Le gouvernement prend aux pauvres pour donner aux riches

par Décoder l’éco
jeudi 17 septembre 2020

 

Dans l’article « qui sont les vrais riches en France », je vous avais montré ce que gagnent les français pour vous prouver que l’on ne peut pas devenir riche en travaillant et en ayant un salaire, mais qu’il faut avoir accumulé du patrimoine, le plus souvent en héritant. Les vrais riches ne travaillent pas pour avoir un salaire, mais perçoivent des revenus du patrimoine, le patrimoine immobilier, le patrimoine en entreprise et le patrimoine financier. Dans les 3 cas, on touche de l’argent chaque mois et on peut acheter et vendre pour faire des plus-values.

Dans l’article « Les réductions d’impôts sont pour les riches », je vous avais montré que les ultra-riches, qui vivent de leur patrimoine, sont ceux qui sont le plus gagnant des réductions d’impôts et que les nouvelles baisses d’impôts mises en place par Emmanuel Macron allait encore plus leur profiter.

La nouvelle étude de l’Insee sur les inégalités en France (https://insee.fr/fr/statistiques/4659174), montre qu’en effet depuis 2017, la politique mise en place a eu pour conséquence d’appauvrir les plus pauvres et d’enrichir les plus riches. La Présidence Macron, c’est Robin des bois mais à l’envers.

Lien vers la vidéo : https://youtu.be/2BttaDjsmXY

Les pauvres sont encore plus pauvres

L’article de l’Insee s’intéresse à ce que l’on appelle le premier décile. Pour bien comprendre qui sont ces gens, imaginez que l’on trie dans l’ordre croissant des revenus tous les ménages français, de ceux qui gagnent le moins à ceux qui gagnent le plus. Ces revenus sont rapportés au nombre de personnes du ménage, pour donner ce qu’on appelle le niveau de vie.

Ensuite on divise toute notre population bien rangée dans l’ordre croissant des revenus en 10. Les 10 % qui gagnent le moins en France gagnent en moyenne 700 € par mois. En fait ça s’étale entre 0 € et 935 € par mois et c’est en moyenne que ça fait 700 € par mois.

Ce 935€ par mois c’est ce qu’on appelle le premier décile. Cette somme sépare les 10% qui gagnent le moins en France des autres.

Dans son étude, l’Insee constate que ce 1er décile baisse en 2018, c’est la courbe verte. Autrement dit les 10% les plus pauvres sont plus pauvres en 2018 qu’en 2017. La courbe rouge montre que pourtant ils gagnent plus de revenus en 2018 qu’en 2017 parce qu’en effet, le chômage à baissé en 2018, notamment du fait de départs en retraite massif de la génération des baby-boomers. Ce qui a fait la baisse de revenus pour les plus pauvres, c’est la baisse des aides aux logements qui a été plus forte que l’augmentation du pouvoir d’achat dû à la baisse du chômage.

Cette baisse des aides au logement, n’a pas pénalisé que les 10% les moins riches, mais a contribué à une baisse de revenus pour les 30% des français qui gagnent le moins.

Le français moyen n’a rien gagné

L’Insee s’intéresse ensuite aux français qui gagnent le salaire médian, c’est-à-dire qui sont au milieu de la distribution des revenus. En France, le salaire médian est de 1700€ par mois. 50 % des gens gagnent plus et 50 % gagnent moins. L’article nous montre que les gens qui gagnent à peu près ce salaire, n’ont pas connu de grand changement en 2018. Sur le graphique, on voit en rouge que leurs revenus ont augmentés avec à la baisse des prélèvements sociaux, mais qu’au final sur ce qu’il leur reste après impôt en vert, ça n’a rien changé, car tout a été compensé par la hausse de la CSG. Donc pour la classe moyenne, on a fait semblant de leur faire un cadeau de la main droite, mais en le reprenant de la main gauche.

Le pire est venu du côté des retraités. Non seulement, le régime général n’a pas été revalorisé, mais en plus la hausse de la CSG leur a fait très mal. La conséquence est à la fois la baisse de leur revenu médian, mais aussi et pour la première fois depuis 2014, l’augmentation du taux de pauvreté des retraités, en particulier chez ceux vivant seul (qui majoritairement rappelons-le, sont des femmes).

Les plus riches le sont toujours plus

En 2018, ce sont les 10% les plus riches qui ont gagné le plus par rapport à 2017.

Si on reprend notre distribution des revenus, les 10 % les plus riches gagent en moyenne 4760€ par mois. Ici on s’intéresse au 9e décile, c’est à dire le revenu qui sépare les 10 % les plus riches, des autres et il est à 3200€ par mois. Si vous êtes seul et que votre salaire après impôts est au-dessus de 3200€ par mois, alors vous faites partie des 10 % des français qui gagnent le plus et aussi parmi ceux qui ont le plus gagné depuis la Présidence d’Emmanuel Macron. L’article précise qu’il aurait fallu aller un peu plus loin car, comme dit dans la vidéo sur les impôts, quand on parle des 10% les plus riches, il y a à l’intérieur encore beaucoup de français qui gagnent leur vie en travaillant et en ayant un salaire. Pour trouver les vrais supers-riches, il faut regarder plus finement, notamment les 0,1% les plus riches. En France les 0,1 % les plus riches gagnent tous plus de 22 360€ par mois et ce sont eux, les vrais gagnant des réformes d’Emmanuel Macron. Déjà dans l’article Insee, on regarde du côté des 5% les plus riches pour voir que l’augmentation de leur niveau de vie a été encore plus forte que ceux qui sont autour des 10% les plus riches. Cette augmentation est due à ce que rapporte leur patrimoine et surtout les dividendes qui battent des records tous les ans depuis qu’Emmanuel Macron est au pouvoir. À ce titre la réforme de l’ISF qui ne touche plus aux dividendes n’a rapporté de l’argent qu’au 5% les plus riches. Si vous êtes au niveau des 10%, vous ne faites pas partie de l’élite macronienne qui a droit aux cadeaux fiscaux les plus juteux, dommage.

Les écarts se creusent la pauvreté s’étend

On l’a vu les riches sont plus riches et les pauvres sont plus pauvres. En 2018, ce n’est pas dû à la conjoncture économique, mais à des choix politiques. Baisse des prestations logements, augmentation de la CSG d’un côté, baisse de l’ISF et des cotisations sociales de l’autre. Pour mesurer ces écarts de revenus dans la population, on utilise ce qu’on appelle l’indice de GINI.

Plus cet indice est haut et plus le pays est dans une situation inégalitaire. Le pic d’inégalités en France a été atteint pendant la crise de 2008. À cette période, les plus pauvres avaient été le plus touché par le chômage. Grâce à la politique de redistribution française, notre pays est celui en Europe qui avait le mieux résisté au choc. Cependant on voit que depuis 2017, la France reprend le chemin des inégalités alors que la période de conjoncture économique était favorable. Cela signifie, qu’avec la crise du coronavirus, on va partir de beaucoup plus haut en termes d’inégalités que ce qu’on a vécu en 2008. Les choix politiques qui ont été faits risquent de rendre la casse beaucoup plus forte.

 


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