Le principe du prêt bancaire
par gdm
samedi 20 décembre 2008
On entend parfois, trop souvent, que le prêt bancaire serait, par nature, une escroquerie. Le prêt bancaire est une opération commerciale légitime. Le prêt bancaire consiste à échanger des billets, c’est à dire des obligations du banquier, en échange d’une obligation de l’emprunteur, c’est a dire la reconnaissance de dette.
La valeur des billets de banque est garantie par le banquier. Le banquier garantit la valeur de ces billets qu’il a émis parce que la valeur des reconnaissances de dettes qu’il possède est supérieure à la monnaie qu’il a émise.
Le prêt bancaire n’est pas une escroquerie. Le prêt bancaire est l’opération par laquelle la monnaie moderne est créée. Le banquier fabrique les billets au moment même du prêt. Précisions que ces billets de banque sont en papier, ou sous le forme électronique d’un compte bancaire. Au même moment du prêt, l’emprunteur signe sa reconnaissance de dettes. Le banquier échange ainsi des billets contre une reconnaissance de dette.
Un billet de banque est une obligation du banquier envers l’usager du billet. Une reconnaissance de dette est une obligation de l’emprunteur envers le banquier. La valeur du billet est garantie par le banquier. La valeur de la reconnaissance de dette est garantie par l’emprunteur.
L’obligation du banquier fut longtemps celle de remettre une certaine masse d’or à l’usager en échange du billet. A l’époque des monnaies privées écossaises entre 1700 et 1850, ou des monnaies françaises entre 1800 et 1804, chaque billet était un contrat privé, unilatéral entre le banquier et l’usager. Depuis que l’Etat a imposé le monopole de la monnaie, le contrat est remplacé par la loi. L’obligation du banquier qui est résulte est semblable à celle d’un contrat.
Certains sceptiques objectent que ce prêt bancaire serait une escroquerie, puisque le banquier prête une chose qui n’existait pas avant le prêt. Cette objection est inexacte. Le banquier émet ces "obligations", que sont les billets et remet à l’emprunteur. L’emprunteur devra ensuite les lui rendre. L’emprunteur a une attitude symétrique à celle du banquier. L’emprunteur signe sa reconnaissance de dette, évidemment inexistante avant la signature du prêt.
Les sceptiques reprochent alors au banquier de prêter une chose qu’il ne possédait pas avant le prêt et qu’il fabriquerait au moment du prêt. Ils affirment ainsi que le banquier prête une chose dont la valeur serait nulle, d’ou la suspicion d’escroquerie. Bien que ce discours soit fréquent, il est absurde. Ceux là devraient appliquer leur même critique à l’emprunteur, lequel fabrique sa reconnaissance de dette au moment du prêt. Pour aller au fond du raisonnement des sceptiques, il faut alors leur dire que l’emprunteur ne fait que "prêter" sa reconnaissance de dette, au même titre que le banquier prête ses billets de banque.
L’erreur majeure de ces sceptiques est d’ignorer que le billet de banque est obligation du banquier de respecter certains engagements. Avant 1971, le banquier devait remettre une certaine masse d’or en échange d’un billet. Aujourd’hui, l’obligation légale du banquier qui émet un euro est que ce billet de 1 euro conserve son pouvoir d’achat.
Une autre erreur des sceptiques est d’omettre que la reconnaissance de dette a de la valeur. La reconnaissance de dette est une "créance" sur l’emprunteur. Or la plus grande masse des actifs du banquier est la valeur des reconnaissances de dettes. Et pourtant ces sceptiques, drapés dans leur aveuglement, soutiennent que ces billets ne seraient garantis par "rien". Le banquier garantie la valeur des billets qu’il émet grâce à la valeur des reconnaissances de dettes qu’il possède.
Le discours le plus affligeant des sceptiques est que ces reconnaissances de dette seraient, selon eux, sans valeur. Alors que ces reconnaissances de dettes s’achètent et se vendent chaque jour sur les marchés interbancaires. Ces ventes prouvent que ces reconnaissance de dette ont de la valeur. Nul ne va acheter une marchandise qui n’aurait aucune valeur. Chaque reconnaissance de dette a plus de valeur que le montant du prêt. Sinon, le banquier ne prêterait pas les billets, n’accorderait pas le prêt. La plus-value commerciale du banquier est la différence entre la valeur de la reconnaissance de dettes et la somme prétée.
Le principe de la création monétaire par le prêt bancaire est donc comptablement équilibré, commercialement avantageux pour le banquier et pour l’emprunteur. Le système bancaire est critiquable pour plusieurs raisons différentes de celle du prêt bancaire. Le principe du prêt bancaire n’est pas sérieusement contestable. Ce principe est sain et logique.