La fin de notre système de retraites
par D.VDA
vendredi 19 janvier 2007
La France serait-elle l’un des premiers pays européens en voie de rétrécissement ? Je peux ironiser, me moquer, provoquer, faire des reproches aux générations précédentes et être en colère. Trentenaires, c’est nous qui n’aurons pas de retraite, en espérant que nous remettrons le système debout pour que nos enfants la redécouvrent, peut-être.
Aon Consulting a publié le Baromètre européen des retraites 2006. Je vous en conseille la lecture. Bilan : la France est le 22e pays de l’Union européenne pour la pérennité de son système de retraite.
Selon cette étude, la France ne réunirait plus aujourd’hui toutes les conditions pour couvrir le coût des retraites de ses seniors. Notre pays se situe à la 22e position des 25 pays de l’Union européenne juste devant la Slovénie et la Belgique, lanternes rouges du classement.
Anticiper le financement des retraites
Palmarès : dans le rôle du pays scandinave, le Danemark sort 1er du classement, suivi de l’Estonie, de l’Irlande, de la Lituanie, des Pays-Bas et du Royaume-Uni.
Le contre-exemple du Portugal
Situé au 1er rang l’année dernière, le Portugal redescend au 13e rang du fait de :
- l’allongement de l’espérance de vie au Portugal :
un facteur commun à la France, où en un siècle ce chiffre est passé de
un à plus vingt ans. Signe d’une considérable amélioration de nos
conditions de vie, est-ce le signe qu’en vivant plus longtemps dans une
meilleure forme et un confort accru, nous devrions envisager plus sereinement un départ à la retraite plus tardif qui sera de toute façon inévitable ?
- La mise en place de systèmes de retraite par capitalisation dans d’autres pays de l’Union européenne : l’unique modèle de la répartition ne suffit plus et doit nous encourager pour le coup à regarder ce qui se fait ailleurs.
- La prise en compte de nouveaux pays dans le champ de l’étude : le catapultage d’une partie des nouveaux entrants dans l’Union européenne dans le haut du classement s’explique principalement par une espérance de vie à la retraite moins longue. Peut-être un signal supplémentaire pour soigner notre politique d’immigration - choisie comme partout ailleurs -, notre taux de natalité (des idées ?) et l’emploi des seniors.
L’étude révèle que les pays qui s’en sortent, comme le Danemark et l’Estonie, ont repoussé l’âge du départ à la retraite. La France, la Belgique et la Grèce, pour avoir fait tout le contraire, se retrouvent en difficulté. Dans ces pays, malgré une prise de conscience et la mise en place de nombreuses réformes, la restauration d’un régime de retraite viable sera longue et laborieuse. Accroissement de l’espérance de vie, départ en retraite précoce, aucun régime de retraite sur-complémentaire. Dans la même démarche d’anticipation, j’aurais ajouté : douloureuse...
Un grand nombre des pays de l’Union européenne devraient donc suivre l’exemple du Danemark, qui a repoussé l’âge légal de la retraite et instauré un système de retraite complémentaire par capitalisation.
Le Conseil d’orientation des retraites propose d’allonger la durée de cotisation dans les régimes spéciaux.
http://www.lesechos.fr/patrimoine/banque/300128778.htm
Est paru, à quelques semaines d’intervalle, le rapport du Conseil d’orientation des retraites du 10 janvier 2007 (je ne l’ai pas lu, 211 pages). Les Echos de pointer des inégalités persistantes entre cotisants : L’égalité entre hommes et femmes, les désavantages dont souffrent les personnes aux carrières accidentées et les polypensionnés, ainsi que les inégalités créées par le développement de l’épargne retraite. Surtout, le rapport évoque les régimes spéciaux, non réformés en 2003 : EDF-GDF, SNCF, RATP, marins, mineurs, notaires, Banque de France.
Clairement, s’il est des choses pour lesquelles nous ne puissions rien faire qu’avoir recours à la solidarité inter-générationnelle au sein des familles et à l’existence de mécanismes de sauvegarde pour les plus faibles et les plus vulnérables au niveau de la société, nous pouvons en revanche réformer les régimes spéciaux, et globalement la fonction publique, afin que la différence public/privé, elle, disparaisse.
L’article poursuit sur le financement de la revalorisation même des retraites, car en raison de la durée pendant laquelle nos parents la toucheront - et que je souhaite la plus longue possible - ce coût ainsi que celui encore plus important des petites pensions devra trouver des financements nouveaux. Puisqu’il s’agira d’un prélèvement, gageons que c’est l’augmentation de la base et non celle du taux qui permettra ces petites folies.
Réformer
Les données démographiques et le fait qu’on ait fermé les yeux depuis quarante ans sont des faits. Si le jeunisme et les difficultés rencontrées dès quarante-cinq ans sur le marché de l’emploi en sont d’autres, on me murmure à l’oreillette que ces dix dernières années, nous avons bien accéléré notre course vers le mur, avec les trente-cinq heures et la retraite à cinquante ans. A propos de ces suicides sociaux, je vous conseille la lecture - certes pas très joyeuse car très réaliste - du blog de JDCh et de son article sur le sujet : Retraites : situation pire qu’attendue. Quelle surprise !
Le paragraphe suivant est tiré de l’Observatoire des retraites, Le dossier retraites, novembre 2001 :
http://www.observatoire-retraites.org/observatoire/rubriques/dossiers/Dossiers_ay/financement.htm
Que faire ?
Il n’existe que trois solutions.
- Payer plus. C’est ce que l’on a fait pendant longtemps en augmentant les cotisations. Le patronat estime aujourd’hui avoir atteint la limite et refuse désormais cette solution.
- Baisser le niveau des retraites par rapport aux salaires. C’est ce que l’on fait depuis une dizaine d’années en indexant les retraites sur les prix et non plus sur les salaires nets, voire en bloquant les revalorisations. C’est aussi l’objectif de la réforme de 1993 du mode de calcul de la pension de sécurité sociale : vingt-cinq meilleures années et non plus dix meilleures années, ainsi que des accords Agirc et Arrco de 1996.
- Repousser l’âge de départ en retraite. C’est l’enjeu principal des années à venir.
Ce à quoi j’ajouterai aujourd’hui, car on commence à pouvoir le dire sans être lynché :
4) mettre à niveau privé/public. Tout de suite.
5) réduire le nombre de fonctionnaires,
et donc de retraites à 100% à notre charge et sur le dos de ceux qui
nous suivent, dont j’entends déjà les questions et les reproches...
Ressources :