Le complexe de la compétitivité

par Jean-Paul Foscarvel
mardi 30 octobre 2012

Des pigeons au grand patronat, le monde financiaro-industriel crie au manque de compétitivité en France, afin de mieux pressurer le salariat, déjà exsangue.

Comme si la crise venait d’un manque de compétitivité des entreprises. On nous ressort les mêmes arguments depuis les années quatre-vingt, et à chaque tour de vis, le chômage augmente, la misère s’accroît, les déficits publics grimpent, et les profits des entreprises soi-disant non compétitives battent des records.

Quelque chose ne va pas dans ce discours.

Quel est l’enjeu de ces lobbyistes du pire ?

L’enjeu est simple et unique : accroître encore davantage leurs profits, dégager toujours plus de marges pour les dividendes, augmenter sans cesse leurs avoirs, faire fructifier leurs acquis.

Mais tout cela, sans prendre en compte les conséquences humaines, sociales, sociétales et finalement la ruine des nations.

Mais l’infinie richesse d’une infime minorité justifie la ruine programmée des États.

Face à l’inertie du PS, des syndicats, tétanisés par la crise, et sans explicitation de ces mécanismes, le tour destructeur que prennent les événements demande une riposte de la population, à la fois des salariés, mais aussi des chômeurs, des déracinés du système et de tous ceux qui se retrouvent dans des situations qui peuvent être dramatiques.

Vu les décisions antisociales à venir, nous allons être toujours plus à nous retrouver dans l’inextricable de vies détruites, lézardées, atomisées, en souffrance.

Mais la souffrance comme point commun ne constitue hélas pas une solidarité, parfois même crée l’animosité entre les victimes des mêmes maux.

C’est pourtant la seule voie.

Les changements politiques n’ont servi à rien, le mouvement populaire est « out », des socialistes de pacotille ont gagné peurs portefeuilles et n’en font rien d’autre que de poursuivre, de plus ou moins bon gré, qui a pour base la casse du droit du travail, et la privatisation générale des services publics. Au nom d’une compétitivité que les mêmes ont par ailleurs poussé en avant, avec l’ouverture sans limites aux marchés les plus prédateurs.

La sidérurgie est un exemple frappant. C’est fabius qui a été un des instigateurs de la modernisation de la sidérurgie française, qui passait par des fermetures, des licenciements, des mise à pieds. L’ouverture à tout prix a ensuite consisté à vendre les relicats de haute technologie à l’indien Mittal, donc à ne plus être maître de notre des tin en terme industriel. Bien entendu, les aides empochées, celui-ci s’est retiré en fermant tout.

À force d’être ouverts et compétitifs, nous sommes totalement démunis. Mais des économistes du système nous expliqueront que c’était la meilleure solution possible.

Ce sont les capitalistes les plus durs qui du passé font table rase. Après leur passage, il ne reste qu’un champs de ruines, et des grands communicants qui expliquent que c’était la meilleure solution possible.

Au nom de la compétitivité, les laboratoires pharmaceutiques ne vérifient pas suffisamment les efffets secondaires de leurs médicaments, les industriels phytosaniaires mettent sur le marché des produits nuisibles pour la faune, la flore, et finalemnet le consommateur lui-même, l’industrie agro-industrielle transforme les campagnes en zones hautement contaminées, et fournit des produits qui peuvent se révéler toxiques, les transporteurs choississent la route plutôt que le rail, polluant les villes, et les campagnes, et faisant de la route un champ de luttes entre particuliers et transporteurs, augmentant par là le taux d’accidents de façon drastique, les hôpitaux n’ont plus pour but de soigner des malades, mais d’optimiser le remplissage des lits, oubliant la déontologie élémentaire.

La lente dégradation de l’état général des choses qui se déroule sous nos yeux est la conséquence directe de cette recherche sans fin de productivité. Car celle-ci se réalise à travers la pression sur les salariés, qui ne peuvent plus remplir correctement leurs tâches, et la dégradation des services aux usagers, cachée par un discours dans lequel la recherche de la qualité supposée être au centre des préoccupations se traduit par une dureté des contrats dans laquelle se noie l’usager, et une communication où le réel n’a plus sa place. Il suffit de devoir faire une réclamation, par exemple à un opérateur de téléphone, pour s’en convaincre.

La face cachée de la compétitivité est donc la priorité absolue donnée aux seuls actionnaires, car la vraie compétition se situe à ce niveau, le pourcentage de dividende conféré à l’action. Tout le reste n’est qu’un miroir porté aux yeux des victimes afin qu’ils continuent de croire en la pérennité du système qui les broie.

« Avec Croisement je positive » et surtout je ne cherche pas à savoir comment sont réalisées les marges parfois exorbitantes, qui coulent les petits fournisseurs.

Car dans le terme compétitivité se cache également une inégalité entre ceux qui décident et ceux qui sont décidés. En gros entre ceux qui font et ceux qui font faire.

Dans ce système, pour gagner, il faut ne pas faire, mais faire faire. Comme sous la monarchie, plus on est proche du travail réel, moins on gagne. Plus on est dans l’organisationnel, dans le marketing, plus on gagne. Le système fonctionne comme une pyramide d’exploitation, où celui qui fait, celui qui sait, celui qui conçoit, est dans les souspentes du système.

Celui qui ne sait rien, ne fait rien, ne conçoit rien, se situe au dessus. Car la seule chose qui a de la valeur financière aujourd’hui, est la capacité de manipulation.

Nous arrivons à une société où seuls les managers sont reconnus, en fait se reconnaissent entre eux, aidés par une machine à décerveler l’humanité, le système médiatique.

Lorsque les ressources énergétiques seront épuisées, les capacités de production démantelées, les sols détruits, il restera encore une ressource que le système usera jusqu’à son extinction, l’intelligence. Lorsqu’elle aura vécu, alors la recherche à tout prix de la compétitivité aura devant elle son œuvre ultime : la fin de la civilisation.

 

Face à cela, il nous faut énoncer un concept qui soit capable de dépasser le problème de la compétitivité.

Il y a eu le développement durable ; mais la réinterprétation par le système a conduit à bien des dérives, et Total lui-même finit par se réclamer du développement durable. La question est alors : durable combien de temps ? il finit par cacher sa vraie nature, la croissance éphémère.

Au-delà de l’économie qui sert les intérêts des profiteurs (sans notin morale, seulement ceux qui réalisent du profit), il faut aller vers l’humain, dans son rapport avec lui-même, mais aussi l’atre, qu’il soit un autre humain, ou de façon plus étendue, l’environnement.

Une notion à creuser serait alors celle de la pertinence humaine. À savoir qu’est-ce qui est pertinent pour l’homme, et l’humanité dans son ensemble.

On peut voir alors que la compétitivité n’est pas une notion pertinente dans la mesure où elle ne nous aide pas à dégager des axes pérennes pour nous-mêmes, mais également efficaces : la compétitivité ne permet pas d’être efficace sur le plan humain.

La pertinence humaine ouvre la voie par exemple à une réflexion de fond sur l’utilité du privé, entre la liberté d’un seul et celle du plus grand nombre dans le cadre de l’entreprise privée, ou l’implication de la société dans les décisions d’organismes démocratiques.

Si l’entreprise privée n’est pas la plus optimale quant à la pertinence humaine, ans la mesure où son objectif principal n’a rien à voir avec le bien commun, les structures à mettre en place seront forcément variées, liées aux besoins de la population par exemple pour un hôpital, ou à un ordre plus global pour les ressources énergétiques.

La notion de pertinence humaine met aussi le doigt sur des anomalies, comme celle de choisir une ressource énergétique risquée et éphémère, comme le nucléaire, pour répondre à des besoins dont certains sont peut-être contournables (comme la climatisation).

Reste que cette notion, comme d’autres, doit être mise au service de la population elle-même, et non d’un élite qui œuvre pour son seul bien être, et détourne par la manipulation la notion ou le concept pour continuer sa domination (voir les notions de gouvernance, de développement durable, ou de qualité dans les entreprises).


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