Le chômage en France n’est pas uniquement le fait de la crise

par urbanoptic
jeudi 8 avril 2010

Après les élections régionales, la perspective 2012 se profile pour les futurs candidats.

Bien entendu la crise a certainement aggravé une situation qui s’est installée durablement depuis les années 80 dans notre pays. Même s’il faut prendre en compte quelques épisodiques redressements de situation enregistrés ça et là, on peut attribuer ces occasionnels reculs à l’efficacité des dispositifs d’aide à l’insertion mis en place le plus souvent par les politiques de gauche dans le passé.
 
En effet, il semble qu’en France depuis près de 3 décennies, l’assistance de l’Etat pour favoriser l’accès à l’emploi des jeunes paraisse la seule voie qui permette de faire reculer le chômage de cette catégorie. Indubitablement il fallait bien s’attendre à voir un jour ou l’autre les plus âgés à leur tour frappés par ce fléau destructeur d’énergie et d’optimisme populaire qu’est le chômage.
 
On a trop souvent tendance à se pencher sur la question du trou de la Sécurité Sociale ou de la dette publique en négligeant inconsciemment la difficulté des entreprises françaises à s’installer durablement dans la prospérité parce que nous français, avons une fâcheuse tendance à tout dissocier en s’acharnant sur les maux plutôt que sur leurs causes.
 
Seulement il suffit quelquefois de prendre le temps de sortir de ces mécanismes intellectuels systématiques, pour s’apercevoir qu’en dehors de ces formules toutes faites, il y a à partir de toute décision prise, des répercussions favorables ou défavorables sur la vie quotidienne des administrés.
 
En politique, le résultat se mesure inévitablement lors des divers scrutins démocratiques organisés à chaque échéance électorale. Ce fut le cas lors des dernières élections et une majorité de français se sont exprimés clairement en leur âme et conscience pour accorder à la gauche unie une victoire sans bavure. Bien entendu les discussions vont bon train sur les raisons probables de l’échec d’un côté et celles de la victoire de l’autre.
 
Toutefois, pour l’électeur que je suis l’inquiétude demeure, car au-delà de cette soirée spectacle où l’on voit membres de partis et candidats s’affronter verbalement en direct sur le petit écran, que restera-t-il par la suite ? En 2007 la droite a tiré à boulet rouge sur la gauche et plus particulièrement sur sa politique sociale. Il était dit que la réduction du temps de travail par exemple, avait été le grand coupable de la diminution du pouvoir d’achat des Français. Fallait-il vraiment accuser les 35 heures d’être à l’origine de la baisse des salaires ?
 
Le vrai fautif n’était-il tout simplement pas les conditions de travail des français qui depuis plus de trente ans n’ont cessé de se dégrader avec une absence de plus en plus flagrante de leur évolution de carrière. Où est donc passé le temps où on passait de simple employé à Chef de service, voire même directeur d’un département professionnel ? Où est passé le temps où on pouvait passer de l’établi au bureau après avoir montré sa capacité à développer ses aptitudes théoriques en autodidacte au service administratif de l’entreprise. Où est passé le temps où les plus âgés quittaient heureux leur poste en fin de carrière, satisfaits d’avoir pu gravir les échelons en laissant leur place à un assistant de confiance capable de relever le défi ? Où est passé le temps où les plus jeunes voyaient partir leurs ainés les mains chargées de cadeaux et l’assurance qu’ils toucheraient une retraite confortable bien méritée, grâce à la reconnaissance qu’on leur témoignait pour leur générosité auprès de chacun des nouveaux employés arrivés dans l’entreprise ?
 
Autrefois on pouvait au moins projeter l’avenir avec optimisme, parce que l’on évoluait professionnellement et par conséquent socialement aussi. En travaillant quelques années, il était alors possible de prendre un appartement plus grand pour agrandir la famille. Lorsqu’on devenait des employés confirmés, cela se ressentait sur le salaire et la qualification, on pouvait envisager de longues carrières au sein de la société.
 
Parallèlement à cela ce sont les banques qui se réjouissaient de l’évolution sociale de leur client et accordaient plus facilement leur confiance pour concrétiser leurs projets. Il était alors moins pénible d’obtenir un crédit pour acheter une nouvelle voiture ou son appartement. Evidemment il y avait de la misère on ne peut le nier, mais elle n’était pas à ce point visible et tellement agressive à chaque carrefour de nos villes.
 
Certes, la question du paiement des retraites et du remboursement des frais de santé se pose aujourd’hui et on prétend que c’est à cause de la longévité des assurés. N’est-ce pas tout simplement la raison de la différence entre le nombre de cotisants et celle des assurés qui crée les déficits ? Le système social des Français est un des meilleurs au monde, mais il est très mal financé. Ce n’est à mon avis pas l’augmentation des années de versement qui rendra ce système plus équilibré ou moins déficitaire. C’est l’augmentation des cotisants jeunes et moins jeunes avec la compétition des entreprises face au challenge international qui permettra de redémarrer la machine économique et la consommation des ménages. L’établissement des recettes sociales et fiscales se feront systématiquement avec la relance de la croissance économique ainsi que le développement individuel et collectif.
 
Bref, plutôt que de rechercher des rustines sociales pour tenter de régler les crises interminables, essayons de se poser la question de savoir pourquoi notre industrie est en panne, pourquoi nos jeunes ont moins envie de fonder une famille, pourquoi le patrimoine français est en danger, pourquoi il faille construire autant de logements sociaux et aussi peu de propriétés privées et enfin pourquoi les foyers français sont de plus en plus pauvres et les bâtisseurs aussi peu sollicités ? Si les femmes et les hommes politiques se mettaient à se pencher un peu plus sur ces questions fondamentales, je serais un peu plus optimiste pour l’avenir. Nous sommes certainement nombreux à avoir les mêmes soucis.
 
Alex LONY

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