Les propositions du patronat sur l’emploi sont enfin sorties. Initialement programmées pour les universités d’été d’août, puis mi-septembre, les évènements politiques et le souci de ne pas prendre la majorité de front ont poussé Pierre Gattaz a temporisé, sur la forme, mais pas le fond.
Laisser faire et moins disant
Comme le note bien le Monde, «
au final, malgré les reports de présentation, le document sur le fond n’a connu que des changements mineurs ». Et même si Pierre Gattaz a tenu à faire préciser sur le compte Twitter du Medef que «
nous ne remettons en cause ni le SMIC ni les 35 Heures », la réalité est toute autre. En effet, le Medef propose de donner la liberté aux entreprises de fixer le temps de travail, en accord avec les syndicats, sans dépasser néanmoins 48 heures par semaine, Pierre Gattaz ayant précisé qu’il ne voulait pas revenir à l’âge de pierre… Juste au 19
ème siècle ? Car malgré tout, cela pourrait représenter plus de 30% de temps de travail supplémentaire, et il n’est pas totalement évident que dans leur esprit les salaires seraient ajustés de manière totalement proportionnelle.
En outre, si le Medef ne demande pas une baisse du SMIC, il propose que l’Etat en prenne une partie à sa charge pour les chômeurs de longue durée et insiste encore sur la compétitivité,
le mot au nom duquel on casse les salaires partout, y compris chez Air France. Suivent une multitude d’idées très néolibérales :
suppression de deux jours fériés, facilitation du travail du dimanche, assouplissement du droit du travail, remise en cause de l’ISF, alors que les inégalités de patrimoine ne cessent d’augmenter. Bref, rien de nouveau sous le soleil : toujours plus de laisser faire, moins d’Etat et de règles et course au moins disant dans tous les domaines. Dommage qu’on ne lui fasse pas suffisamment remarquer que cela est exactement le chemin que l’on prend depuis 30 ans,
avec le succès que l’on sait.
Surfer sur la vague néolibérale
Mais le Medef a malheureusement eu l’intelligence d’habiller cette violente remise en cause de notre modèle social d’un vocabulaire relativement modéré (d’où le tweet sur les 35 Heures et le SMIC), même s’il continue à appeler à accélérer le rythme de déconstruction de notre Etat. En outre, l’histoire qu’il raconte est tout de même relativement bien étudiée, puisque Pierre Gattaz explique que nos difficultés viennent de notre lenteur dans l’adoption de l’agenda néolibéral et que l’accélération dans sa mise en place permettrait de relancer la machine. Malheureusement, le cas allemand sert souvent ce genre de discours, même si sur le fond, cette explication est bien trop superficielle et ne prend pas en compte beaucoup d’autres facteurs, et notamment le fait qu’il repose sur la non réplication chez ses principaux clients.