La croissance verte, un atout pour un rebond industriel de la France ?
par Démocratie & Entreprises
mardi 9 février 2010
Nous avons précédemment rendu compte et analysé l’inquiétant déclin industriel de la France tel que diagnostiqué dans le rapport intermédiaire remis le 5 janvier au ministre de l’industrie. Nous évoquions l’excellence environnementale comme atout possible d’un rebond de notre industrie. Sur quoi peut reposer une telle option ?
La France est le pays le mieux positionné parmi les partenaires du G7 en matière d’émissions de CO2 ( 6 tonnes par habitant contre 15 aux Etats Unis et 10 pour l’Allemagne et le Japon . Les auteurs du rapport indiquent aussi que les performances des automobiles, le recours à l’énergie nucléaire, participent de cette relative performance, cependant que le bâtiment constitue un gisement de réduction des émissions de gaz sur lequel l’industrie française est bien positionnée, notamment sur les constructions de bâtiments à énergie positive.
Cependant la compétition mondiale sur les industries de l’environnement va s’aiguiser rapidement, les Etats Unis ont prévu d’investir près de 60 milliards de dollars par an et la Chine 20 milliards. En France des dispositifs favorisant les industries de l’environnement ont certes été mis en place et on annonce des crédits publics de 14 à 16 milliards d’Euros par an auxquels s’ajoutent les 5 milliards du grand emprunt alloués au développement durable, mais suffiront-ils à remplir un objectif d’excellence ?
Pour les experts du centre d’analyse stratégique [1] il serait naïf de croire que la croissance verte va résoudre tous les problèmes de relance de notre potentiel industriel et d’emploi.
Développer les industries vertes crée certes de nouvelles potentialités de développement, mais
déclasse dans le même temps certaines activités ou implique, pour le moins, de profondes reconversions. On vient de le voir avec l’interdiction de pêcher le thon rouge, espèce menacée, qui suppose une rapide reconversion des catégories d’emploi concernées. De même en terme de consommation alimentaire la généralisation de gammes bio impacte le prix des produits (plus de 50% selon une récente enquête de la revue Que Choisir ? de ce qui limite considérablement leur développement. De plus il convient en la matière de ne pas raisonner en terme de calendrier électoral (logique de rendez vous) mais à moyen et long terme (logique de projet). Il serait illusoire par exemple de penser que le passage au véhicule électrique va avoir des effets à court terme.
De même les conséquences sur l’emploi peuvent être contradictoires, création d’emplois nouveaux certes, mais destruction d’emplois si les personnes concernés ne peuvent se reconvertir par une formation continue adaptée comme on le voit dans le bâtiment.
En résumé l’excellence environnementale est une excellente voie de relance de notre potentiel industriel et technologique mais pour sortir de l’argument électoral, elle devra s’appuyer sur une reconversion en profondeur affectant toutes les forces de la Nation et toutes les coopérations internationales indispensables.