Le libre au delà de l’économie standard
par IceFinger
jeudi 26 août 2010
Pour l’individu, cela signifie l’accès à la culture, à la connaissance, la liberté de choisir, la liberté de créer. Pour l’artiste, cela peu s’avérer très lucratif, car le public devient potentiellement illimité. Je ne donnerai que l’exemple de la chanson du dimanche. Leur musique n’est pas libre, mais la diffusion gratuite et massive de leurs œuvres leur a offert un succès sûr et des salles de concert complètes. La vente de produits dérivés et de l’image est, et a toujours été le principal revenu des artistes. La diffusion libre et massive de la culture stimule la création, même cinématographique, comme en témoigne la fréquentation des salles [14] (à mettre en parallèle avec l’évolution du téléchargement illégal). La licence libre principale pour les œuvres est la licence Creative Commons [11], offrant un éventail de possibilités (autorisation de modification, commercialisation, conservation obligatoire des conditions) tout en assurant la paternité et la protection juridique nécessaire.
Le particulier, mais surtout l’entreprise et l’état, ont tout à gagner à soutenir et investir dans le libre. Ainsi la mutualisation des moyens pour le développement informatique [13] libre leur permet un développement rapide et efficace des moyens de développement. Il est inutile de réinventer le traitement de texte ou les logiciels de comptabilité comme il est inutile de réinventer la roue. De plus cela leur offre un dynamisme et une adaptabilité supérieurs. Les entreprises peuvent alors concentrer leurs efforts et leur concurrence sur leur originalité et leur production de richesse à proprement parler.
Le logiciel libre est aujourd’hui bien avancé (OpenOffice, Linux etc. [7] sous licence BSD, GPL... [9,10]), mais le mécanisme peut et va bien plus loin car il touche notamment le domaine du savoir et des technologies. Pour le savoir encyclopédique, des projets tel que Wikipédia [15] (eux aussi sous Creative Commons[11]), existe et fournissent aux particuliers ainsi qu’aux entreprises un accès simple et efficace au savoir. Le résultat de la recherche peut elle aussi être libre en utilisant par exemple la licence science common [18]. L’intérêt pour la recherche publique est évidente (Le LHC soutien et publie sous Science Commons [16]), mais est plus subtile pour le privé. Il s’agit encore d’une mutualisation des moyens, semblable à celle du logiciel libre [13], mais dans la recherche appliquée. Les secrets de fabrication d’une machine, d’une voiture où d’un ordinateur restent entiers, il est question ici du coté fondamental (électronique quantique, mécanique où science des matériaux). Les intérêts sont alors multiples :
- Une disponibilité des logiciel et des technologies stimulant la création d’entreprise (le monopole par l’accaparement n’est plus possible, seule l’originalité et la qualité de production fait la différence)
- Un fort dynamisme et une adaptabilité assurant la pérennité des secteurs. Si les conditions changent (changement climatique, appauvrissement des ressources), alors tout le secteur est capable d’agir rapidement et ensemble (énergies renouvellables, mode de production durable...).
La société, mais surtout la démocratie et la liberté, ont eux aussi tout à y gagner. Sachant par exemple que le logiciel libre doit être livré avec son code source (son « ADN »), l’utilisateur, avec un minimum de compétences, peut alors vérifier et savoir ce qui se passe et comment ça se passe. Ainsi l’indépendance informatique des individus et des états devient réelle car ils peuvent contrôler le logiciel livré.
L’accès à l’information, la connaissance et la culture permettent une meilleure compréhension du monde, et donc une intervention démocratique plus pertinente du citoyen. Les exemples sont multiples et parfois complexes, pour illustrer, nous utiliseront le cas des semences. L’accaparement par brevet et les monopoles en découlant mettent en difficulté les cultivateurs (indépendants ou non), et les rendent très dépendants de grandes firmes (cas de l’association kokopelli [19]). Une semence non brevetée, car très ancienne ou très peu connue, est en danger, mais elle peut et doit être protégée. Afin qu’elle conserve sa qualité de patrimoine public, une organisation utiliserait alors une licence de type Science Commons [18]. Elle resterait dans le patrimoine public, exploitable et échangeable sans limite. Par ailleurs cette organisation peut accessoirement recevoir des investissements d’exploitants pour la recherche de nouvelles semences sans contrainte économique (cas de mutualisation par la demande [13]).
Voilà une description brève et non exhaustive du monde du libre et de ce qu’il nous offre. Mais le libre implique du changement. Face à ce changement deux comportements sont possibles : résister ou participer. L’état et l’Europe ont décidé de résister au travers de la Directive 2001/29/CE et de la loi Hadopi [,]. L’hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet) propose, sous le couvert de la protection du droit d’auteur, de surveiller le transit sur internet, d’identifier les contrevenants via leur adresse IP (Très discutable car variable et substituable), et condamner à la suspension de connexion, 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende, le tout sans présomption d’innocence. Le coupable pourra alors fournir son matériel pour une analyse approfondie, et éventuellement obtenir l’annulation de la condamnation. Ces procédés sont en soi très discutables car la surveillance de l’information et le viol de la présomption d’innocence s’opposent aux concepts de liberté, de droit et de démocratie français, mais le projet n’est pas terminé. Ainsi une consultation publique demandée à M. Riguidel [21] par l’HADOPI sur ``le projet de spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation’’ propose un support logiciel (par injonction) à l’utilisateur d’un accès internet. Il consiste en l’observation en temps réel (sans enregistrement) des flux et protocoles, de l’enregistrement des choix de l’utilisateur (laisser faire ou bloquer), de la configuration informatique (connexion, logiciels installés, logiciels en fonctionnement) le tout sur une double journalisation (crypté et non crypté), toutes deux identiques. La clef de cryptage est confiée à un tiers de confiance. Ces analyses sont basées sur trois listes au sens clair : noire, blanche et grise.
La dernière fonction, mais non des moindres, est la coordination des DRM (Digital Rights Maneagement) permettant aux labels de contrôler, après vente et toujours sous le couvert de protection de droit d’auteur, le support et les restrictions du contenu [22,23], et recueillent pour cela des informations en continu. En somme savoir où, comment, quand et qui regarde quoi. Il va sans dire que ces procédés ne sont pas dangereux que pour le monde du libre, mais sont aussi tout à fait liberticides, et mettent le citoyen sous la surveillance serrée de l’état, mais aussi des entreprises privées. Dans cette article, nous verrons dans le détail le nécessaire à la compréhension de l’évolution récente de la gestion au sens le plus moderne moderne de la culture et des connaissances, ses conséquences, et les dangers l’entourant, car si la lutte contre le libre réussie, la société moderne perdra cinquinte ans.
Bibliographie du document :
Creative commons, licence : http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr/. 2 Wikipédia.
Article sur l’os unix : http://fr.wikipedia.org/wiki/UNIX. 3 Communauté francophone des utilisateurs d’Ubuntu :.
http://www.ubuntu-fr.org/. 4 Communauté francophone Fedora :.
http://www.fedora-fr.org/. 5 Mozilla Europe :.
http://www.mozilla-europe.org/fr/firefox/. 6 Sun :.
http://www.konqueror.org/. 7 OpenOffice.
Suite bureautique libre : http://fr.openoffice.org/. 8 Free Software foundation :.
http://www.fsf.org/. 9 Wikipédia.
Article sur la licence BSD : http://fr.wikipedia.org/wiki/BSD. 10 Wikipédia.
Article sur la licence GPL : http://fr.wikipedia.org/wiki/Licence_publique_g 11 Creative Commons.
Licence libre pour les œeuvres : http://fr.creativecommons.org/. 12 Apache Software.
Exemple d’application professionnelle du libre : http://httpd.apache.org/. 13 François Élie.
Economie du logiciel libre.
Eyrolles. 14 Le journal des finances.
Article sur la fréquentation des salles de 1980 à 2009 : http://www.jdf.com/societes/2010/03/05/02035-20100305ARTJDF00085-le-cinema-un-secteur-encore-plein-de-promesses.php. 15 Wikipédia.
Encyclopédie libre et participative : http://fr.wikipedia.org/wiki/Main_Page. 16 CERN.
Annonce du soutient de creative commons : http://creativecommons.org/weblog/entry/22736. 17 Arxiv.
Articles scientifiques en prépublication et libre d’accès : http://arxiv.org/. 18 Science Commons.
Licence libre pour les sciences : http://sciencecommons.org/. 19 Kokopelli.
Association de libération et d’échange autour des semences : http://www.kokopelli.asso.fr/. 20 Wikipedia.
Article la loi dadvsi : http://fr.wikipedia.org/wiki/DADVSI. 21 Télécom ParisTech.
Curriculum-vitae de M. Riguidel : http://www.infres.enst.fr/wp/riguidel/. 22 Wikipédia.
Article sur les DRM : http://fr.wikipedia.org/wiki/Gestion_des_droits_num 23 UltraViolet.
Exemple de GDN : http://www.uvvu.com/home.html.