Le dérisoire buzz protectionniste de Donald Trump

par Laurent Herblay
samedi 28 avril 2018

Le président des Etats-Unis n’a pas été un héros de télé-réalité pour rien. Il aime ce qui fait parler, agiter l’écume, sans se soucier le moins du monde du fond des choses. Après deux ans de bruits protectionnistes, la comparaison avec la réalité des mesures prises, notamment sur l’acier, par-delà les annonces bruyantes, montre qu’en matière de protectionnisme aussi, Trump n’est pas à prendre au sérieux.

 

La politique économiques, façon clash et buzz
 
La réaction apeurée des marchés en mars aux annonces protectionnistes du président des Etats-Unis en dit long sur la superficialité du monde financier. En effet, depuis le début, Donald Trump dit souvent tout et son contraire, notamment en matière économique. Il dit vouloir protéger les classes populaires, mais s’il est un point sur lequel il reste à peu près cohérent, c’est dans la prise de mesures favorables aux entreprises et aux plus riches. Déjà, dans la campagne, il avait tenu des discours contradictoires sur le salaire minimum. Et s’il parle de protectionnisme, en revanche, pas grand-chose de concret n’a été mis en place, le président se contentant de quelques dérisoires tweets il y quinze mois.
 
On en vient presque à se demander si cela vaut mieux que rien tellement il a suffi aux entreprises visées d’annonces souvent totalement dérisoires pour s’en sortir. Le cas de l’acier offre un nouvel exemple de la superficialité crasse de Donald Trump. Pour qui rentre un peu dans le détail des dernières annonces de mars, difficile de ne pas être saisi par le grand écart entre le bruit provoqué et la réalité des mesures. En effet, Challenges rappellait que, fin mars, le Canada, le Brésil, la Corée du Sud, le Mexique, l’Australie, l’Argentine, et les pays de l’UE sont exemptés de ces taxes. Le parallèle avec les statistiques d’importation d’acier du pays démontre la superficialité des annonces.
 
 
Car le Canada, le Brésil, la Corée du Sud et le Mexique représentent à eux seuls la moitié des importations d’acier des Etats-Unis. Au bas mot, on peut estimer que près des deux tiers des importations ne seront pas visées, d’autant plus que l’on peut imaginer que le monde des affaires saura argumenter pour rajouter de nouvelles exemptions du fait du péril que cela représenterait pour les industries consommatrices d’acier, comme le dit The Economist. En clair, pas grand chose ne changera, le monde des affaires va continuer à fonctionner comme avant, mais le président des Etats-Unis pourra se glorifier d’avoir mis en place des droits de douane totalement dérisoires sur des cibles dérisoires.
 
Il ne faut sans doute pas voir autre chose dans les annonces de guerre commerciale avec la Chine. Déjà, le fait de ne viser que 60 milliards de dollars de produits, pour un déficit bilatéral de plus de 300 milliards, en disait long sur la superficialité des annonces. Bien sûr, l’excité du réseau social a annoncé début avril qu’il pourrait augmenter l’addition de 100 milliards, mais le monde est de plus en plus habitué à ses foucades et on peut parier que plus le temps passera, plus le monde relativisera ses annonces davantage dignes d’une cour de récréation que du dirigeant d’un grand pays. D’ailleurs, l’évolution du Dow Jones depuis son élection démontre que les milieux des affaires lui font confiance.
 
 
La mécanique Trump, ce sont quelques foucades politiquement incorrectes qui déclenchent des torrents de commentaires aussi superficiels que lui et qui oublient de vérifier la réalité de ses mesures. Du coup, si la forme a changé, le fond reste tout aussi détestable, une politique qui renforce les déséquilibres oligo-libéraux au détriment même de certains de ses électeurs, à nouveau dupés.

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