Le succès économique des nations était-il déjà écrit il y a 3000 ans ?
par Constant Pourpier
mercredi 4 août 2010
Et si le succès économique avait été déterminé par vos ancêtres en 1000 avant J.C. ? C’est ce que laisse entendre une surprenante étude réalisée par Diego Comin, William Easterly, et Erick Gong.
Le poids de l’Histoire et du progrès technologique
Mais les auteurs semblent on ne peut plus sérieux, et leurs C.V. m’ont engagé à aller voir un peu plus loin : Diego Comin est un économiste renommé, professeur de Harvard connu pour ses travaux sur la diffusion du progrès technologique au cours du temps et à travers les pays.
William Easterly est professeur d’économie à l’Université de New York, et s’intéresse aux questions de la croissance économique et de l’aide au développement.
Quant à Erick Gong, il est professeur de l’Université de Californie à Berkeley, département agriculture et ressources économiques.
Les auteurs ont rassemblé un ensemble de données sur le progrès technologique en 1000 avant .J.C., en l’an 0, et en 1500 ap. J.C à différents points du globe.
Ils arrivent à la conclusion qu’en l’an 1500 de notre ère, l’état de la technologie est un remarquable marqueur permettant de prédire la richesse des nations d’aujourd’hui. Comme le souligne William Easterly sur son blog, 78 % des disparités de revenus actuels entre l’Afrique sub-saharienne et l’Europe occidentale peuvent s’expliquer par des différences qui existaient déjà en 1500, et même dit-il “avant le commerce d’esclaves et le colonialisme”.
Easterly ajoute qu’on peut démontrer une forte corrélation entre l’état technologique en 1000 avant J.C. Et en 1500 ap. J.C., près de 2500 ans plus tard. Une telle persistance a de quoi faire réfléchir.
La conclusion de l’étude, est que la capacité à inventer de nouvelles technologies est plus grande lorsque vous avez déjà un niveau technologique avancé. En Europe, devrions-nous donc vouer un culte à la machine d’Anticythère et au progrès gréco-romain, poursuivi jusqu’à nos jours ?
Des conclusions dérangeantes
Mais ce déterminisme a quelque chose de dérangeant : on ne choisit pas ses ancêtres, comme l’admet Easterly lui-même, et il s’agirait de réussir à transcender le poids de l’Histoire pour les nations les plus pauvres.
Le blog Economix hébergé sur le New York Times s’étonne de cette étude “provocatrice” et évoque une étude alternative de Mr Sachs, pour qui le climat et la géographie favorisent le développement économique dans les zones tempérées, alors que le climat tropical rencontre par exemple le problème de la Malaria, problème qui existe encore aujourd’hui. Par ailleurs on peut nuancer l’étude avec un grand contre-exemple historique, puisque la Chine avait un niveau de technologie avancé aux périodes étudiées, mais n’a pas connu la Révolution Industrielle.
illustration : l’aqueduc romain de Tarragone en Espagne
Pourpier de Filefi.com