La principauté de Monaco, vitrine technologique ? Anachronique !
par Méric de Saint-Cyr
lundi 16 janvier 2006
Téléphone trop cher, Internet plus cher et trop lent, monopole d’Etat, les retards technologiques de Monaco font de l’ombre à l’image de « paradis » qu’on voudrait donner à ce petit Etat...


Le meilleur moyen de faire savoir les choses, c’est de les dire. D’abord parce que ça va mieux en les disant, ensuite parce qu’il est toujours nécessaire de démystifier les mythes et les légendes.
Il en va ainsi de la principauté de Monaco. État souverain et indépendant, récemment accepté comme nouveau membre au Conseil de l’Europe, comptant 35 000 habitants dont seulement 7000 de nationalité monégasque, les 28 000 autres étant donc des étrangers, dont environ un tiers sont des milliardaires qui bénéficient des avantages fiscaux qu’on sait. Il faut bien préciser qu’à Monaco, tout le monde n’est pas riche, et que les deux tiers de la population travaillent pour vivre. Ça, c’était juste pour situer, mais le propos n’est pas là. On pourrait en effet s’imaginer que dans ce pays « réputé » riche, tout va pour le mieux. Eh bien non ! C’est paradoxalement sur le plan des technologies de communication que Monaco accuse un retard inexplicable (et inexcusable).
Il faut, en effet, savoir que Monaco est probablement le dernier pays d’Europe où le marché de la communication est toujours fermé à la concurrence, et toujours, en dépit des recommandations européennes et de la tendance mondiale, un monopole d’Etat. Incroyable, mais vrai. Comprenez bien les conséquences de cette situation : le résident monégasque qui souhaite un abonnement téléphonique, un abonnement internet ou un abonnement au câble, n’a absolument aucun autre choix que de le contracter auprès de l’unique opérateur, Monaco Telecom.
Or, cet opérateur profite de son statut monopolistique pour pratiquer des tarifs hors concurrence et donc, beaucoup plus élevés que chez nos voisins français ou italiens. Le coût des communications téléphoniques est plus élevé, et Internet est très cher, affichant un rapport performance/prix lamentable. En effet, l’unique offre Internet disponible sur le territoire monégasque se décline en trois options seulement, absolument dérisoires : un abonnement à 512 kbps, un autre à 1024 et le plus « rapide » (qui est aussi le plus cher) à 2048 (avec une promesse de monter à 4 mégas qui tarde à venir) pour la coquette somme de 39 euros par mois ! Alors que notre voisine la France surfe depuis longtemps sur les 8, 15 et 20 mégas, pour deux fois moins cher. Si l’on compare le débit et le prix de l’Internet monégasque à l’Internet français, cela signifie que nous payons actuellement 20 fois plus cher le kbps ! Peut-être qu’une minorité de milliardaires s’en accommode, mais ceux qui, comme moi, sont obligés de travailler pour vivre et utilisent internet pour leur travail se sentent lésés et handicapés par cet énorme retard technologique et cette anomalie structurelle.
C’est une situation d’autant plus insupportable que le territoire monégasque couvre à peine 2 km carrés, une superficie facile à équiper, et que la petite ville française voisine, Beausoleil, bénéficie pourtant de tous les avantages, qui font défaut à Monaco, et que beaucoup revendiquent depuis des années : libre concurrence des opérateurs téléphoniques, vaste choix de fournisseurs d’accès Internet, ADSL réellement rapide, et tarifs régulièrement révisés à la baisse.
Les utilisateurs monégasques, de plus en plus mécontents, commencent à manifester leur grogne, et il faut espérer que le Gouvernement princier finira par les entendre et prendra la salutaire décision de casser une fois pour toutes ce monopole, vestige d’un autre temps et complètement déconnecté de la réalité d’aujourd’hui.
Juste retour des choses, les internautes frustrés de Monaco ont néanmoins pu prendre leur revanche et s’affranchir du téléphone monégasque en utilisant abondamment Skype... Quitte à payer cher l’Internet, autant le rentabiliser ! J’ai personnellement pu ainsi réduire de 250 euros le montant habituel de ma facture téléphonique et, croyez-moi, ça fait du bien !