La France cumule un chômage de masse et une forte pénurie de main d’oeuvre
par jef88
mardi 7 février 2006
Chercher la (ou les) causes du chomage est peut-être la seule véritable façon de lutter efficacement contre ce fléau. Je n’ai pas la prétention d’être exhaustif, mais peut-être que des apports extérieurs permettront de trouver d’autres pistes.
La France cumule un chômage de masse et une forte pénurie de main d’œuvre.
Pourquoi ?
Dans un billet de la semaine dernière, je m’interrogeais quant à l’évolution des effectifs dans les industries manufacturières. J’ai la certitude, en lisant la presse et en regardant autour de moi, que ces effectifs sont en baisse constante depuis la fin des années 1970.
C’est le premier facteur de perte d’emploi potentielle pour des personnes sans qualification, ainsi que pour l’ensemble des diplômés de l’enseignement technique.
Second facteur : un grand nombre d’enseignants qui, idéologiquement, étaient contre le "patronat" en ont consciemment ou non tiré la conclusion qu’il fallait orienter les jeunes vers des disciplines plus nobles et plus intellectuelles. C’est pourquoi on trouve maintenant des docteurs es lettres ou en histoire au chômage.
Troisième facteur : à l’autre bout de la chaîne, le jeune qui ne semble pas apte au système "noble" va être dirigé vers le technique. C’est devenu une forme d’exclusion : le BEP est la "poubelle" de l’éducation nationale, les BTS et DUT sont subis plus que demandés.
Le quatrième facteur, dont on ne parle jamais, se situe dans les pratiques des cabinets de recrutement. Tout le monde sait qu’ils n’ont pas d’obligation de résultats mais obligation de moyens, ils proposent à leur client non pas les postulants qui possèdent le meilleur "savoir-faire" mais ceux qui ont le plus beau diplôme.
La densité de diplômes par habitant ayant tendance à augmenter (80% d’une classe d’âge au bac), les "seniors" sont écartés de facto.
La pénurie de main d’œuvre
Contrairement à certaines idées reçues, un "travailleur manuel" n’est pas obligatoirement un imbécile. Plus, il est nécessaire d’être intelligent pour trouver la cause d’une panne, assembler des matériaux, tenir un outil ou tout simplement savoir se tenir au travail sans se casser le dos.
Il serait donc nécessaire de permettre une fluidité non pas seulement au niveau de l’entreprise, mais aussi à celui du personnel, qui devrait pouvoir se former et surtout progresser sur l’échelle sociale en fonction de ses capacités.
Dans les années 1750, la Lorraine, non encore annexée par la France, avait, Stanislas oblige, un intendant français, Monsieur de la Galaizière.
Ce personnage, tenant du pouvoir absolu, a pourtant produit un écrit remarquable dans sa brièveté.
Des bourgeois de la ville de Remiremont, arguant de la pauvreté du peuple, lui avaient demandé patente pour créer une nouvelle industrie basée sur le textile. Ils demandaient en complément le monopole de la main d’œuvre pour cette industrie.
La réponse a été positive en ce qui concerne la création d’une industrie. "Par contre nous vous refusons le monopole de l’emploi : sachez que si vous payez votre personnel et si vous le payez bien, vous n’en manquerez jamais !"
C’est une constante à laquelle tous devraient penser. Dans notre Europe de néo-libéralisme militant, où les lois de l’offre et de la demande sont magnifiées, on est resté au Moyen Age quand il s’agit des producteurs qui peuvent d’ailleurs s’avérer d’excellents consommateurs.