La « Green Team » de Barack Obama
par Gilles Bonafi
mardi 23 décembre 2008
Barack Obama a nommé John Holdren, premier conseiller scientifique. Physicien de l’université d’Harvard réputé pour ses convictions environnementalistes, il incarne avec Steven Chu, prix nobel de physique (qui a souvent attiré l’attention sur les problèmes du réchauffement climatique) nommé secrétaire à l’énergie, ce que certains nomment la « Green Team ».
Que cache ce revirement de la politique environnementale US ? L’Amérique serait-elle frappée tout à coup d’une prise de conscience pour la protection de la planète ?
Une partie de la réponse est donnée par Barack Obama lui-même qui place l’écologie au cœur de son plan de relance de l’économie en créant des centaines de milliers d’emplois.
Pourtant, nous pouvons douter des convictions profondes de cette nouvelle équipe. En effet, le nouveau président a nommé Lawrence Summers, directeur du conseil économique national de la Maison-Blanche. Or, celui-ci ne peut pas être étiqueté « Green Team ». Il a en effet écrit en décembre 1991, dans une note interne, alors qu’il était économiste en chef de la Banque mondiale :
« Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico. Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays moins avancés. Une certaine dose de pollution devrait exister dans les pays où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. [...] L’inquiétude [à propos des agents toxiques] sera de toute évidence beaucoup plus élevée dans un pays où les gens vivent assez longtemps pour attraper le cancer que dans un pays où la mortalité infantile est de 200 pour 1 000 à cinq ans ». Source The Economist (8 février 1992) et The Financial Times (10 février 1992).
C’est en effet « imparable » et surtout à vomir !
Nous allons donc avoir une équipe adepte de la délocalisation de polluants, ce qui, il est vrai améliorera considérablement la vie des américains, chez eux.
Mais, derrière ce revirement total, se cache une autre réalité. Ainsi, selon Mark Zandi, chef économiste chez Moody’s, environ 2,6 millions d’emplois sont menacés dans l’industrie automobile US et il y a fort à parier que les trois constructeurs déposeront le bilan l’année prochaine. D’ailleurs, General Motors (qui perd 2 milliards de dollars par mois) a demandé 18 milliards de dollars de ligne de crédit dont 4 milliards avant la fin de l’année et proposé de supprimer 31 500 emplois.
La protection de l’environnement, en insistant sur les effets négatifs de la voiture, aidera à faire passer la pilule.
Je conclus donc cet article sur une citation du « visionnaire » et « écologiste »Lawrence Summers :
« L’argument selon lequel nos obligations morales à l’égard des générations futures exigent un traitement spécial des investissements environnementaux est stupide ». Source Paroles de maîtres du monde d’aujourd’hui (citations recueillies par Jean-Michel Perchet et Franck Thiriot.
Gilles Bonafi