Hier, l’INSEE a annoncé que la croissance a rebondi de 0,3% au troisième trimestre, sécurisant le nouvel objectif de croissance de 0,4% sur l’ensemble de l’année du gouvernement. Mais derrière les grands titres autour d’un résultat médiocre, la réalité est encore plus inquiétante.
Stocks au vert, investissements et commerce au rouge
Certes, à 0,3%, la croissance de ce trimestre dépasse le cap du 1% en rythme annuel. Mais bien des détails amènent à relativiser ce chiffre. D’abord,
le chiffre du précédent trimestre a été révisé à la baisse, puisqu’au lieu d’être stable, le PIB a reculé de 0,1% au second trimestre, ce qui signifie que la croissance n’a été que de 0,2% en 6 mois… Ensuite,
le détail des statistiques est encore plus inquiétant. En effet, la croissance totale de 0,3 points est la somme d’une contribution positive de 0,3 point de la consommation et de 0,3 point des stocks et d’une contribution négative de 0,2 point du commerce et de 0,1 point des investissements !
En clair, à stocks constant, nous n’aurions pas eu de croissance !
Et comme l’histoire le montre, quand les stocks montent un trimestre, ils ont tendance à baisser le trimestre suivant, surtout au 3
ème et au 4
ème trimestre. Et cela ne doit pas faire oublier une nouvelle contribution négative du commerce extérieur avec une augmentation des importations supérieure à celle des exportations (+1,1% contre +0,5%), signe d’autant plus inquiétant que c’est le troisième trimestre consécutif de dégradation… Toujours aussi inquiétant, la nouvelle baisse des investissements, qui reculent de 0,6%, pour le 4
ème trimestre consécutif, ce qui augure mal de l’avenir.
Un échec malheureusement prévisible
A l’heure où le président parie son mandat sur la quête de compétitivité, il est frappant de constater que le commerce et les investissements continuent à peser négativement sur la croissance, démontrant la folie de son pari. L’économie française ne tient que grâce à une consommation qui se maintient, et varie en fonction des évolutions des stocks… La quête de compétitivité est suicidaire dans un pays comme le nôtre, où le salaire minimum est 10 fois plus élevé qu’à trois mille kilomètres. Il faut changer de logique, lutter contre la concurrence déloyale des importations des pays à bas salaires, quitte à créer un protectionnisme solidaire, en reversant une partie des droits de douane écluses de notre modèle social aux pays visés.
Heureusement, la France (comme l’Italie), n’est pas rentrée dans une logique aussi suicidaire que celle de la Grèce. Malheureusement, l’application au ralenti de la même logique semble avoir le même effet que sur la grenouille que l’on ébouillante petit à petit. Alors que les solutions drastiques semblent permettre une prise de conscience, l’application plus lente, qui plus est, par une majorité qui se dit de gauche, ne semble pas rencontrer de grandes résistances,
au point que le PS ose mettre en place des mesures que Nicolas Sarkozy n’avait pas osé appliquer et que le Medef finance aujourd’hui un programme court sur le service public…
La situation est doublement mauvaise. D’un point de vue économique, elle ne nous permet pas de faire baisser le chômage ou repartir le pouvoir d’achat à la hausse. Mais paradoxalement, elle n’est peut-être pas assez mauvaise pour permettre une prise de conscience politique.