Le pouvoir d’achat, un trou sans fond !

par Tommy Gold
lundi 10 décembre 2007

Nommé dans les priorités phares des Français et de leurs gouvernants, le pouvoir d’achat restera toujours un désir inassouvi.

Il était attendu le président de la République hier ! Ses propositions aussi ! Et peut on dire que ses conclusions satisferont les Français : rien n’est moins sûr.

Les grèves des dernières semaines ont trouvé leur génèse dans des maux durement ressentis par tel ou tel corps de métier. Les magistrats grondent... La justice s’éloigne des justiciables avec le vrai-faux plan Dati : une carte judiciaire qui vise à l’économie plus qu’au pragmatisme juridique... une affaire de millions et non une affaire de justice ! Les cheminots, quant à eux, sont montés au créneau pour défendre leurs "acquis", il est globalement hors de question de cotiser autant que les autres. On pensait de ce point de vue que la réforme des régimes spéciaux passerait comme une lettre à la poste. Bilan : ce sont les trains qui sont restés en gare. Et les étudiants dont on parle peu, mais qui manifestent dans bon nombre de campus ! L’autonomie des universtités se devait de passer en douceur, gros couac pour Pécresse !

Et quand les manifestants sont à cours d’argument, le pouvoir d’achat est utilisé sous toutes les formes, agité comme un étendard : "si je gueule, c’est aussi parce que j’ai pas un rond !". Et que dire ! Nous n’aurons aucun gouvernement qui se permettra de dire : "mesdames, messieurs, vous gagnez déjà amplement votre vie..." La volonté de tout un chacun de gagner plus semble légitime, mais il nous apparaît essentiel d’en décrypter les fondements.

Première explication : les Trente Glorieuses. Cet argument est, lui, utilisé à toutes les sauces, mais force est de constater que les sociétés occidentales se sont orientées dans une course à la production, dont le consommateur est un pion indispensable. C’est ainsi que les grands groupes sont parvenus à nous dicter des "J’achète donc je suis", "Je porte telle marque donc je suis", "Je sens tel parfum donc je suis"... Le cogito de Descartes est bien loin. Toutefois, nous ne pouvons pas utiliser cet argument de façon aussi primitive. Certes, nous nous trouvons dans une situation où acheter est devenu un besoin, pas uniquement superficiel. Non ! Car pour être et être reconnu dans nos sociétés, il faut rentrer dans certaines normes, et celle de l’achat est réelle... cruelle même.

Pouvons-nous considérer que nous sommes dans une société du vouloir d’achat ? Question cruelle, elle aussi. Il s’agirait que nous nous remettions en cause. Cet achat, cette voiture, cette fringue... ? En ai-je envie ou besoin ?! Le confort de l’autre m’est alors insupportable si je ne peux mesurer mon confort à un niveau supérieur ou égal à lui. C’est donc acheter plus, détenir plus, ou au moins pouvoir le faire !!

Généraliser ? Surtout pas ! Il existe trop de situations de précarité où les ménages sont contraints au hard discount sinon pire (Restos du coeur, etc.) pour que l’on se permette de dire que gagner plus est un luxe. Pour tous, gagner plus n’est pas un luxe ! Partir en voyage, acheter une belle auto, manger un bon repas, se chauffer convenablement... les priorités diffèrent en fonction des portefeuilles, mais il est tout à fait louable de penser qu’avec plus d’argent, le vie sera plus aisée. "Arrêter de tenir des comptes stricts, arrêter de se serrer la ceinture, enfin profiter de la vie"... On entend ça tous les jours et c’est tellement vrai.

Sommes-nous alors condamnés au labeur ou au désir ? Les deux notions sont proches ! Nous avons réellement du mal à cerner où s’arrêtent nos besoins et où commencent nos envies et il serait injuste de penser que cela n’est pas normal ! En fait, c’est comme ça et on n’y peut pas grand-chose ! Et nous nous indignerons toujours autant de ne pas gagner plus, de ne pas pouvoir acheter autant que l’on veut ! Alors, nous ne pouvons pas écarter ces factures qui s’alourdissent, ce plein de carburant hors de prix (400 francs pour mon automobile... 400 francs !!), cet euro qui nous masque l’inflation (comparez ce que l’on fait avec 15 € et ce qu’on faisait avec 100 francs, même en prenant en compte la hausse des salaires). Ce mal-être est certain, et il n’est pas illusoire ! Combien de familles ont d’énormes difficultés, des Noëls tristes sans cadeaux et sans sapin ; en allant jusqu’au complexe d’infériorité parce qu’ils ne peuvent pas offrir tel ou telle chose à leurs enfants. Ca fait mal au coeur et au bide bien sûr ! Mais n’est-ce pas l’exemple que c’est l’achat qui valorise, et donc ce fameux pouvoir d’achat, que l’on pourrait résumer au pouvoir tout court !


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