La dette, mode d’emploi

par Tzecoatl
mardi 29 décembre 2009

L’un des rares résistants à la théorie de l’argent-dette de Paul Grignon est Paul Jorion.
Vous avez compris, nous allons une fois de plus discuter pognon.

L’argent, mode d’emploi de Paul Jorion

Afin de comprendre le dénigrement de l’expression création ex-nihilo monétaire par celui-ci, je me suis procuré en librairie son dernier ouvrage, "l’argent mode d’emploi".

L’argument simple de Jorion, qu’il oppose à l’interprétation de l’argent-dette, est que lorsque vous déposez de la monnaie fiduciaire (pièces, monnaie), celle-ci devient la propriété des banques (d’après des textes de lois dont il ne donne pas référence), la banque vous fournissant en échange une reconnaissance de dettes.

Il nous explique que l’interprétation de création monétaire ex-nihilo a été inventée par les banques elles-même afin de se prémunir des paniques résultant de la compréhension des mécanismes monétaires et donc du bank run.

Il ne considère pas la reconnaissance de dettes comme une monnaie, car l’état français par exemple ne garantit celle-ci qu’à hauteur de 50 000 euros théoriquement. Dans les faits, elle le garantit parfaitement, à hauteur de la folie d’un Haberer (ex-patron du Crédit Lyonnais) du moins.

L’on pourrait également arguer que si le risque est le métier du banquier, en dernier recours, le risque est la condition citoyenne.

Jorion est donc de l’école où l’on considère uniquement la masse monétaire MO (émise par la banque centrale) comme véritable monnaie, les autres masses monétaire M1, M2, M3 n’étant plus réellement de la monnaie.

L’effet boule de neige


Lorsque vous déposez des espèces sur votre compte courant, la banque se l’approprie, se doit d’en verser 5% à la banque centrale comme garantie et peut prêter les 95%, sous forme d’emprunt à sa clientèle.

Et ainsi de suite, la monnaie émise par la banque centrale peut être prêtée ainsi 9 fois le montant fiduciaire, seule véritable symbole de richesse dans un repère jorionien.

Qu’est-ce à dire, sinon que l’interprétation de Jorion permet de conclure que les dettes contractées auprès des banques représentent 9 fois la masse monétaire réelle.

Une remarque : si Jorion ne reconnait pas la création monétaire ex-nihilo par les banques, et donc la qualité de la monnaie scripturale, nous pouvons dès lors considérer que la dette émise par les banques est également relative. Or, la férocité de celles-ci afin de se faire rembourser les échéances de leurs créances ne plaide pas en la faveur de Jorion.

Il est dès lors évident qu’une dette 9 fois supérieure à la monnaie réelle, génère des crises, dans une économie où l’asymétrie d’équitabilité dans l’échange génère des zones d’accumulation de symboles monétaires (on pensera naturellement aux paradis fiscaux), et d’autres leur raréfaction.

Si les chancelleries européennes semblent s’attaquer à ces inégalités (que favorisaient l’ultra-libéralisme, les paradis fiscaux, la fascination de la célébrité), nous sommes loin de l’optimum d’égalité-économie.

Réduction de la dette


Jorion ne propose pas de réforme du système monétaire, ses conclusions à ce sujet sont inexistantes.

Il est pourtant simple de constater ou de conclure que l’augmentation de la masse monétaire émise par la banque centrale, la réduction de l’effet boule de neige, permettent de limiter l’endettement.

C’est d’ailleurs ce qu’a fait la BCE en noyant le marché inter-bancaire de monnaie centrale, et auparavant la BRI en délaissant le ratio Cooke pour le ratio Mac Donough. Les banques, dans leur frilosité, l’ont fait en asséchant le crédit : ce réajustement aurait été moins douloureux si elles ne captaient pas au même moment toute la monnaie centrale récemment émise pour n’en faire que de la dette.

Mais cette solution purement monétaire n’est rien si l’une des classes économiques (ménages, entreprises, état) est surendettée jusqu’à l’insolvabilité par rapport aux autres.

Si l’état japonnais est surendetté, il l’est à 93% vis-à-vis des épargnants japonnais.

Mais cela fonctionne jusqu’à ce que les marchés ne renchérissent le crédit à l’état de façon épidermique suite à un rating négatif par une instance de notation superficielle.
 
Conclusion

Il est donc louable que l’état fasse la chasse aux inégalités d’endettement, dont il est la première victime, afin de se prémunir de cette éventualité. Et plus sérieusement s’il souhaite encore relever un quelconque défi à l’avenir.
 
 

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