Le pic pétrolier, c’est quand ?

par Laurent Herblay
samedi 10 août 2013

En faisant baisser la consommation de pétrole, la crise de 2008 a donné des ailes à ceux qui prédisaient que nous avions atteint le pic pétrolier, ce moment où l’humanité devrait faire avec une production en baisse continue. Mais les dernières années ont montré qu’ils avaient tort, pour le moment.

L’oubli des mécanismes de marché
 
L’idée que nous ne pourrons plus produire autant de pétrole qu’avant n’est pas nouvelle. Dès les Trente Glorieuses, elle était populaire. Il y a quarante ans, on nous annonçait que nous épuiserions nos ressources en quarante ans et aujourd’hui, on annonce toujours autant de réserves (en oubliant souvent de préciser qu’en réalité, l’ensemble des ressources exploitables est encore supérieur à plus d’un siècle d’exploitation). En 2008, certains ont cru que le pic pétrolier avait été atteint et prévoyait un effondrement de la production dans les années à venir. La réalité a démenti leurs prédictions.
 
 
La raison est simple : quand on manque de pétrole, les prix montent, ce qui rend rentable l’exploitation de gisements qui ne l’étaient pas et stimulent la recherche de nouvelles ressources. C’est ce qui explique l’envolée récente de la production de pétrole aux Etats-Unis du fait de l’exploitation des schistes bitumeux, le pendant des gaz de schistes pour le pétrole. Il est donc probable que si l’humanité était confrontée à une pénurie de pétrole, l’augmentation des prix consécutive, non seulement stimulera l’exploration et l’exploitation mais rendra également compétitives d’autres énergies.
 
 
Une transition qu’il faut préparer
 
En fait, il faut bien le reconnaître, les mécanismes de marché, par l’offre et la demande, qui permettent la formation d’un prix d’équilibre, sont de puissants facteurs de régulation de notre consommation et production d’énergie. L’envolée de la consommation (du fait de l’émergence de la Chine) a provoqué une envolée des prix, qui a permis non seulement le développement de champs qui n’étaient pas rentables auparavant (les sables bitumeux au Canada entre autres) mais a également stimulé l’innovation pour la production d’énergies renouvelables, de plus en plus compétitives.
 
Bref, la transition énergétique ne se passera pas forcément mal. La hausse des prix accélère la production et freine la consommation, évitant un choc brutal, d’autant plus que la production est répartie sur toute la planète. Malgré tout, il convient de préparer cette transition le plus rapidement possible, non seulement pour des raisons environnementales et climatiques, mais aussi parce que cette énergie n’est pas renouvelable et qu’en plus, notre pays en produit très peu. Il est essentiel de préparer un véritable plan de transition à long terme, qui inclut également la nécessité d’indépendance de notre pays, y compris pour la production des éléments qui permettent de produire cette énergie (panneaux solaires).
 
Le pic pétrolier devrait finir par arriver mais il est possible que les mécanismes de marché contribuent à en lisser l’impact. Mais pour éviter que cela se passe de manière douloureuse pour les citoyens, avec des crises à répétition, il importe que nos dirigeants l’anticipent vraiment, ce qui n’est pas le cas.

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