Le diable est dans le détail

par Michel Santi
jeudi 12 février 2009

Face au Congrès, le nouveau Secrétaire d’Etat US au Trésor, Tim Geithner, a stigmatisé avec véhémence et mépris son prédécesseur il y a quelques jours à l’occasion de son discours de présentation du plan de stabilité financière de la nouvelle administration Obama. Trop peu, trop tard, a ainsi déclaré en substance Geithner qui ne s’est donc pas étonné de la dégradation de la situation.

Pourtant, au survol de ce plan adopté tout récemment par les Parlementaires Américains, serait-on tenté de dire : " More of the same " ? En d’autres termes, Geithner et consorts ne risquent-ils pas de tomber dans le même piège que la précédente administration car les faits sont là : Aucune nouveauté révolutionnaire derrière la rhétorique agressive et dynamique de Geithner !


Certes, des capitaux supplémentaires sont bien consacrés aux banques en difficultés, le solde résiduel du TARP ( Troubled Asset Relief Programme ) étant affecté en même temps que des capitaux privés à la création de la fameuse Banque Zombie qui reprendra les actifs toxiques. Un montant de l’ordre de 1’000 milliards de dollars est également mis à la disposition de la Réserve Fédérale afin de procéder à des achats de créances douteuses censés ressusciter le processus de titrisation qui constitue l’épine dorsale du marché du crédit aux Etats-Unis. Pourtant, ce projet existait déjà - au moins dans ses grandes lignes - sous Paulson, prédécesseur de Geithner...

Ce plan de stabilité financière ne ramènera vraisemblablement pas à la vie un marché du crédit exsangue : M. Geithner aurait dû prendre plus de risques si son objectif était réellement l’émergence de banques nouvelles - en tout cas saines - qui remettent en selle les opérations de prêts/emprunts. Par ailleurs, les deniers du contribuable Américain - d’ores et déjà rudement mis à l’épreuve - devraient être mis à profit afin de nationaliser certains établissements, de les restructurer et de les assainir dans le double objectif de remettre de l’ordre dans le marché du crédit et de les revendre ultérieurement avec bénéfices...Les Américains sont certes farouchement opposés au concept de nationalisation mais le flot de liquidités gouvernementales massives déjà injectées dans le système bancaire équivaut à une nationalisation de facto de la grande majorité des établissements financiers US, sans pour autant que ces sommes n’autorisent un quelconque contrôle public sur ces mêmes établissements.

En fait, les marchés - désappointés par la nouvelle administration dont ils espéraient tant - sont parfaitement conscients qu’un élément fondamental de la Banque Zombie n’a toujours pas été évalué à sa juste mesure, à savoir le prix de rachat de ces fameuses créances toxiques. Cette problématique demeure du reste inchangée depuis des mois, le Gouvernement Bush n’y ayant pas apporté de réponse satisfaisante non plus : Un prix trop élevé payé pour l’acquisition de ces papiers-valeurs serait contre l’intérêt des contribuables, un prix trop bas précipiterait la quasi totalité des banques dans la faillite ! La parade trouvée par Geithner et les autorités financières US au pouvoir aujourd’hui étant d’offrir une garantie de valorisation minimale ou plancher susceptible d’attirer les capitaux privés, seuls capables de redresser définitivement l’architecture financière Américaine...

Le diagnostic coule pourtant de source et, du reste, les crises bancaires du passé l’ont bien démontré : Le redressement ne pourra s’effectuer que dès lors que le système aura été complètement désinfecté. La métaphore médicale n’est pas superflue, la confiance ne sera susceptible de se réinstaller que grâce à l’éradication de ce cancer financier qu’est le doute ! Partant de ce constat, il y a fort à craindre que Geithner soit acculé dans les mêmes retranchements - et erreurs - que son prédécesseur : n’agir en dernière extrémité et de manière énergique que sous la pression d’un évènement dramatique. 


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