pas la fin du monde.

Par exemple, entre 1870 et 1890, lors de l’hiver Kondratieff de la fin de la révolution industrielle, les boulangers n’ont jamais cessé de faire du pain, les magasins de vendre. Par contre, le rythme d’expansion s’est fortement ralenti. Les épisodes de dépression ont été plus nombreux. Dès lors les pays en phase de croissance démographique se retrouvent confrontés à des problèmes accrus de chômage et de financement des nouveaux besoins car le marché du travail ne croît pas.

C’est ce qui nous attend encore quelques années, à moins de parvenir à débloquer au plan mondial le blocage social. Dans ce cas, une meilleure répartition des revenus aura pour effet d’inciter à une croissance keynésienne et de permettre d’amortir le choc de l’hivers en améliorant le niveau de vie de tous.

i Certes l’informatique aime à faire croire qu’il s’agit d’une révolution industrielle, mais il s’agit apparemment plus de marketing que d’une vraie révolution industrielle. Une révolution industrielle réclame une nouvelle source d’énergie, de nouveaux moyens de transports et de nouveaux produits de consommation. L’informatique ne répond qu’à la troisième condition. On peut à la rigueur dire que l’informatique a été une révolution idustrielle 3B, soit partielle ce qui expliquerait que la phase croissance ait été plus courte et moins forte que dans une révolution industrielle classique.


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