Le capitalisme dictatorial
par Michel Santi
mercredi 28 octobre 2009
Monsieur Bernanke ne serait-il qu’un charlatan qui, au chevet d’un grand malade ( les Etats-Unis ), lui appliquerait un calmant au lieu d’une chirurgie - certes douloureuse dans un premier temps - mais qui permettrait l’amputation salvatrice de la gangrène de l’endettement ? La dette étant une distorsion - ou une malformation pour reprendre l’imagerie médicale -, elle devrait donc entraver - ou handicaper - tout autant le débiteur que le créancier...
Colmatées par cette boulimie Etatique, les hémorragies de l’automne 2008 provoquées par l’endettement privé et institutionnel conjugué à de l’effet de levier - ayant abouti à quelques faillites spectaculaires - ont porté l’appellation de "deleveraging ". Pourtant, le deleveraging - le vrai - n’a pas encore eu lieu car les pertes ont toutes été reportées aux bilans des Etats ! Elles sont l’hommage rendu par nos Etats au système financier et le cadeau empoisonné que nos dirigeants réservent à nos enfants et petits-enfants.
Pour reprendre l’expression de Roubini, nos Etats perpétuent " un système où les profits sont privatisés et les pertes socialisées " !
Pourquoi le Gouvernement Américain refuse-t-il de divulguer publiquement - pas même au Congrès des Etats-Unis ! - qui sont les heureux bénéficiaires des milliards de dollars d’aides prodiguées ( bailout ) sur les deniers publics … faisant ainsi dire au Parlementaire US Dennis Kucinich : " La Réserve Fédérale n’est pas plus fédérale que Federal Express"... ? La montée en puissance d’une oligarchie dominant le pouvoir politique n’a-t-elle pas étouffé il y a plusieurs mois toute tentative de régulation du secteur financier ?
En réalité, il serait grossier de qualifier l’activisme et la sollicitude de nos Gouvernements du terme banal - et rassurant - de "nationalisations". Le scénario qui se joue sous nos yeux est en effet autrement plus fin : c’est le système financier - ainsi que les grandes corporations - qui prennent le contrôle de nos Gouvernements ! L’alliance contractée entre un secteur institutionnel hyper concentré et un pouvoir politique de plus en plus autoritaire et policé accouche progressivement d’une idéologie qu’il serait impropre de décrire comme un " socialisme pour les riches" (Stiglitz).
Après tout, Hitler avait noué un partenariat lucratif avec Mercedes Benz qu’il n’a jamais nationalisé.
Après tout, Mussolini vantait " la fusion de l’Etat et du pouvoir des entreprises (1)".
Lorsque le contribuable se met à rendre des comptes aux intérêts et aux grosses entreprises privés, lorsque les profits sont privatisés mais que c’est la collectivité qui doit assumer les pertes, alors le fascisme s’installe.