La Crise ? Pas pour tout le monde

par Pirate17
lundi 29 septembre 2008

Le monde de la banque s’affole... la crise gagne du terrain et les faillites ou les nationalisations forcées abordent les rives du vieux continent.
Ce week-end, les Etats-Unis ont peaufiné leur plan de sauvetage de leur économie : 500 milliards d’euros (700 milliards de dollars) injectés dans l’économie pour éviter, peut-être, la catastrophe.

Une fois de plus les pertes sont nationalisées. Car c’est bien des poches des contribuables américains que ces milliards vont sortir. Soit par l’augmentation des impôts, soit, pire, par la réduction des aides sociales. Ce sont les victimes du système qui paieront ! Qui paieront pour les erreurs de ceux qui depuis des années se conduisent en rapaces autant pour faire gagner leurs banques au prix de risques insensés, que pour s’en mettre plein les poches grâce aux cumuls des salaires sidérants et des stock-options hallucinantes.

Ainsi le PDG de Lehman Brothers, banque déclarée en faillite depuis une semaine, s’est mis dans les poches entre 1997 et 2007 quelque 350 millions d’euros et 32 millions rien que pour l’année 2007 ! Pour vous donner une idée plus juste de l’avidité hors norme de ce monsieur, cela représente 12 000 euros de l’heure travaillée (1 400 fois le Smic...) !


Tout cela pour mener une banque au sommet dixit les analystes l’an dernier lorsqu’il était de bon ton de flatter les puissants, mais, réellement, pour mener une banque à la faillite comme le démontrent les événements.

Les contribuables des Etats-Unis paieront pour les erreurs de ce monsieur, qui lui n’est pas encore réduit à la soupe populaire.
En période de crise, disposant d’importantes liquidités, s’il n’a pas tout dépensé, il peut même faire de mirobolants profits supplémentaires qui contribueront, si besoin était, à mettre sa famille à l’abri du besoin pour plusieurs générations...

Une fois de plus les profits ont été encaissés et les pertes, elles, sont assumées par les victimes !
Nous, Français, connaissons le système pour l’avoir vécu du temps du Crédit lyonnais ! Et nous le vivons en ce moment car, d’après vous, qui passera à la caisse pour donner 400 millions d’euros à Tapie ?

En Europe, la contagion gagne et Fortis a été nationalisée cette nuit par un habile montage englobant le gouvernement belge et le gouvernement néerlandais. Les libéraux, bien discrets en ce moment, les amoureux du marché qui s’autorégule, de la main invisible, du non-interventionnisme de l’Etat dans leurs petites affaires, ont avalé leurs chapeaux et en ont appelé à l’Etat providence : 11,2 milliards d’euros pour sauver ce banquassureur défaillant.
En Grande-Bretagne, ce sont également les pouvoirs publics qui ont sauvé cette nuit B&B de la faillite.

Verra-t-on des commissions d’enquêtes contrôler la gestion et reprendre les colossaux profits encaissés par les dirigeants ces dernières années grâce aux stock-options, censées, à l’origine, récompenser la performance et qui au fil du temps sont devenues un moyen de se partager le magot...

Rappelez-vous les cris d’horreur entendus lors du projet de taxation de ces stock-options il y a deux ans... "Pas touche à notre cagnotte durement gagnée, cela nous démotiverait et nous serions obligés d’aller exercer nos brillantes compétences ailleurs..." Et regardez la complaisance d’une presse de caniveau prompte à nous exhiber le train de vie des "rois " du Cac 40" et des "fils de…" qu’il convenait d’admirer comme les nouveaux messies d’un monde vendu à Mamon... (Ah zut, les discours du pape ont laissé des traces...).

Alors, aujourd’hui, il est facile de jouer les Matamore comme l’a fait Sarkozy en promettant l’intervention de l’Etat pour sauver tout le monde, voire pour sauver le monde. Le chevalier blanc a malheureusement une tunique bien tachée et les mains sales de celui qui les a mis trop longtemps dans le bocal à confiture... Lui, l’ami des puissants, l’amoureux de yachts et des habitations de luxe, le frère des puissants, le serviteur zélé des princes de la finance, le sauveur du tout-à-l’égout des grands bourgeois de Cap Nègre, le bouclier fiscal à lui tout seul, peut toujours sortir des trémolos dans des discours à destination du cochon de contribuable qu’il a trompé et qu’il s’apprête à dépecer, il ne trompe personne !

Quelles que soient les analyses divergentes des spécialistes autoproclamés, quelles que soient les annonces contradictoires et lénifiantes de Mme Lagarde, quelles que soient les promesses du président qui ne peut tirer que des chèques sans provisions, une seule chose est sûre : les contribuables paieront pour les erreurs de ceux qui s’enrichissaient en les méprisant...

Alain Renaldini


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