La moralisation du capitalisme à la Sarkozy...
par pas perdus
samedi 17 octobre 2009
Après les shows du G20 et les déclarations de politiciens le cœur sur le main, dont celles de notre cher Président, relayés par les médias dominants et complaisants, on pourrait croire que la moralisation du capitalisme est en marche.
Oui, l’Etat a repris la main invisible, distribuant généreusement l’argent public de tes impôts aux banques et également à certaines entreprises, contre quelques vagues promesses...
Il s’agit, nous dit la droite, de sauver l’emploi en France, en particulier dans l’industrie...
Pour illustrer ce changement économique majeur, cette révolution dans la "gouvernance", nous allons te raconter une petite histoire qui se passe près de chez nous...
Il existe une vieille et compétitive entreprise française, Nexans, leader mondial incontesté sur le marché du câble en excellente santé financière. Elle a dégagé en 2008 une marge opérationnelle nette de 8,9 % (quasiment un exploit dans ce secteur) et réalisé près de 195 millions d’euros de profits.
Comme toutes ses consœurs, elle a souffert du ralentissement économique, mais au regard de sa position et de ses compétences, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour les raisons suivantes :
- L’Etat est devenu cet été son deuxième actionnaire le plus important en lui versant près de 60 millions d’euros, par l’intermédiaire du Fonds stratégique d’investissement (source La Voix du Nord)...
- Les affaires reprennent puisqu’elle a remporté un important marché (source Boursier.com).
Le nouvel actionnaire public, le FSI est donc :
"une solution pragmatique pour faire face à une crise sans précédent. (...) Soutenir le développement des PME prometteuses. (...) Sécuriser le capital d’entreprises stratégiques...L’Etat sera là, aux côtés des industries, pour les accompagner (...) En protégeant les industries françaises, c’est toute l’économie que nous protégeons."(source Gouvernement.fr)
Rassuré-e ?
Pourtant, Nexans s’apprête à licencier 380 salariés en France, fermer le site Chauny (220 licenciements secs), soit son usine la plus moderne et la plus rentable...
L’Etat est l’un des principaux actionnaires d’une entreprise rentable... très rentable... qui licencie... délocalise...
Tel le plus rapace et le plus irresponsable des fonds d’investissement, l’Etat, via le FSI, encourage (en l’espèce en donnant 60 millions d’euros) licenciements et délocalisations, autrement dit la puissance publique favorise une logique financière au détriment de la logique industrielle.
Avec la droite au pouvoir, et Sarkozy qui débite des discours déconnectés de la réalité, l’Etat boursicote en Bourse et se comporte, via le FSI, comme n’importe quel fond d’investissement... voyou !
Dernièrement, on lisait ceci :
David Quillet avait le visage fermé et le moral dans les chaussettes quand il est arrivé lundi soir à la maison des syndicats à Chauny, où il avait convié la presse. Le secrétaire de l’Union locale CGT, porte-parole des Nexans, venait d’apprendre une mauvaise nouvelle : « L’épouse d’un camarade de la tréfilerie a tenté de se suicider ».(Source L’Aisne Nouvelle)
Dans ce genre d’histoire, il y a toujours un petit plus, le détail qui ne laisse prise au doute :
"le FSI connaît d’autant mieux la stratégie de Nexans qu’un des membres du comité exécutif du fonds, Jérôme Gallot, président de CDC Entreprises, filiale de capital-investissement de la Caisse des dépôts, siège au conseil d’administration du leader mondial du câble depuis 2007"(Source L’Humanité)
Le plus inquiétant, c’est que Nexans n’est pas un cas isolé :
A la réflexion, cette moralisation du capitalisme ressemble à une arnaque, non ?