La Hongrie veut faire plier les banques

par Catherine Segurane
samedi 15 octobre 2011

C'est en Grèce qu'on guette les craquements, mais c'est peut-être dans les pays de l'Est, et plus particulièrement en Hongrie, que l'euro et les banques courent le plus de risques. Déjà, l'euro n'a pas la cote dans ces pays, et ceux qui n'ont pas encore adopté l'euro ne sont pas pressés de le faire (1, 2).

Mais de plus, en Hongrie, pays dont la monnaie reste le forint, les banques vont devoir assumer des pertes dues à des emprunts toxiques contractés par des particuliers en francs suisses ou en euros.

 Une information que la grande presse aux mains des groupes financiers ne risque pas de diffuser. Le gouvernement hongrois a décidé de faire plier les établissements bancaires !

En effet, une loi très importante a été adoptée par le parlement hongrois en septembre dernier. Comme le rapporte le journalMinute, cette loi permet désormais aux Hongrois ayant souscrit des crédits en francs suisses, euros ou yens, via des produits financiers complexes de banques étrangères, à effectuer leur remboursement en forints, la monnaie nationale ! Les ménages pourront donc rembourser à un taux de change fixe préférentiel. Les Hongrois ont donc jusqu’au 30 décembre prochain pour déposer leur demande auprès des banques et disposeront ensuite de 60 jours pour effectuer leur remboursement. Les endettés pourraient avoir accès à des crédits en forints pour financer leurs transactions, ce qui reviendra à reconvertir ces crédits dans la monnaie hongroise. Ce sont donc les établissements de crédits qui devront éponger la différence.

Taxe exceptionnelle sur les banques

Depuis sa nomination, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban a décidé de « mettre fin à l’ère des banquiers » afin de « protéger les gens dupés par une pratique qui leur fait porter tous les risques et toutes les pertes ». Comme l’indique le journal Minute, depuis mai 2010, le gouvernement Orban a imposé une taxe exceptionnelle aux banques et aux multinationales étrangères. Le gouvernement hongrois a même réussi à rapatrier 11 milliards d’euros accumulés dans les fonds de pensions étrangers vers les caisses de l’Etat.

Des décisions qui déclenchent la fureur des banques

Cette loi a suscité une vive réaction de la part des banques autrichiennes très impliquées en Hongrie. Et évidemment ce que le système bancaire veut, l’Union européenne (UE) obtempère. L’UE a prévenu que ce projet de loi pourrait être illégal, déséquilibrer le marché du crédit et freiner la faible croissance économique de la Hongrie. Pour l’instant aucune mesure de rétorsion n’a été annoncée par l’UE, mais il y a fort à parier qu’elle devrait arriver dans un deuxième temps.

L’Union européenne et les banques ne veulent pas que cette loi fasse tâche d’huile en Europe

L’UE et les banques n’ont qu’une peur : que les peuples européens prennent conscience que de simples mesures sont en capacité de changer les choses. Avec cette question : qui doit gouverner la destinée d’un Etat, les banques ou le peuple ? Les Hongrois ont choisi de prendre leur destin en mains.

(dépêche du 13 octobre 2011 de l'agence Novopress, libre de reproduction sous réserve d'en indiquer la source)


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