La spirale infernale de la capitalisation bidon

par Robert Bibeau
jeudi 27 février 2014

 La crise systémique du mode d’économie politique commence habituellement par la surproduction de marchandises – une surproduction relative s’entend – la surproduction des produits en fonction d’un marché solvable ($). Pendant ce temps, des centaines de millions d’humains n’ont pas accès au minimum vital...

 

La crise systémique expliquée aux ouvriers

La crise systémique du mode d’économie politique commence habituellement par la surproduction de marchandises – une surproduction relative s’entend – la surproduction des produits en fonction d’un marché solvable ($). Pendant ce temps, des centaines de millions d’humains n’ont pas accès au minimum vital pour survivre et se reproduire. Mais comme ces pauvres n’ont pas de quoi payer, ils ne constituent pas un marché. Le marché solvable (crédit y compris) se rétrécit, même en Occident, suite aux ponctions effectuées par l’État (taxes, droits, impôts), additionnées à la diminution des dépenses de l’État, celles destinées à la population et à la reproduction de la force de travail. L’appareil de commercialisation trouve de moins en moins de marchés pour les marchandises à écouler qui s’entassent dans les entrepôts. C’est la surproduction de produits au milieu de la pénurie des appauvris dans ce monde endormi.

Pourquoi cette résurgence soudaine de la surproduction ? Qui ou quoi amorce chaque nouvelle crise de surproduction ? C’est que l’économie capitaliste n’est aucunement planifiée. La main invisible du marché est une main anarchique, sensible au profit maximum, quel que soit le prix à payer. La production augmente dans les secteurs occasionnellement profitables pour des raisons cycliques. Ainsi, les profits sont plus élevés dans certains secteurs de l’économie – là où la productivité est momentanément élevée, le plus souvent pour le motif d’une éphémère innovation technologique, grâce à un nouveau procédé de fabrication, suite à des cadences de travail plus intenses, par le prolongement de la journée de travail. Mais toutes ces tactiques pour maintenir les taux de profits élevés sont rapidement imitées par les concurrents si bien que l’accumulation de plus-value relative ne dure pas et tous les concurrents se retrouvent sur le même pied à se disputer les mêmes marchés saturés.

À l’étape suivante, les usines de production de biens de consommation courants réduisent leur production et licencient tout comme les distributeurs, les entreprises de transport, les grossistes et les détaillants, ceux-ci réduisant leur consommation entraînent les monopoles de fourniture d’énergie et de matière première dans leurs déconvenues. Elles aussi congédient et réduisent leur production. Ça fait bien des clients qui se retrouvent soudain à la rue avec des revenus restreints ce qui les amène à réduire leur train de vie et à accentuer la chute de la consommation et de la surproduction.

La financiarisation de l’économie impérialiste moderne

À moins que (?) même sans revenu suffisant, ces clients puissent acheter et consommer comme avant. Peut-on entraver l’affaissement des marchés en les maintenant artificiellement élevés par l’étalement des emprunts à crédit (à intérêt composé) ? Pour un temps certainement. Les banques le démontrent chaque jour avec leur crédit à la consommation débridé. Mais tout cela n’a qu’un temps, jusqu’au jour où le père Fouettard passe par là percevoir sa livre de sang, fini le bon temps du « tout à crédit ».

Désespérer les banques centrales des pays impérialistes s’y sont jetées, et elles se sont mises à propager la monnaie inflationniste augmentant démesurément la masse monétaire nationale et internationale. Nous traitons ici des grandes monnaies (Dollar, Euro, Yen, Yuan) qui régulent les monnaies des pays dépendants, ces petits pays capitalistes vivant sous l’impérialisme. Ainsi, le franc CFA d’Afrique francophone (15 pays africains dépendants) est attaché à l’euro et subit tous les contretemps qu’encaisse l’euro et il en est de même des autres monnaies nationales dont les pays font commerce avec l’une ou l’autre des grandes puissances mondiales (dollar canadien et autres).

Les banques privées d’affaires et d’épargnes, à partir de ces émissions de monnaies centrales produisent-elles aussi de la monnaie (c’est l’effet levier). Les banques privées monnayent leurs créances et créent ainsi d’autre argent, car toute opération de crédit est une opération de création de monnaie (1). Les marchés sont bientôt inondés de liquidité ce qui entraîne la chute des taux d’intérêt sur l’argent et réduit les rendements des placements (à taux fixe-déterminé ce sont les obligations – à taux anticipé, ce sont les actions).

Tout se tient dans cette économie anarchique vampirisée par le fric. Cet afflux continu de monnaie accumulée entre de moins en moins de mains monopolistes financières garanties la spéculation boursière – le spéculateur n’ayant souvent même pas à débourser son paiement avant de revendre ses actifs pour encaisser son profit (utopique) et réinvestir dans une aventure spéculative encore plus utopique et lucrative et ainsi empocher davantage de profits à haut rendement évanescent, car adossé à du vent.

Ces investissements à haut rendement accroissent davantage la masse monétaire en circulation ce qui réduit d’autant les profits sur les placements boursiers et gonfle la bulle sur le point d’éclater. La bourse s’affole et s’envole alors la production s’étiole, l’emploi diminue, la consommation stagne d’où les investissements productifs (machineries et moyens de production, matières premières et énergie) régressent, car les profits anticipés sont trop risqués à la fois parce que la consommation diminue – les marchés se contractent – ainsi que les investissements en moyens de production et en forces productives sont si importants que les rendements sur l’argent s’effondrent. Il devient alors plus intéressant en terme de rendement sur l’argent de spéculer sur les marchés, sur du vent, plutôt que sur les céréales, le blé, les matières premières et l’énergie. Ce sont les cocktails d’actifs toxiques et les montages financiers « titrisés » sulfureux voués aux gémonies qui se répandent sur le marché boursier, question de surfer sur l’envolée des indices factices. C’est ce que les économistes à la solde appellent la financiarisation de l’économie sans pouvoir ni l’expliquer ni surtout la contrée car c’est une loi incontournable de l’économie politique capitaliste.

La tertiarisation de l’économie impérialiste moderne

La tertiarisation de l’économie et de l’emploi est la résultante de la financiarisation de l’économie impérialiste. La tertiarisation de l’économie est elle-même une conséquence de la monétarisation des échanges. Reprenons à l’envers la chaîne des conséquences. La financiarisation de l’économie – la monétarisation des échanges a eu pour conséquence de renforcer le fétichisme de l’argent, d’accroître de façon incommensurable la quantité de monnaie en circulation au point qu’au stade impérialiste du capitalisme l’argent produit de l’argent sans passer par le cycle de la production de marchandise, en d’autres termes sans passer par le circuit de valorisation du capital.

Nous le réitérons, dans ce circuit parallèle l’argent produit de l’argent en tant que marchandise – mais une marchandise qui perd petit à petit sa valeur symbolique « représentative » d’une valeur marchande réelle (marchandises concrètes). Trop d’argent se retrouve soudainement à poursuivre trop peu de marchandises ce qui dévaluent cette marchandise particulière qu’est la monnaie-argent-crédit. L’ultime aboutissement sera le jour où comme en Allemagne en 1930 quand il fallait une brouette entière de marks dévalués pour acheter un kilo de beurre inexistant (car entretemps la surproduction s’était transformée en pénurie).

Contrairement à ce que prétend la gauche réformiste, cet aboutissement n’est pas voulu ni souhaité par les banquiers. Ce résultat inespéré est la conséquence des lois de fonctionnement obligées de l’économie capitaliste tétanisée – la loi de la propriété privée des moyens de production – la loi de la recherche du profit maximum – la loi de la dégradation de la composition organique du capital – la loi de la baisse du taux social moyen de profit – et la loi de l’enrayement du processus de valorisation du capital. Nul économiste, ni chef politique, ni capitaliste, ni pseudo-socialiste ne peut empêcher ces lois de diriger l’économie capitaliste vers la crise dont ils chercheront un jour à s’extirper en engageant la destruction de forces productives et de moyens de production par une crise ou pires par une guerre génocidaire.

Fin de la première partie. Semaine prochaine La crise expliquée en deux équations. Pour information » » http://www.robertbibeau.ca/Palestin...

 


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