Le FMI s’est trompé. Pourtant Keynes en 1936 l’avait prévu
par Nemrod
mercredi 9 janvier 2013
L'Huma dans un bien petit article nous rapporte ces propos de l'économiste américain :
"Ce que nous voulons simplement rappeler, c’est que les décisions humaines engageant l’avenir sur le plan personnel, politique ou économique ne peuvent être inspirées par une stricte prévision mathématique, puisque la base d’une telle prévision n’existe pas"
http://www.humanite.fr/social-eco/le-fmi-le-confirme-l-austerite-etait-une-erreur-de-512240
Alors reprenons le rapport d'Olivier Blanchard (photo) qui devraient à lui seul constituer une véritable révolution économique et financière. Pourtant il n'en sera rien. Les grands médias préféreront célébrer les bien autrement attractives déclarations d'acteurs multimilliardaires qui nous font pleurer sur leur misère ou celles d'éléphanteaux risquant l'euthanasie. L'Humanité et le Washington Post en ont parlé mais pas en première page ! France 2 hier soir l’a évoqué.
Pourtant ce rapport d'Olivier Blanchard (document) est celui d'un économiste en chef du FMI. En quarante pages il nous apprend que l'austérité
qui a été « scientifiquement » imposée à toute l'Europe par les plus hautes autorités économiques du monde et de l'Europe (c'est quoi la différence au fait ?) était une énorme erreur, une erreur éléphantesque. Que dit ce rapport ?
- D'abord que le radical et sacro-saint désendettement et le retour indispensable à l'équilibre budgétaire sur lesquels reposent nos politiques viennent d'une erreur mathématique. Rien moins que cela !
- Il nous apprend aussi que le modèle mathématique utilisé (mathématique donc incontestable) comportait une erreur au niveau du « multiplicateur fiscal » (sic).
- Pour illustrer ce que dit le rapport, les prévisions avançaient que lorsqu'on soustrait dans un budget une somme, on retirait cette somme aux pays en question. Mais l'économie n'étant pas une science exacte, comme l'avait dit Keynes, c'est trois fois cette somme qui disparaît. Et cela tient simplement au fait que l'économie c'est de la politique et pas de la science et que donc cette austérité a entraîné des réactions humaines et sociales. Pas la peine de chercher bien loin pour en comprendre les conséquences. Davantage d'austérité a créé l'augmentation du chômage et de la récession.
- Mais cette somme il faut la multiplier par un nombre incalculable, qui est celui des incessantes décisions de cures d'austérité qui nous ont été imposées par les grands savants de l'ordre économique mondial. Ils sont économistes ceux du FMI qui nous sortent des équations truffées d'erreurs et dépourvues de sens humain. Ils nous le disent l'économie est bien trop compliquée pour la plèbe. Qu'importe cette petite erreur, le modèle socio-économique qu’ils nous imposent est juste, puisqu'ils le disent !
Là où le bât blesse, c'est que nous venons de recevoir (et ce n'est pas terminé pour autant) de ces éminentes autorités soigneusement relayées par leurs médias de complaisance, d'incessantes leçons destinées à nous montrer le bien-fondé de cette politique. Nous sommes habitués, c'est ainsi que l'on fait avaler les couleuvres. Mais le plus fort dans tout cela, c'est que personne ne s'est demandé pourquoi le monde allait si mal, avant d'admettre qu'une équation économique était tordue. Imaginons que l'épidémie de sida n'ait pas amené le corps médical à se poser des questions et à rechercher quelle était la cause de cette catastrophe.
Que montre ceci ? C'est que nos sociétés ne sont plus des démocraties, mais qu'elles sont dirigées par des technocrates qui viennent une fois de plus de démontrer leur incompétence aveugle. Mais ne nous inquiétons pas, rien ne changera. Dans une Europe vidée, où la pauvreté, le chômage atteignent des sommets, où l'euro est sauvé chaque semaine et à la dérive chaque semaine qui la suit, les thuriféraires de l'austérité continueront à nous vanter ses bienfaits. On ne change pas une équipe qui gagne puisque les décideurs, par définition, ne peuvent pas se tromper. Oser la contester serait faire preuve de la plus totale ignorance.
Je ne peux m'empêcher de paraphraser Pierre Bourdieu par cette antiphrase : « Ils ont raison même quand ils ont tort et ils disent la vérité même quand ils se trompent ».