Le système bancaire américain n’a aucune chance de survivre

par Charles Dereeper
mardi 18 mars 2008

La réalité comptable le démontre...

Voici un point sur l’état de la crise financière américaine.

Selon les différentes études publiées récemment aux Etats-Unis, la capitalisation des banques oscille entre 1 500 et 2 000 milliards de dollars.

En face, l’encours des titres hypothécaires est d’environ 11 000 milliards de dollars. L’exposition des banques américaines sur ces titres tourne autour de 50 %, soit 5 500 milliards de dollars.

L’immobilier américain a chuté de 10-12 %, soit un trou dans la compta de 1 100 à 1 400 milliards de dollars, donc à peu de choses près la totalité du capital des banques américaines, sans même compter les autres segments du marché du crédit, type prêt étudiant, prêt à la consommation, crédit auto et, surtout, l’ensemble des prêts aux entreprises...

Déjà, à ce stade, c’est à peu près l’ensemble de la banque américaine qui est en cessation de paiement virtuellement.

Mais que savons-nous de l’immobilier américain ? Qu’il est déconnecté comme de nombreux pays dans le monde du pouvoir d’achat. Compte tenu de la situation de la finance dans le pays, avec les millions de saisies entraînant un excédent d’offre de maisons et appartements, on peut raisonnablement estimer que la correction baissière va se poursuivre avec une première target située entre -20 et -30 % à horizon d’un ou deux ans. En effet, dès que la valeur de l’emprunt immobilier dépasse celle d’un bien, les Américains ont intérêt à se déclarer en faillite. Seul un marché haussier de l’immobilier pourrait calmer le jeu. Est-ce crédible à ce stade ?

Etablissons un scénario moyennement pessimiste avec une chute de 25 %. Cela fait un trou de 2 500 à 3 000 milliards de dollars. Il suffit de faire ces additions pour comprendre que la finance américaine est fichue ! Elle ne peut pas payer le gouffre. Le dollar également ne pourra pas résister.

Il ne s’agit que d’une question de temps. Le pire va arriver. Simplement, les Etats-Unis sont en année électorale et ne sont pas prêts à faire le ménage. Tout va être fait pour décaler dans le temps la facture. Ce qu’il y a d’amusant, c’est qu’on pensait avec Haberrer à la tête du Crédit lyonnais avoir fait le tour de la question au début des années 90 au niveau des dérapages, mais les Américains nous ont largement dépassés dans la discipline. Le contribuable français n’a finalement pas payé très cher au vu de ce que vont débourser les contribuables américains...

Conséquence, les matières premières libellées en dollars vont exploser à la hausse !

Fortement probable aussi, la finance américaine risque d’être nationalisée.

Selon Business Week, les Hedge Funds sont plusieurs dizaines à avoir fait faillites, plusieurs centaines à bloquer les retraits des investisseurs. La Fed dans son souci de préserver le système bancaire en place, provoque les appels de marge et l’écroulement des financiers, encore hier stars parmi les stars.

Les Français avides de l’échec de la finance spéculative ne devraient pas se réjouir : entre 20 et 40 % des actifs des fonds de pension, selon les pays, sont investis dans ces hedge funds. Les très méchants spéculateurs gèrent en réalité l’argent des retraites... et ils sont en train de boire la tasse, avec un grand B.

Et je le répète après l’avoir écrit il y a un peu moins d’un an dans mon livre Acheter ou louer son logement, Georges Bush est le plus grand cambrioleur de toute l’histoire de l’humanité. Il a en huit ans détruit ce que Bill Clinton avait merveilleusement construit... Je trouve les médias particulièrement silencieux sur la responsabilité de l’administration républicaine et ses guerres qu’elle n’avait pas les moyens de payer. Greenspan a voulu éviter la récession économique de 2001 par le biais du transfert de la bulle internet vers la bulle immobilière. J’ignore dans quelle mesure Bush et Greenspan se sont arrangés, mais le résultat final est là. C’est une sombre répétition de l’Histoire sur un plan bancaire, monétaire et immobilier !

La France, qui a inventé le concept de monnaie papier reposant sur la confiance, a déjà expérimenté cet éclatement monétaire il y plusieurs siècles. L’objectif et la cause de l’échec étaient identiques à savoir le financement de la guerre...

Les hommes politiques sont fous. Générations après générations, siècles après siècles, ils recommencent les mêmes erreurs. Très franchement, c’est maladif chez eux de dépenser plus que ce qui ne rentre dans les caisses. Cela me dépasse, surtout cette constance dans la dépense publique.

La nouveauté, c’est qu’ils ont entraîné avec eux les individus et, dans une certaine mesure, les entreprises. Car la bulle du crédit est plus celle des particuliers américains et des entreprises que celle de l’Etat qui a juste calculé qu’il profiterait d’une croissance fictive basée sur de la dette pour engranger toujours plus de recettes fiscales...

C’est à se demander si le rattachement des devises à l’étalon or n’est pas la seule solution possible dans la pratique au vu du développement cérébral limité des politiciens dans le domaine économique... sans bien sûr masquer la perversité sans nom des banquiers.


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