Le libéralisme est de gauche !

par Florent C.
mardi 29 avril 2008

La mesure LME, sous couvert de « libéralisme », démontre une nouvelle fois les penchants conservateurs du gouvernement.

Une mesure de pouvoir d’achat (loi de modernisation de l’économie "LME") provoquant l’acclamation des Edouard Leclerc et autres propriétaires de chaînes d’hyper et la grogne des producteurs et de l’association de consommateurs "Que choisir", voici un événement qui mérite quelque interrogation, une semaine après le second volet du cours d’économie du Pr Jambon pointant du doigt les méchants distributeurs français.

Une fois encore, cette loi démontre la lecture hémiplégique du rapport Attali par le gouvernement qui préconisait dans la décision 13 de l’Ambition "Supprimer les rentes, réduire les privilèges et favoriser la mobilité" d’"aider les fournisseurs et commerçants indépendants à entrer dans le jeu de la concurrence tout en restaurant complètement la liberté des prix et d’installation".

La loi LME préconise, en effet, un retour à une liberté totale de négociation qui serait salutaire dans un contexte de saine concurrence, mais qui s’avérera dévastateur dans une situation où, contrairement à l’Allemagne, les hypermarchés sont en situation de quasi-monopole sur leur territoire respectif, protégés par une restriction d’installation (à peine touchée par la mesure LME, alors que le rapport Attali en préconisait une suppression totale).

C’est un peu comme si on permettait aux médecins, protégés par numérus clausus, de décider complètement de leurs tarifs, comme si on privatisait les autoroutes ou bien comme si on permettait de transmettre des patrimoines de génération en génération sans restriction de succession... bref tout le contraire de la fameuse Ambition 5 d’Attali !

Et "Que choisir" fait la même erreur que l’ensemble des partis de gauche en stigmatisant une mesure libérale, car c’est bien du contraire dont souffre le gouvernement : l’absence de libéralisme et l’excès de conservatisme qui mène à conforter des situations acquises.

Une critique efficace de son action consisterait, au contraire, à démontrer que les mesures prises tendent à fausser le marché, limiter la concurrence (comme le veto présidentiel à la 4e licence de téléphonie) et ainsi réduire les opportunités de mobilité sociale !

Une analyse éclairée de la situation montrerait comment la droite, au cours du XIXe siècle s’est emparée de la notion de libéralisme, résumant celle-ci à une "loi transcendantale du marché" en faveur d’un patronat capitaliste triomphant. Elle montrerait également comment les banques centrales en maintenant sous perfusion un système financier (dit libéral) à la dérive participe au non-renouvellement de ses acteurs.

Une posture vraiment innovante, et tellement en accord avec l’histoire des Lumières, consisterait à revendiquer que le libéralisme est bien de gauche, en ce sens qu’une véritable méritocratie bénéficie nécessairement à ceux qui subissent les injustices des situations établies (Alberto Alesina, Harvard University, Le Libéralisme est-il de gauche ?).

Mais comment partager cette opinion dans un système politique qui, lui-même, organise la protection des fiefs électoraux et la conservation des positions acquises, au profit d’un débat stérile entre privilégiés craintifs et privilégiés envieux ?


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