La refonte du système financier mondial

par Rage
vendredi 14 novembre 2008

Le 15 novembre 2008, les vingt pays les plus industrialisés et influents du monde (G20) se réuniront à Washington pour le 1er « round » d’un long processus de remise à plat du système financier mondial.

Il n’est à n’en pas douter que les membres du G20 aient en face d’eux le choix du siècle à venir entre leur main : feront-ils du système financier la pierre angulaire d’un système voué à s’effondrer sur lui-même miné de l’intérieur par ses propres excès, ou bien auront-ils le courage de « réguler » collectivement la soif des acteurs financiers pour de l’argent facile et finalement, sans commune mesure avec les revenus issus du travail ?

Nous n’en sommes sans doute pas conscients, mais la crise des prêts hypothécaires « subprimes » a ébranlé les fondations même de l’économie « globalisée » telle que nous la connaissons. Le système n’a pas fait que vaciller, il a été touché dans ses racines mêmes par le cumul d’excès tolérés et amplifiés par le silence de ceux qui auraient dû parler.


À l’image d’un malade conscient d’être atteint par le cancer, personne n’a contraint ce dernier à aller consulter.


Aujourd’hui le malade suit une cure d’urgence de tri-thérapie, mais le diagnostic ne permet pas encore de savoir si cela suffira, tant le traitement a été tardif.


La « libéralisation » de l’économie, présentée comme un paradigme a démontré au grand jour ses plus grandes failles : en laissant les lois du marché s’appliquer, la régulation n’est qu’une illusion laissant les plus forts exploiter la naïveté des plus faibles, ceux qui ne savent pas.

L’État s’est avéré être le dernier rempart : il n’y avait plus le choix, le choix avait été fait bien auparavant, en choisissant de se taire.


La crise des « subprimes » fera date, car elle constitue l’amoncellement implacable de preuves et d’agissements tous plus condamnables intellectuellement les uns que les autres, le tout dans une légalité digne du silence accordé au dernier souffle d’un malade attendant sa sentence.

 

1. La chronologie d’un « effet papillon »


L’éclatement de la bulle financière issue de la spéculation sur les nouvelles technologies en 2001, complétée par les faillites retentissantes de WorldCom ou d’Enron, a constitué le point de départ.

Au lieu de réguler les excès de la spéculation et les paradis fiscaux, Alan Greespan, directeur de la Fed et grand « gourou » de la finance mondiale de 2001 préféra baisser les taux à 1 % afin de relancer l’économie américaine dans une frénésie d’emprunt, seule à même de maintenir la sacro-sainte croissance sous perfusion artificielle.


En 2001, l’argent « gratuit » a amené les acteurs économiques et financiers à s’endetter, toujours plus, pour faire jouer « l’effet de levier » à plein : emprunter ce dont on ne dispose pas pour générer un profit supérieur au taux d’emprunt.


Avec ce levier, il ne fallut pas attendre longtemps pour voir arriver sur le marché des acteurs proposant des biens immobiliers « garantis » par la propre valeur du bien et pire encore, sur la hausse spéculative des valeurs.


Tout le monde savait que cela n’avait pas de sens. Et pourtant...

Les banquiers ont été les premiers à oublier leur métier : faire payer un service de « garde » pour les épargnants et prêter l’argent gardé pour des emprunteurs moyennant intérêts rémunérateurs.

Préférant prêter ce dont il ne disposait pas, poussé par une mécanique immobilière, économique et politique qui incitait à aller en ce sens, les banques ont prêté plus que de raison, oubliant la règle de base du banquier :

Vérifier la solvabilité de l’emprunteur sous peine de ne plus pouvoir rembourser les créanciers et de faire faillite, clients avec.


Pire encore, consciente de leurs ex-actions, les banques ont « dissimulé » cet état de fait en « virtualisant » les prêts sous forme de « titres », titres qui eux-mêmes ont été dilués dans des portefeuilles d’actions, de sicav et autres ne permettant en rien aux acheteurs de savoir ce qui se trouvait réellement dans leur portefeuille.


La titrisation a constitué le facteur exponentiel combiné au précédent, le prêt immobilier, sur des montants « colossaux » puisqu’un prêt immobilier couvre une bonne partie de la vie.

La titrisation a été l’illusion des « pseudo-virtuoses-savants » de la finance » qui ont dérivé en jouant de la dérivée.


L’agent insolvable à la racine devenait le « pigeon » sur lequel tout le monde souhaitait se rémunérer, banques d’affaires en tête, mais aussi spéculateurs de tous bords, notamment les « hedge funds ».


Pourquoi ?

D’une part parce que le risque était dilué, mis sous le tapis, caché.

Mais aussi d’autre part parce que privé comme public, tout le monde s’en contentait.


Le système, structurellement malsain et bancal spéculait à l’exponentiel sur des facteurs positifs : il en fallut un seul, et un seul, pour tout renverser : l’insolvabilité des ménages américains.


La faiblesse structurelle d’une économie « classique » a fini par rattraper les États-Unis, bien aidée par une politique suicidaire menée par l’administration Bush. Surendettés, les États-Unis et les Américains ont commencé à défaillir, entraînant des ventes, la chute des cours, etc.


Vous connaissez la suite, jusqu’en 2007, là où il aurait été encore possible d’agir, puis jusqu’en septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers et la « peur frénétique » du marché à voir partir en fumée à une vitesse exponentiellement plus forte toute l’illusion construite depuis 2001.

 

2. La liberté d’être libéral ou la loi de l’opportunisme de fait


Un modèle libéral « pur » aurait laissé les banques faillir, le système s’effondrer sur lui-même, occasionnant rachats à bon compte, purge des places bancaires, mais aussi faillites de petits porteurs et syndrome « 1929 », c’est-à-dire de revoir non seulement la récession, mais aussi une grande dépression poindre son nez.


Par peur de cet état de fait, les « libéraux » se sont assis simultanément sur tous leurs dogmes, assénés avec force et vigueur depuis des années :

Non seulement l’État devint, par son statut « d’économiquement infaillible (ne peut pas être en faillite) » le dernier recours pour recapitaliser et soutenir les banques, mais en plus l’Etat se devait d’intervenir vite et fort là où quelques jours auparavant les caisses étaient vides.

Plus fort encore, là où l’économie aurait dû se réguler d’elle-même, il fallut d’un coup d’un seul intervenir, quitte à briser le pacte de stabilité européen, quitte à admette clairement que la titrisation était une erreur fondamentale, que les caisses pouvaient ne pas être vides suivant l’enjeu, que la « compartimentation des marchés » était aussi virtuelle que les crises se transmettaient simultanément d’un point à un autre de la planète via les places boursières.


Bref, on vient d’asséner au monde en quelques jours une contre-vérité qui n’a semble-t-il choqué personne : le système qu’on vous vend depuis soixante ans est une vaste supercherie qui permet à ceux qui en connaissent les arcanes d’en tirer un profit maximal, pour des risques minimaux et le tout sans contact avec la « plèbe » inconsciente des sommes maniées.


Pourquoi exploiter les gens de force quand on peut le faire avec leur assentiment ?


Pourquoi payer correctement les salariés quand ils peuvent accepter moins pour produire plus, générant plus de profit tout en acceptant des contraintes plus fortes par peur de l’autre (délocalisation) ou de demain (chômage) ? 


Le capitalisme économique a pris un virage dans les années 1970 pour devenir un capitalisme financier entraînant de fait les économies réelles dans une course au profit dont le seul but était et est encore d’alimenter les spéculations du marché boursier.

Ce système s’est perfectionné, ou plutôt libéralisé, avec le temps, engageant d’une part avec l’arrivée d’internet l’effet « instantané », mais aussi « tout le temps 24/24 heures » avec les places boursières mondiales et surtout « moutonnier de masse ».

Avec le temps, les cours de bourse sont devenus aussi peu corrélés avec les résultats réels d’une entreprise qu’ils sont devenus corrélés à l’effet « tendanciel » et plus exactement spéculatif du jour : si l’indice plonge, tout le monde plonge, même ceux qui vont bien. L’inversement est tout aussi vrai, traduisant une véritable spéculation à l’ultra court terme, à l’inverse même de la logique boursière : on place de l’argent dans le temps pour alimenter les fonds d’investissement des entreprises.


Le « Day-trading » a cassé cette logique.


Libéral également quand il s’agit de s’appuyer sur des paradis fiscaux pour réaliser des transactions, payer les impôts et déclarer les dettes aux Etats « conciliants ».

Libéral également quand il s’agit d’attribuer des rémunérations hors de raison à des équipes encadrantes pour bonnes et loyales faillites, le tout en toute légalité : paraît-il que sinon il n’y aurait personne pour remplacer ces « brillants » stratèges.


Libéral enfin quand l’ensemble des acteurs du marché, tous sans exceptions, ont suivi et soutenu des taux bas, des prêteurs fous, des banques cupides, des agences de notation juges et partis, des banques centrales conciliantes et des États bonne poire.


Libéral, jusqu’au moment où il faut payer l’addition.


3. Concentrer les profits, mutualiser les pertes


Il ne s’agit pas de confronter public et privé, libéral ou social, ou même de pointer du doigt des responsables.


Le système, composé d’individus de tous niveaux, est responsable de cette situation parce que tout a été fait pour que les agents aient tout intérêt à jouer les excès du marché.


Les acteurs immobiliers ont profité des hausses de prix pour faire de la transaction et de la marge, les banques pour prêter et facturer des intérêts, les banques financières à partager les rentes des titres avec leurs actionnaires, les spéculateurs à jouer la carte de cette tendance folle, etc.


Mais, dans un jeu, il faut des règles.


Le grand absent aujourd’hui, c’est le régulateur, le « maître du jeu ».


Les médias ou les politiques veulent faire croire que le monde est géré, normalisé, sous « contrôle », mais cela n’est qu’une illusion pour assurer la stabilité du système dans le temps.


Personne ne peut prouver qu’une rémunération a un caractère scientifique, logique ou arithmétique : personne, et pas même un PDG, ne peut justifier gagner 100 000 fois le Smic sans, quelque part, se mentir ou pire encore, s’évaluer hors de toute proportion.

Personne ne peut dire que la bourse est aujourd’hui un système logique, et qu’il y a une différence fondamentale entre la bourse et un simple casino géant à ciel ouvert.


Les fondements mêmes du marché sont structurellement imparfaits, inégaux, injustes et même le plus souvent carrément illogiques.


Pourquoi ? Parce que le système mondial n’a pas été créé sur un moule homogène.

Parce que tant qu’il y aura des paradis fiscaux, tant qu’il y aura une concurrence non libre et non faussée (donc imparfaite), tant qu’il y aura pour simplifier une diversité d’acteurs non fédérés autour de règles communes, ceux qui connaîtront les failles du système pourront s’enrichir à ses dépens.


Quels risques encourt-on lors d’un délit d’initié ? Même Forgeard, avec des preuves flagrantes, s’est barré avec le magot d’EADS. Tchuruk et Russo ont ruiné Alcatel : cela ne les empêchera pas de vivre comme des rois et de partir avec le pactole.


Tant qu’il n’y aura pas une régulation forte, une table de loi ou un flic au-dessus du lot, la régulation ne sera qu’une illusion dans le titre.

 

4. Du G20 du 15/11/08 à l’après-subprimes : l’occasion ou jamais de changer les règles


Changer les règles pour plusieurs raisons :

- Redonner du sens et du crédit au système

- Briser les excès

- Enrayer une crise économique conséquente qui pourrait s’avérer profonde et durable

- Éviter que le dernier maillon ne tombe : que les États eux-mêmes viennent à être tellement endettés qu’ils soient, et les individus eux-mêmes, en faillite.


Les propositions doivent être simples et focaliser sur 3 principaux acteurs :

- Les banques

- Les États

- Les « agents » de la finance


Pour que la crise financière ne se traduise pas par de vains discours d’intentions (type Toulon), l’intervention d’une instance mondiale regroupant les principaux acteurs mondiaux est nécessaire. Qu’il s’agisse du FMI ou d’une autre instance internationale, l’enjeu consiste à élaborer, mettre en œuvre et faire appliquer des dispositions fortes pour réguler le marché mondial et le purger de ses nombreux excès.



Dix propositions déterminantes me semblent cruciales à graver dans le marbre :



  1. S’attaquer aux paradis fiscaux


La crise donne aux États un formidable levier par le simple fait de tenir les banques « par les couilles » et l’argent injecté. La condition sine qua non à l’injection de liquidités (ou de garanties) pourrait être de contraindre, collectivement, les établissements bancaires à subir certaines règles comme le fait que les garanties ne couvrent pas les dépôts en paradis fiscaux. Cela pourrait aussi se traduire par une imposition « indirecte », venant se substituer à l’imposition locale par l’identification des sources de provenance.

Enfin, on pourrait pousser dans le sens de bilans comptables et d’imposition « géolocalisés », une banque ne pouvant faire 100 % de son chiffre hors paradis fiscal et y déclarer ces mêmes 100 %. Cela aurait également pour vertu de faire baisser les profits faramineux, donc les rémunérations du même type tout en rabattant de nouvelles ressources pour les finances publiques.


Une action coordonnée de « transparence » sur les activités des établissements bancaires, notamment pour les paradis fiscaux pourrait être le départ d’une opération « monsieur propre » cassant ces « trous noirs » financiers.



  1. Casser le « Day-Trading »


La bourse n’a de sens que si les investisseurs placent de l’argent sur la durée pour alimenter les entreprises en « cash » pour leurs investissements.

Le Day-Trading ne respecte pas cette logique et amène des spéculateurs opportunistes qui utilisent la volatilité comme levier de profit, générant de l’instabilité et de l’effet moutonnier.


Casser le Day-Trading peut se traduire simplement : impossible de vendre une action achetée sans l’avoir détenu au moins une certaine durée (24 heures, 7 jours, 1 mois) afin de replacer les investisseurs dans une logique plus « moyen terme » et une stratégie plus effective. Le spéculateur n’ira plus se risquer sur n’importe quoi et retrouvera un minimum d’analyse « économique » de fond qui ramènera les fluctuations boursières à des réalités économiques effectives, ainsi qu’une dissociation des cours aujourd’hui mise à mal.


Cela peut aussi se réaliser en jouant sur le levier « fiscal » en taxant les transactions réalisés avant 7 jours à 80 %, avant 30 jours à 50 % et au-delà au niveau actuel de 28 %, voire à en dessous au-delà de 3 ans pour inciter à « jouer sur le long terme ».



  1. Casser l’effet levier « emprunt et/ou vente à découvert » prisé par les Hedges Funds


La vente à découvert est tellement vertueuse qu’elle a été interdite lors des jours de krachs.

Elle consiste à vendre ce que l’on ne possède pas, c’est-à-dire à spéculer à la baisse.

Cette technique de « Day-Tradind » est particulièrement dévastatrice à la baisse parce qu’elle entraîne le marché à la purge jusqu’au moment où tout le monde est tellement perdant que les actions redeviennent « bon marché voire à prix d’or ».

La vente à découvert est donc un facteur d’aggravation et de spéculation malsain à briser, d’autant plus que seuls les institutionnels peuvent en user.


Parallèlement, l’effet levier consistant à emprunter pour « placer » devrait être purement et simplement interdit : les établissements bancaires ne devraient pas pouvoir prêter pour placer sur un « aléa » aussi fort qu’un cours de bourse.


Les « Hedge Funds » doivent être régulés : en agissant sur les leviers le marché pourrait être assaini de ces acteurs « vampires » qui exposent in fine l’individu peu averti (notamment les retraités par capitalisation américains).


  1. Réformer les agences de notation


Standard & Poors, Moodies, Fitch sont des agences de notation... mais aussi des établissements d’investissement.

Par conséquent, leur rôle d’impartialité est d’autant plus fortement nuancé qu’elles sont elles-mêmes parties prenantes du marché, mais aussi sollicitées et payées par les entreprises elles-mêmes pour assurer une notation !


Les Agences de notation peuvent évoluer vers 2 solutions :

- Soit elles sont nationalisées et la notation devient une affaire publique afin d’assurer une neutralité effective, mais cela nécessite un niveau « mondial ».

- Soit elles restent privées, mais ne peuvent en aucun cas être juge et parti. Ce qui signifie qu’il faut agir sur la transparence, mais aussi sur le redimensionnement de leur activité : analyser et noter par obligation légale, en toute indépendance.

 

  1. Encadrer les rémunérations


La rémunération des gouvernances d’entreprise n’est plus acceptable.

Quand on parle de rémunération, il y a le salaire fixe, plafonnable, et la part variable (difficilement plafonnable), mais qui peut être limitée par diverses règles dont :

- La limitation en volume et en nombre des stocks-options allouables aux cadres d’entreprises. Ces stocks-options pourraient du reste être fiscalement plus lourdement frappées, surtout au-delà des certains plafonds à déterminer.

- Le conditionnement et le plafonnement des goldens parachutes.

- L’interdiction des « goldens hellos » trop facilement mobilisables par « copinage ».

- Le conditionnement de toute prime aux résultats économiques ET sociaux de l’entreprise, c’est-à-dire qu’une entreprise qui perd de l’argent et licencie ne pourra en aucun cas verser des primes.

Cet encadrement doit être défini par des normes claires dans le loi, avec des plafonds, des % fourchettes, une distinction entre pertes et bénéfices faibles (notamment pour les délocalisations) ainsi que toute autre disposition contraignant les cadres - PDG à évoluer dans des fourchettes de rémunération moins stratosphérique qu’aujourd’hui.


  1. Changer les normes comptables


La valorisation d’une entreprise à la « juste valeur » l’expose à son cours de bourse. Si le cours de bourse s’effondre, le bilan des actifs fait de même, fragilisant les établissements bancaires et les exposant à la faillite suivant leur fond propre du moment.

D’autres ajustements seront également nécessaires, mais dissocier cours de bourse et actif pourrait permettre de « sauver » des entreprises piégées par leur valorisation à un instant T.


  1. Imposer à nouveau aux banques des règles du jeu


Les banques doivent obéir à des règles simples, mais dimensionnantes pour la vie « publique ». Il s’agit notamment de déterminer, comme en France, un degré de solvabilité des ménages.

Encadrer les prêts : la fameuse loi des « 33 % » est certes lourde, mais elle permet d’écarter les insolvables des prêts qu’ils ne pourront rembourser.


Certains appellent cela une rigidité : considérons cela comme un garde-fou.


Pour que cette règle soit pleinement efficace, elle doit également s’imposer aux établissements de crédits et se compléter de la mise au point d’une instance nationale de connaissance du « cumul de crédits » réalisés par certains individus.

En pouvant dresser l’encours des dettes d’un agent par exemple via la Banque de France, il serait possible pour tout établissement de savoir ou non le degré de solvabilité d’un demandeur.


Une autre règle pourrait être imposée sur la « transparence » des produits en déterminant avec exactitude le contenu de titres de certains produits, voire à limiter leur nombre pour simplifier leur composition ou tout simplement le paysage.


Une autre règle encore pourrait imposer un niveau d’encours (dépôts) plus élevé qu’actuellement (9 %) afin de limiter l’exposition des établissements bancaires et garantir les épargnants (et donc éviter aux États de se substituer dangereusement aux défaillances des établissements).


Des règles internes pourraient également s’ajouter, notamment concernant le contrôle des activités de trading (back-office), le contrôle ou tout simplement la mise au clair des marchés de produit dérivé par la mise en place d’une autorité de « notariat enregistrant tous les mouvements » pour mieux identifier qui fait quoi avec quoi (rôle des chambres de compensation).


 

  1. Huiler la machine à liquidités : réformer le marché interbancaire


La machine du prêt « interbancaire » s’est grippée à partir de l’instant où les banques se sont méfiées les unes des autres. La Fed et la BCE agissant alors en vain en pompiers.


Cette méfiance issue de la méconnaissance du degré de « solvabilité » des établissements bancaires entre eux traduit une véritable opacité sur la santé réelle des banques : que détiennent-elles, quels sont leurs dépôts…

Mais le vrai excès à casser c’est le degré d’endettement qu’elles peuvent endosser : certains établissements peuvent, en jouant là aussi sur un effet levier emprunter sur ce marché jusqu’à trente fois plus que leur réserve réelle de « dépôts », exposant d’autant plus l’établissement s’il ne détient pas d’activité classique type de « détail ».

La Fed et la BCE devraient affirmer en ce sens une double exigence permettant de clarifier le paysage et de redonner de la confiance :

- transparence sur l’état de santé réel des établissements par des ratios-clés ;

- impossibilité totale ou partielle d’utiliser un effet de levier, voire conditionner ce dernier au niveau de dépôt de manière à garantir un degré de solvabilité « tolérable ».


  1. Une nouvelle gouvernance mondiale


Le G7 a vécu. Le FMI est dépassé. L’OMC dégradé. La Fed et la BCE sont usés.

Une nouvelle instance économique internationale de régulation et d’évaluation économique doit regrouper les institutions, élargir ses portes et aborder de nouveaux champs de travail.

Le Forum de stabilité financière, instance peu connue, pourrait assumer ce rôle en lien avec les banques centrales dont le rôle pourrait être également ajusté.


  1. Un système financier qui doit se recentrer sur les réalités économiques réelles


Ce dernier point constitue un point de philosophie majeur des discussions annoncées : la finance doit être comme l’économie au service de l’homme, et non l’inverse.

Mais la finance doit être un pan de l’économie et non l’inverse faute de quoi les inégalités ne cesseront de se creuser entre un monde où l’argent coule à flots et un autre où il faudra se battre pour les miettes.


L’enjeu est bel et bien là, dans le sens que ces échanges vont amener à court, moyen et long terme.

Le quidam ne ressentira sans doute pas directement les conséquences des décisions prises, s’il vient à y en avoir, mais il sera très vite informé du sens tendanciel issu des échanges, avec deux choix très clairs qui s’annoncent :

- des non-choix ou des choix occultant les réalités, laissant alors les excès perdurer et signant par conséquence la chute à terme du système, soit par implosion, soit par explosion sociale ;

- des choix forts de régulation permettant – enfin – de donner de la « proportion » à la sphère financière, de la redistribution et de relancer à moyen terme une croissance plus rationnelle, mais aussi plus durable.


Finalement l’équation finale est simple comme une pièce de monnaie :

Pile, on signe à nouveau pour renouveler avec des rustines un système voué à l’effondrement.

Face, on regarde la réalité en face et on l’affronte par des décisions dimensionnantes.


Plus les décisions seront rapides et fortes, moins la crise économique durera.

A l’inverse, 2008 n’aura été qu’un apéritif.


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