Le bûcher des vanités

par Michel Santi
lundi 2 août 2010

Nous célébrons en ce mois d’Août 2010 les trois ans de la crise financière la plus pernicieuse depuis la Grande Dépression et pourtant, en cet été 2010, les marchés règnent plus que jamais en maîtres incontestés. Rien de nouveau donc sur ce font même si nous, citoyens moyens, avons été considérablement appauvris et sinistrés par un système financier dont la taille dépasse toujours les capacités de production de nos économies. Comment s’étonner que les liquidités excessives goulûment crées par nos Etats et incapables de se loger dans une économie aux habits décidément trop étroits aillent se blottir dans les marchés financiers pour faire le bonheur des spéculateurs ? Les constructions financières ne seraient-elles que des châteaux de cartes donnant aux investisseurs et aux spéculateurs l’illusion de la richesse ?

Qu’à cela ne tienne : l’hémorragie du système financier et les saignées boursières seront encore et toujours stoppées avec l’argent du contribuable car le destin du citoyen moyen est de sauver le spéculateur… Il est en effet écrit que les Etats dépenseront sans compter dès lors qu’il s’agira de stabiliser le système financier tandis qu’au même moment le budget des ménages devra subir des réductions drastiques ! Qui aura le cran de brider un système financier de moins en moins corrélé à l’activité économique réelle ? Nos Gouvernements ont offert au système financier un parachute en or massif pendant que les intervenants de l’économie réelle, eux, se débattent dans leur triste réalité. Ou quand l’Etat se retrouve lui aussi – comme le spéculateur – déconnecté des réalités d’un quotidien qui voit le citoyen moyen lutter pour conserver son niveau de vie, son pouvoir d’achat ou tout simplement son emploi…

Que sont devenues les déclarations teintées d’emphase de nos dirigeants politiques promettant de réformer un Wall Street aux sources de toutes les nuisances de Main Street ? Ces injections de liquidités massives, ces stimuli Keynésiens mis en place de manière spectaculaire et sans nulle hésitation n’auront-ils représenté au final qu’un impôt déguisé prélevé sur des familles et sur des employeurs exsangues ? Quid de l’éloquence de certains de nos Chefs d’Etats si prompts à faire le procès d’une Finance et d’un libéralisme forcenés et avides de profits immoraux ? Et pourquoi ces mêmes dirigeants Européens s’aplatissent-ils maintenant face à des agences de notation hier vilipendées (avec raison) mais dont on espère aujourd’hui ardemment qu’elle maintiendront notre notation ?

L’expansion du système financier devra impérativement être freinée car il est certain qu’elle empiète sur l’économie et sur ses cycles d’activité. Ces crises financières qui se suivent et qui se ressemblent ont une capacité de nuisance évidente sur nos entreprises et sur l’emploi car le capitalisme livré à lui-même est par nature instable. De plus, c’est dans ses phases de prospérité qu’il est le plus dangereux car ces périodes sont propices aux prises de risques excessives et nos économies ne peuvent éternellement tanguer par la faute d’un système intrinsèquement instable.
 

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