La crise est économique ? Que les économistes se mettent au travail !

par Caleb Irri
mardi 13 novembre 2012

Dans un billet intitulé « Des réformes à mettre en oeuvre immédiatement », Paul Jorion répond directement à la question de la « moralisation » du capitalisme et prend le risque de passer de l’analyse critique à la proposition constructive.

On ne peut que saluer cette initiative et applaudir des deux mains à ce qui pourrait être le début d’un vaste chantier : partir des différentes réformes proposées par l’auteur de ce texte pour engager un grand débat sur la faisabilité, les conséquences et les implications de chacune de ces propositions dans le monde réel globalisé.

Que se passerait-il si on augmentait les « petits » salaires en réduisant les dividendes des actionnaires, ou si on interdisait la spéculation ? Et si on supprimait les paradis fiscaux ? Ou qu’on légiférait pour interdire le financement des campagnes par des trusts, qu’on redéfinissait le statut juridique des actionnaires, qu’on modifiait les règles de fonctionnement de la bourse ? Et si on empêchait l’optimisation fiscale, qu’on supprimait les stock-options ou repensait la solidarité, ou le travail ?

Je sais que monsieur Berruyer cherche lui-aussi à lancer une réflexion sur ces sujets, que les déconomistes ou les économistes atterrés cherchent eux-aussi des solutions, et bien d’autres avec eux, mais pour ainsi dire « chacun dans son coin ». Et bien pourquoi ne pas allier ces forces pour tenter d’extrapoler les conséquences de la mise en place de telles réformes, comment elles pourraient être mises en oeuvre, ce que cela implique comme changements politiques ou idéologiques, qui en seraient bénéficiaires et qui en seraient victimes ? Voilà ce que les citoyens aimeraient entendre et comprendre, et voilà qui les changerait de leur dose quotidienne de désespérance… 

Il serait temps que toute cette « communauté » fasse preuve de réactivité, en se saisissant de ce genre d’initiatives pour aller un peu plus loin que les simples exposés non-contradictoires qui nous sont habituellement servis. Que les uns tentent de démonter les arguments de monsieur Jorion par d’autres plus convaincants, que les autres les défendent par d’autres arguments plus pertinents encore, et que le véritable débat portant non pas sur les constatations mais sur les solutions commence enfin. Nous n’avons plus besoin de savoir « pourquoi » nous sommes en crise mais de savoir « pour quoi » nous devons nous battre.

Il faut que le débat des idées soit de nouveau porté sur la place publique, pour que chacun puisse se positionner « en conscience » sur ces sujets qui nous concernent directement. Vous êtes des milliers à suivre de près ou de loin ce qui se destine à devenir une sorte de mouvement contestataire et constructif par la magie du réseau internet, et vous avez le pouvoir de porter ce genre de débat là où il vous plaira : diffusez les propositions de monsieur Jorion, discutez-les, réfléchissez-les, et proposez-les à la réflexion de ceux qui vous paraissent en capacité de les contredire. Contactez les hommes que vous estimez et mettez-les au défi de vous prouver que le capitalisme peut être moins injuste, créez-leur un lieu pour qu’ils se rencontrent et qu’ils échangent, harcelez-les jusqu’à ce qu’ils vous prouvent ce qu’ils avancent, obligez-les à nous trouver des solutions ! 

La crise est économique ? Que les économistes se mettent au travail…

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr


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