Le PLEIN EMPLOI est lié à la STRUCTURATION de la SOCIÉTÉ

par hugo BOTOPO
vendredi 14 juin 2019

Le plein emploi serait un souci principal pour les élites politiques, économiques et financières dirigeant la France. Les résultats sont nettement inférieurs à ceux des pays voisins comparables (Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas) eux aussi en proie à la mondialisation. Il existe des causes ignorées volontairement ou non : rétablir la situation de l'emploi impose de mettre au jour ces causes et de mettre en oeuvre un programme de "remontada" !

Le plein emploi est une notion récente, issue des "déréglements" de l'économie mondiale, avec son corollaire le "chômage de masse". Ce dernier est apparu avec les retombées économiques de la crise financière de 1929 : en 1932, 24% de chômeurs aux USA (13 millions) et 25% en Allemagne (6 millions chômage total et 8 millions avec le chômage partiel) et en France seulement 273 000 en 1932 et 343 000 en 1934 ! Depuis à chaque grave crise financière succède rapidement une aggravation du chômage. Le chômage ne dépendrait-il que de la santé financière ?

Dans l'Antiquité (Egypte des pharaons, Mésopotamie, Grèce, Empire Romain...) la création de richesses dépendait principalement de la main-d'oeuvre disponible utilisée. Les esclaves étaient une "marchandise" recherchée et précieuse, qu'il fallait préserver, donc au minimum nourrir correctement : un traitement type camp de travail et d'extermination (selon les pratiques de différents régimes politiques au XXième siècle) était exclu car non "rentable". D'autres travailleurs "libres" comme des artisans, des commerçants, des architectes, des enseignants... vivaient de leur travail ou de leurs prestations. En plus de ces catégories de personnes (chefs dominants, caste moyenne de citoyens et affranchis, esclaves) en Egypte la caste des prêtres avait une influence prépondérante se disputant ou se partageant le pouvoir avec la cour des pharaons.

Au Moyen-âge, l'esclavage avait formellement disparu (abrogation en 1315 en France), mais les serfs et ouvriers restaient souvent attachés aux domaines du château ou de l'abbaye, puis de l'usine ou de la mine. Les travailleurs indépendants, base de la bourgeoisie, (compagnons pour les cathédrales et les châteaux forts puis d'habitation (type renaissance) et hôtels particuliers) et (enseignants, avocats, gens de lettre, commerçants, industriels...) forment progressivement le "tiers état". "LÉglise" fort puissante ayant toujours en charge l'enseignement des âmes et des esprits, et le soin des corps avec les hospices/hôtels-Dieu, hôpitaux pour les malades et les plus démunis. Vers le haut moyen-âge, l'industrie prend son envol avec les mines, la métallurgie, les métiers à tisser, la machine à vapeur (XVIII !ème ), la main-d'oeuvre étant prélevée sur les campagnes (en légère croissance démographique naturelle) bénéficiant des charrues en fer, de la traction animale, et aussi en enrôlant la main-d'oeuvre féminine et enfantine ! L'essor de la révolution industrielle renforce la caste des bourgeois et des intellectuels, dite le "tiers état", qui devient prépondérante devant la noblesse et le clergé. Le peuple des ouvriers, serfs et paysans étan exclu du tiers état !

Les idéologues/idéalistes de la Révolution Française ont voulu libérer le peuple de la "sollicitude" des hommes d'Église non seulement pour leurs âmes et leur salut dans l'au-delà mais encore pour la conduite de leur esprit, de leur conscience en respectant les grandes Autorités en place, la Monarchie de droit divin (la noblesse) et la sainte mère Église (le clergé, son enseignement chrétien et ses richesses matérielles). Progressivement l'enseignement de l'école primaire à l'Universite et aux grandes écoles de la Nation, est devenu laïc et public ; l'exercice de la religion étant une concession des grands esprits rationalistes envers un peuple soumis à ses irrationalités ! Le servage était aboli comme l'esclavage dans les colonies (quoique le code noir de Napéon reste une grave atteinte aux "droits de l'homme" promus dans les Constitutions succèssives). La puissance de l'argent et des banquiers a été complétée par celle des industriels, de maîtres des forges et des grands commercants (Le Bon Marché, la Samaritaine, le BHV,...). Pour éviter un contrôle étatique, les acteurs de l'économie et de la finance ont promu l'économie de marché autorégulatice portée par "la main invisible des marchés" guidant l'économie, le mutuel intérêt de l'échange de biens et l'hymne à la concurrence supposée libre et non faussée (bien au contraire, le ou les plus forts écrasant les faibles dans une concurrence normale faussée par essence par la mise en oeuvre d'avantages concurrentiels).

La noblesse d'avant les Révolutions (Française pour les droits de l'homme, Industrielle pour la prise de pouvoir par la grande bourgeoisie) a été remplacée par la Grande Bougeoisie affairiste, économique et financière. L'ancien Tiers État par une petite bourgeoisie de professions intellectuelles (enseignants, journalistes, avocats, médecins, ingénieurs, architectes...) et de petites entreprises artisanales : le système électoral a permis l'élection d'une majorité de représentants dans cette classe (mairie, députés, sénateurs) se partageant entre ceux qui prétendaient représenter et défendre la classe ouvrière asservie aux patrons, et ceux qui soutenaient que le travail et les emplois dépendaient de la richesse des patrons et industriels qu'il fallait donc préserver. : de fait durant la phase de développement des puissances industrielles et en absence de grands moyens de transports (non seulement les trains mais surtout les vracquiers et les porte-containers géants), la création des richesses et l'enrichissement des tenants des capitaux et des grands investissements matériels restait liée au volume de main-d'oeuvre disponible et mise en oeuvre.

La grande crise de 1929 résulte du basculement d'une création de richesses à partir du travail des hommes, à une création (fictive ou virtuelle) de richesses à partir de spéculations financières, en bourse, sur les actions : une masse de spéculateurs empruntant aux banques (lesquelles utilisaient les dépôts de leurs clients classiques) en gageant leurs biens immobiliers, afin d'acheter des actions qu'ils allaient revendre avec une plus value, quelques jours plus tard ! Les cours montaient, montaient... jusqu'à ce qu'un peu de bon sens de la FeD arrêta les achats et les cours se mirent à descendre puis à plonger. Les ventes avec de grosses pertes ruinèrent un grand nombre de spéculateurs mais pas un certain nombre d'affairistes avertis qui après avoir fait des profits lors des ventes ascendantes, ont pu racheter des actions et des biens immobiliers pour une "bouchée de pain". L'indice Dow Jones chutant de près de 90% entre le plus haut de 29 et le plus bas de 32. Et 773 établissements financiers firent faillite en ruinant de plus leurs clients déposants. Le chômage massif, les difficultés des entreprises entraînèrent une forte dépression ruuinant d'autres professions comme les agriculteurs. Les pouvoirs publics peu habitués à secourir les très pauvres sans ressources étaient désemparés, laissant les soupes populaires aux oeuvres caritatives. Enfin le Pésident Hoover augmenta les impôts sur les revenus de 25 à 63% (tranche supérieure à 5 M$) en 1932, pour subventionner les timides relances de l'économie, dont le barrage Boulder Ham. Roosevelt facilement élu contre Hoover, lança le New Deal (investissements publics dont la fameuse TVA (Tennessee Valley Authority) de grands travaux et d'équipements, avec encore une augmentation du taux d'imposition marginale vers 90%. Pour sécuriser les épargnants et "protéger" les banques le "Glass-Steagall Act" imposa la séparation des banques de dépôts et de prêts, des banques dites d'investissements et de spéculation. Le New Deal donna de l'espoir à la minorité qui en profita sans que l'économie américaine sorte de la crise : dès 1937 l'économie replongeait en dépression. Il n'y avait pas de demande solvable !

Ce sont les véellités guerrières en Europe, puis l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne qui mirent en branle un programme important de réarmement pour les USA et de ventes d'ames à la GB. L'entrée en guerre après Pearl Harbor structura l'économie américaine en une toute puissante économie de guerre pilotée par le Gouvernement : les financements, hier trop limités pour sortir de la crise, suivirent alimentés par des hausses d'impôts, des emprunts nationaux (les War Bonds) et la FeD. Pendant la seconde guerre mondiale, l'économie était de fait "nationalisée", les entreprises privées recevant des commandes de l'État, les hommes valides étant sous les drapeaux, les savants et techniciens en physique/chimie nucléaire regroupés dans la projet Manhattan et dans des centres de recherche secrets et étatiques, les vieux et les femmes travaillant dans les usines d'armement (munitions, chantiers navals, camions, aviation militaire...équipements, intendance) ) et comme infirmières aux armées.

Cette grande parenthèse, hors de l'économie de marché toute puissante, porta les USA au faîte incontestable de la première puissance mondiale, économique et militaire. La capacité de production de la maison USA ne pouvant plus s'écouler dans des armements destinés à détruire et à être détruits (et renouvelés), la diplomatie américaine en contrepartie de l'ouverture des marchés européens aux produits culturels américains (principalement les films), "offrit" le plan Marshall, mi-crédits, mi-dons, aux pays européens, avec des livraisons de nourriture et des équipements (tracteurs, moisonneuses-batteuses, machines outils etc...). Les bénéficiaires finaux (paysans, consommateurs, industiels...) achetaient, souvent avec des emprunts, les produits US  : cela contribuait à la reconversion des usines US anciennement dédiées à la production d'armements ! La stucturation ancienne de l'économie américaine se rétablit rapidement avec les grandes entreprises et les grandes banques dirigées par les grands capitalistes, et avec la classe des ouvriers bien défendus par des syndicats puissants et enfin une classe de bourgeoisie intermédiaire (enseignants, avocats, chercheurs scientifiques, "entertainement", artisans, commerçants et petits entrepreneurs dynamiques...).

Après la seconde guerre mondiale les potentiels économiques des pays écrasés par les bombardements sont rapidement reconstruits (Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie...). L'économie américaine toute entière se reconvertit vers des produits de consommation (voitures, électroménager, loisirs (photos, chaine hi-Fi, caméscopes, téleviseurs...) et d'équipement d'usines. Le potentiel de développement de nouveaux matériels militaires était maintenu. Les Japonais humiliés rêvent de revanche : du fait de l'occupation US, ils se rabattent vers la production massive de biens de consommation (de qualité) à exporter aux USA et en Europe, leurs faibles coûts de main-d'oeuvre et leur productivité leur donnant un grand avantage sur les jouets, les matériels hi-fi, les téléviseurs, les voitures, puis l'informatique (micro-ordinateurs), etc... Les Japonais s'imposent et détruisent indirectement une part du potentiel de production industriellle des pays clients.

La France essaye de résister avec des mesures administratives. Aux USA, les entreprises devenues non concurrentielles organisent la riposte en créant et développant les délocalisations de leurs machines vers des ateliers à Taïwan et en Corée du Sud, pays dont les coûts de main-d'oeuvre sont plus faibles qu'au Japon. Ils importent des produits issus de leurs délocalisations et réalisent de fortes marges. Puis les entreprises européennes se lancent à leur tour dans les délocalisations. La Chine communiste ouvre des zones franches portuaires pour mettre sa main-d'oeuvre à la disposition des entreprises occidentales.

Alors les entreprises asiatiques fabriquent elle-mêmes leurs machines et équipements et fabriquent une grande variété de produits, avec une qualité et une complexité technologique croissantes, soit à la demande en sous-traitance, soit de façon autonome pour vendre principalement à la grande distribution occidentale. Les délocalisations de sous-traitance deviennent alors de la mondialisation au grand bénéfice de l'emploi des pays producteurs asiatiques. Les balances commerciales au bénéfice de ses pays deviennent plus qu'inquiétante pour les économies des USA et de l'Europe, où des catégories de travailleurs, frappés par les délocalisations et la mondialisation, alimentent un chômage de masse, avec des fermetures d'usines.

 

Les réactions des USA et de la France

Pour les USA :

La mondialisation est vécue différemment selon les catégories de population :

- les exclus, les licenciés, ceux qui avaient construits la citadelle économique indusrielle et n'existent qu'en tant que consommateurs pauvres, se sont détachés du monde des politiques et n'y sont revenus que pour soutenir Trump, un produit du système, se présentant comme un anti-système qui allait redonner sa gloire passée à l'Amérique, en accusant et en luttant contre tous les pays qui ne lui prêtent pas allégeance ! Aucune action contre tous les Américains responsables des dérives !

- les bénéficiaires de la mondialisation, des marges commerciales et les capitalistes néo-libéraux partisans du libre échange sans entraves, de la primauté des marchés sur les réglementations étatiques nationales ou multinationales, ne laissent aux États que le devoir de les renflouer en cas de graves crises financières !

Trump souhaite que les échanges commerciaux entre les USA et chaque pays étranger soient équilibrés et qu"en particulier les énormes déficits commerciaux vis-à-vis de la Chine et de l'Allemagne soient rapidement réduits par des achats importants de la part des industries et des consommateurs de ces pays : comme ces derniers veillent au plein emploi chez eux, et qu'ils soutiennent des politiques d'exportation, ils promettent vaguement et surtout ne font rien ! Alors Trump balance à tout va des taxes sur les importations, sans que cela augmente les capacités de production intérieure de produits adaptés aux conditions du marché américain. Pour l'Europe dont Trump ne souhaite pas qu'elle s'unifie, Trump conditionne son soutien dans le cadre de l'OTAN à de l'achat massif de matériels militaires américains et surtout pas européens susceptibles de concurrencer sur les marchés tiers les produits américains. Les européens sont voués à être dépendants militairement, économiquement et politiquement du grand maître américain : sans cela l'inéluctable progression du mastodonde chinois, allié à l'ex-colonel du KGB devenu Président de toutes les Russie, deviendra rapidement la puisance mondiale de référence !

 

Pour la France :

Quoique que l'on dise la France n'a pas gagné la seconde guerre mondiale, même si elle a pris sa part d'actions militaires, de résistances et de souffrances.

Pendant les "Trentes Glorieuses" toute l'énergie des Français a contribué à la reconstruction de ses industries détruites et à la réalisation de plans quinquenaux de modernisation de ses entreprises et de ses infrastuctures. Les réalisations sont remarquables : les barrages hydro-électriques en montagne et sur le Rhone, les centrales thermiques, les centrales nucléaires (dans l'apogée du programme deux réacteurs de 1200 MWe étaient mis en service chaque année !), les lignes et trains TGV, les autoroutes, le réseau routier et la construction massive de logements, d'écoles, de collège, de lycée, d'universités, d'écoles d'ingénieurs, l'industrie aérospatiale avec La Caravelle, le Concorde, les fusées et satellites, les sous-marins nucléaires et la force de frappe nucléaire....

Cette France forte et sure d'elle-même s'est construite sous le régime tant décrié de la IVième République et sous le début de la Vième et a été menée par des hauts responsables des entreprises, des industries et des administrations concernées (plan, transports, énergies, défense, logement...) issus majoritaitement des grandes écoles (surtout Polytechnique avec spécialisations) qui avaient conmmencé leurs carrières dans les entreprises en montant en responsabilités. Les Enarques encore jeunes n'avaient pas encore envahi tous les cabinets ministériels et les postes de ministres, ainsi que les directions des grandes entreprises par le "pantouflage" ! En outre, le monde commercial subissait l'arrivée massive de managers issus de grandes écoles de commerce et de management, rivés aux profits donc chauds partisans des délocalisations et de la mondilisation future. Les énarques plus les managers/commerciaux sont ainsi devenus les inspirateurs de la désindustrialisation de fabrication et les fossoyeurs du tissu industriel français.

Il est remarquable que sur les 7 membres permanents du Comité Central de la Chine Populaire, ces dernières décennies de grands progrès industriels, économiques et scientifiques, 6 membres sont de formation ingénieur ! Les commissaires du parti qui éduquent, contrôlent et surveillent la population eux ont une formation idéologique et politique conforme au parti !

Quelles politiques pour demain en France ?

La structuration de la société française pilotée, dirigée par des élites monoformat loin des réalités économiques et sociales et sociétales des français, structuration ayant de plus fait allégeance au capitalisme néolibéral, à la divine loi des marchés et au saint-profit pour une minorité, ne convient ni à la France éternelle, ni à son peuple de Français !

Avec la sous-industrialisation actuelle de la France, le retour à une France forte, plus autonome ne peut se contenter de voeux pieux de réindustrialisation : cela demande des efforts de soutien de la part des consommateurs et de fortes mesures ciblées de la part des pouvoirs publics. Le Président Macron a eu un éclair de génie lorsqu'il préconisait la suppression de l'ENA. Les énarques ont infiltré tous les cabinets ministériels, les hautes administrations, les directions d'entreprises et le monde politique des élus professionnels. Le léger retour en grâce des membres de la société civile pour les députés et la fermeture de l'ENA ne va pas libérer l'économie française de leur mainmise étouffante régnant sur l'économie française. Les soutiens aux start up, aux "pépites" aux artisans et petites entreprises renouant avec la qualité française, autrefois renommée, vont dans le bon sens. Mais les efforts gouvernementaux et ceux des donneurs d'ordre publics restent insuffisants ! Au lieu de chercher à recoller aux waggons de la mondialisation, selon le programme électoral présidentiel, en réformant les Français, il faut dès maintenant définir et investir les grandes activités du futur telles que les interactions virus/bactéries/organismes vivants dans le cadre de la santé et de la conservation du biotope planétaire ; sans oublier l'implication des neurosciences dans les comportements humains et dans les sens à donner à la vie des individus !


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