Le Contrat Social, le grand oublié du Capitalisme

par Katia-C
jeudi 27 octobre 2011

  Les trois grands penseurs du contrat social, Hobbes, Locke et Rousseau, bien que leurs théories divergent sur plusieurs point, se rejoignent cependant sur une chose : Le contrat social se base sur un échange volontaire des deux partis. Il semblerait pourtant que le Capitalisme en tant que système de subsistance généralisé ait pris le pas sur les modalités du pacte "convenues" entre les deux partis.

  Nous posons nous encore la question de savoir pourquoi l'Etat ? Pourquoi obéir à une entité, pour beaucoup assez abstraite et qui peut exercer sur nous une force coercitive presque sans limite ? Pourquoi nous conformer à tout ceci et qu'y gagnons nous réellement ?

  Les trois penseurs cités plus haut nous proposent ceci : Pour Hobbes, à l'Etat de Nature, "l'homme est un loup pour l'homme", car tout homme, dans son état de nature, aurait un droit absolu sur chaque chose. Nous vivrions donc dans une constante insécurité s'il n'y avait l'Etat pour assurer notre protection que ce soit par la force coércitive ou législative. Prenons note du fait que chez Hobbes, le souverain est une force absolue déliée de toute obligation. Nous passerions donc un pacte d'aliénation politique, dans lequel nous sacrifierions tous notre liberté naturelle au profit de la sécurité.

  Locke quant à lui nous dit que l'Homme, dans son état de nature, fait preuve d'une sociabilité naturelle. Dans cet état il aurait tous les droits : droit à la propriété, droit à la vie, droit de se faire justice lui même... Le problème est de savoir comment garantir le droit naturel de l'Homme à la propriété. Chaque individu passe alors un pacte social avec le souverain, abandonnant uniquement le droit de punir en échange d'une garantie de son droit à la propriété. Mais l'Etat dans ce cas de figure est une puissance publique garantissant les droits naturels des individu, il ne s'agit pas d'un pouvoir absolu et Locke introduit par la même le principe de désobéissance civile.

  Chez Rousseau, les hommes jouissent de la liberté et des droits naturels dans leur état de nature, cependant, des conflits entre les hommes sont nés et les forts, esclaves de leurs passions et de leurs impulsions, oppriment les faibles. Il faut donc trouver une alternative civile à l'état de nature, un équivalent civil à la liberté naturelle, trouver un moyen de conjuguer liberté et obéissance. Pour ce faire, les hommes doivent obéir à des lois qu'ils se sont eux-mêmes fixé. Le pacte social est cristallisé par la majorité qui permet de dégager la volonté générale. Dans ce cas de figure l'Etat est la souveraineté populaire qui oeuvre pour la liberté et l'égalité. L'Etat est le peuple, chaque citoyen doit en toute logique se plier à ses lois.

  Ce récapitulatif était nécéssaire pour comprendre comment le choix d'une économie, qui a pour but la subsistance des individus a pu transcender le pacte premier passé entre les hommes et leurs dirigeants. 

  Nous pouvons éventuellement concevoir, que le capitalisme comme il était pratiqué au XIXème, puisse ne pas entrer en conflit avec les trois théories du contrat social. En effet, selon la théorie hobbesienne, dès lors que la sécurité des hommes est garantie, le choix de l'économie ou des questions politiques sont à l'entière discrétion du souverain. Chez Locke et Rousseau, le principe de désobéissance civile ayant été introduit, si le peuple ne se rebelle pas, il donne son accord, même de manière tacite, qui ne dit mot conscent. De plus les facteurs spatiaux-temporels et technologiques de l'époque régulent de fait le capitalisme.

  Il en est tout autrement pour le capitalisme du XXIème siècle, appelons-le capitalisme financier. Dans ce cas de figure, lorsque le peuple se rebelle, s'estimant lésé par le système économique mis en place, lorsqu'il trouble l'ordre public en usant de son droit à la désobéissance civile, il s'aperçoit avec dépit que sa manoeuvre est vaine. Le regroupement, pas uniquement des moyens de productions mais également du capital sont aux mains d'entreprises privées ou d'organismes supra-gouvernementaux (FMI, BM...) qui jouissent par la même du pouvoir décisionnel puisque les Etats jouissent en comparaison de trop peu de capital pour que leur opinion (théoriquement celle du peuple), pèse dans la balance. Les Etats, s'étant laissés submerger par les accords passés avec le secteur privé, ils leur ont sacrifié leur souveraineté et par la même la responsabilité qu'ils avaient face à leur citoyens. Le contrat social est nullifié car le peuple n'a plus d'emprise sur l'Etat, et même s'il en avait, l'Etat se verrait dans l'incapacité de le satisfaire. Même le contrat hobbesien se voit nullifié car le souverain devient le secteur privé, qui n'est nullement contraint d'assurer la sécurité de la population.

  Il est clair qu'aujourd'hui notre droit à la désobéissance civile n'est plus qu'un leurre s'il conteste les fondements économiques d'un Etat, et il serait incontestablement vain. Faudrait-il alors revenir à un capitalisme d'Etat, dans lequel l'Etat jouirait de tous les moyens de production et par relation de cause à effet du capital, afin qu'il puisse redistribuer ce capital à la population ? Dans la période trouble que nous traversons, certains pourraient appeler ça du communisme.


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