La grande mutation

par maltagliati
lundi 13 août 2012

La crise financière a 5 ans exactement. Elle a démarré avec la crise des subprimes le 9 août 2007. Depuis, elle se poursuit inlassablement : crise de l’endettement américain, crise de la dette des États et de l’euro. Va-t-on longtemps encore parler de crise financière ?

A mon avis, NON. Nous sommes arrivés à un stade où les destructions opérées par la crise financière sont telles que l’économie mondiale toute entière va entrer dans une profonde RÉCESSION. Certes, depuis cinq ans, on ne peut plus guère parler de croissance, autre que l’hilarante croissante négative. Seule une inflation de plus de 2% maintient les P.I.B. au niveau de ce qu’ils étaient.
Nous allons connaître maintenant un phénomène d’une toute autre ampleur : une économie à l’arrêt.
 
La rentrée qui vient verra fleurir les plans sociaux et bientôt dans notre douce France le nombre de chômeurs officiels passera allègrement la barre des 3 millions (soit globalement 5 millions de sans emplois). Les autres pays européens, l’Allemagne comprise, prendront le même chemin. Comme les États-Unis, où une pseudo-reprise amorcée cet hiver a fait long feu.
Aucune politique d’argent facile ne pourra y porter remède, car si cette politique – on l’a vu ces trois dernières années – a pu éviter l’explosion du système, elle n’a pas drainé un centime vers l’économie réelle. Il y a certes de l’argent qui flotte et comble les trous qui se creusent, mais plutôt que d’investir, tout le monde désinvestit.
D’Europe, l’épicentre de la crise va selon toute vraisemblance se déplacer vers la CHINE où l’arrêt brutal de la croissance (déjà réduite de moitié) sera le signal d’une explosion sociale à coup sûr et très probablement politique.[1] C’est de ce glissement vers l’Est dont témoigne la crise politique actuelle au Moyen-Orient, où la Syrie [2] et bientôt l’Iran font l’objet de toute l’attention de l’Empire.
 
Ceci ne signifie pas que nous soyons cet automne privés de quelques nouvelles pirouettes financières. La hausse inepte des Bourses et la pratique insensée des taux d’intérêt négatifs témoignent s’il en était nécessaire de la santé d’esprit retrouvée de l’univers financier. Super Mario Draghi l’a dit fin juillet : les débiteurs tiennent désormais les créanciers à la gorge. Désormais sur le plan financier, on peut s’attendre à TOUT.
Peu à peu, - et là réside la Grande Mutation – le phénomène dominant ne sera plus l’explosion de la Phynance, ce seront les dégâts mortels portés à la Société, non à telle ou telle société, à la Société mondiale. Et ce qui devait arriver arrivera : nous allons souffrir pour nous nourrir, pour nous chauffer, pour nous déplacer, etc. etc. Comme les Grecs et les Espagnols qui connaissent déjà un chômage de 25% (plus de 50% chez les jeunes).
 
Dans cette circonstance où se marquera effectivement la fin d’un mode de vie,[3] deux clans vont se constituer. Ouvrez grands les yeux et suivez-moi bien.
1) Le clan de ceux qui voudront restaurer l’État Providence, prendre appui sur les catastrophes qu’il engendre en les attribuant les uns aux excès, les autres à la cupidité, d’autres encore à la dérégulation,… et REFUSER DE VOIR LA RÉALITÉ EN FACE. Tous ces gens, vous les retrouverez groupés autour de l’absolue nécessité d’instaurer l’État-Monde. C’est le clan de ceux qui proposent de sortir de la maladie en injectant une dose de poison supplémentaire. Il couvre un large éventail de la droite classique ou populiste aux gauchistes.[4]
2) Le clan de ceux qui mettront tous leurs efforts dans la reconstruction de la Société humaine, contre les États, contre l’État-Monde. C’est bien de cette Société que nos édiles socio-politico-financiers ont entrepris la destruction systématique il y a un siècle par le déclenchement de la Grande Guerre[5], premier conflit mondial de l’histoire de l’Humanité, lequel a dégénéré en cette mondialisation absurde et toute la Croisade de la consommation qui en découle.
 
Sœurs et frères humains, il faut relever la tête ! Et relever la tête n’est pas une métaphore, c’est d’abord accepter de nous regarder droit dans les yeux quand nous nous rencontrons, en nous saluant plutôt que de baisser la tête ou de regarder ailleurs par indifférence calculée. C’est reconstituer une entité sociale dans laquelle avant tout on se serre les coudes, on assure ensemble l’éducation de nos jeunes (contre cette horreur d’éducation nationale), on intègre les anciens (plutôt que de les mettre au bloc [6]). Nous n’avons besoin ni de fric ni de gadgets, nous pouvons nous contenter d’une existence frugale, dès le moment où nous nous recréons une VIE, une vraie !
 
L’explosion du système financier va arriver à son terme, c’est-à-dire à tout foutre par terre. Réveillez-vous ! Votre mode de vie part en quenouille. Face à cela, vous avez le choix :
1) Avec Mélenchon (ou avec Le Pen, ou Sarkozy ou Hollande…ou quelque Obama qui can) demandez, exigez le rétablissement  de votre mode de vie. Manifestez contre les financiers cupides et autres profiteurs qui ne sont plus capables de vous assurer les miettes qui vous distrayaient de votre malheur DORÉ. Soyez fermes, exigez qu’on vous rende votre vie de merde, la même pour tous (vive l’égalité !)
2) Ou alors saisissez votre chance. Oui, ce monde qui vient à terme et qui va vous retirer tout ce que vous aviez, ce peut être une chance d’être à nouveau. Rétablissons la vie sociale qu’ont connue nos aïeux (grands-parents ou arrière-grands-parents). Cessons de pleurer à l’assistance de la part d’un organisme qui nous tue et reconquérons à partir d’une base locale les conditions fondamentales de notre existence et de notre épanouissement.
 
Une telle démarche de solidarité réelle exige que vous vous organisiez, d’abord sur base de la nécessité. Mais si vous vous voulez avoir 1 chance d’aboutir, il faut ABSOLUMENT exclure délibérément travailleurs « sociaux », municipalités, syndicats, fonctionnaires et tous apparentés au système, agents traditionnels de l’assistance qui feront tout – sous prétexte de vous aider – pour vous y réintégrer. C’est HORS des organismes officiels et CONTRE eux qu’il faut forger des entités humaines et les fédérer.
Et pour être concret, commencez aujourd’hui, retrouvez vos voisins, agissez de concert, apprenez à connaître ceux auxquels vous pouvez vous fier, ceux qu’il vous faut craindre et combattre, sortez (prudemment) de l’anonymat. Attention, c’est une lutte sans merci qui s’amorce, mais il la faut préparer dès maintenant.
 
C’est ça la mutation.
 
MALTAGLIATI


[1] Les Chinois se sont largement endettés pour répondre aux besoins de la croissance exponentielle. Ils vont bientôt payer leurs traites et chercher le client…
[2] S’il ne faut rien croire du discours médiatique sur le « révolution syrienne », ce n’est pas une raison suffisante pour apporter le moindre crédit aux élucubrations favorables à la dictature de Bashar al Assad par Louis Dalmas, élucubrations auxquelles Agoravox a prêté sa Une ce week-end.
[3] C’est bien la crise (finale ?) de l’État-Providence que nous vivons !
[4] Voyez ainsi la « synthèse » de la crise financière, présentée dans On n'a pas fini qui se termine sur un prêchi-prêcha pour un gouvernement mondial et attribue sans vergogne la crise à l’ultralibéralisme, alors que celui-ci n’en est qu’un épiphénomène.
[5] Le clan de l’État-Monde célébrera le centenaire prochain du grand conflit immonde en chantant une nouvelle fois la gloire de ces héros morts pour la France, là où je ne puis voir que de pauvres sacrifiés pour RIEN, si ce n’est pour la destruction de leur propre société. Belle contradiction en tout cas que la création de l’État-Monde alors que chacun continue à chanter ses morts, et à les chanter de plus en plus comme les héros fondateurs de l’État-Monde. On en reparlera en Août 14.
[6] Le suicide des personnes âgées devient reconnu. Selon les derniers chiffres disponibles, en 2009, 10.464 décès par suicide ont été enregistrés en France métropolitaine, dont près de 3.000 chez les plus de 65 ans. C'est chez les plus de 85 ans que l'on observe les taux de décès les plus élevés (39,7 morts par suicide pour 100.000 habitants, soit un taux deux fois supérieur à celui des 25-44 ans), surtout chez les hommes.
 

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