La France sauvée ?
par Philippe Lesaffre
samedi 4 octobre 2008
Comment doit-on réagir face à la crise financière, qui arrive en Europe (Fortis, Dexia, Bradford & Bingley, etc) ? La France peut-elle se défendre de la crise financière ? Réponse de l’exécutif et de certains responsables financiers, qui appellent à ne pas paniquer.
Réaliste, rassurant, François Fillon explique dans Les Echos du 1er octobre 2008 : « Les établissements bancaires européens, et français en particulier, ont pour le moment mieux résisté, parce qu’ils ne sont pas construits sur le même modèle qu’aux Etats-Unis. Mais ils sont tous tellement interdépendants que les risques de propagation de la crise à l’ensemble du système financier sont réels. Les banques françaises ne sont pas à l’abri de difficultés si une grande banque européenne défaillait ».
L’auteur de la célèbre formule, « l’état est en faillite » se lâche dans les colonnes du journal économique : « La crise à laquelle nous sommes confrontés est sérieuse, puisque nous avons une crise financière équivalente à celle de 1929 qui se cumule avec un choc pétrolier proche de celui de 1973 ».
Le nuage protégeant l’exceptionnelle France est passé, les responsables de l’exécutif réagissent à la crise financière, provenant des USA, comme il se doit. Peut-être même en exagérant (une première depuis le début de la crise des subprimes, en 2007). C’est l’avis de Sylvie Pierre-Brossolette (Le Point), qui s’exprimait mercredi matin sur France Info dans le débat l’opposant à Laurent Joffrin de Libération. La situation est-elle la même qu’en 1929 ? Pas vraiment, pour la journaliste : pas de soupe populaire, la production nationale n’est pas nulle, la croissance mondiale est à 3 %. En un mot, pas de quoi dramatiser. D’ailleurs, tous les spécialistes le disent. Le système français est juste.
Avant que Nicolas Sarkozy reçoive François Fillon et autres responsables de banques, Christian Noyer, le gouverneur de la banque de France réagissait, sur RTL à l’échec du plan Paulson, au Congrès : “Le système financier français est un des plus sûrs du monde. Il faut avoir une confiance totale dans la sécurité du système bancaire français (…) Les banques européennes et françaises ne sont pas surchargées d’actifs de mauvaise qualité comme l’étaient les banques américaines. Fondamentalement, elles sont solides, elles sont très bien capitalisées”
Georges Pauget, directeur général du Crédit agricole et de la Fédération bancaire française et Henri de Castries, président du groupe d’assurances Axa se veulent aussi rassurants. Ils estiment que « l’ensemble du dispositif français est solide, diversifié et bénéficie du soutien des autorités publiques » et que c’est “ un système financier stable, qui a une solvabilité très confortable”.
La France est sauvée. Elle peut se protéger en cas de difficultés, alors. Comment ? Il suffirait de recapitaliser les établissements en difficulté, et la confiance reviendrait. La nationalisation serait ainsi une bonne chose. Pour Dexia, bancassureur franco-belge, attendons donc un peu, pour voir si tout va s’arranger. Laurent Joffrin en est persuadé…
De toute façon, Nicolas Sarkozy veille, en bon président et seigneur de l’Elysée. Depuis sa visite à New York, et son discours sur l’économie, à Toulon, il est devenu le protecteur N°1 des Français et des « petites gens », le combattant des mauvais banquiers et capitalistes…
Pas de panique, donc.
Au-delà de la caricature, personne ne critique la prise de parole du président. Il assure son rôle de protéger ses concitoyens. Ce discours quelque peu de gauche, appelant une plus forte régulation est juste un peu contradictoire avec sa vision très libérale de l’économie et sa volonté de baisser le train de vie de l’Etat.