Le veau d’or est l’Etat

par Michel Santi
mardi 21 septembre 2010

Deux ans après la période mémorable ayant vu l’effondrement de Lehman et la résurrection forcée du groupe AIG, les marchés - peu soucieux de questions existentielles ou simplement analytiques - connaissent un nouvel accès d’euphorie. Pourtant, le capitalisme est mort !

Nulle entreprise de quelque importance ne peut en effet aujourd’hui se targuer d’avoir pu traverser les tourmentes grâce à la qualité de sa gestion car le marché libre - je veux dire celui où tout un chacun assumerait les conséquences de ses actes - est devenu un instrument quasi préhistorique. La valorisation d’une société n’est ainsi pas tant calculée de nos jours en fonction de sa capacité d’endettement (elle même reflet de sa santé financière) que de la capacité d’accès de cette même entreprise aux fonds de l’Etat... En fait, nous vivons dans un monde où l’Etat fait preuve d’un acharnement obsessionnel à maintenir les grandes entreprises en vie par crainte de réactions d’un marché qui serait susceptible de déstabiliser toute l’économie s’il décrétait d’exprimer son mécontentement ! Ce monstre ayant constamment besoin d’être nourri, seule la caste des actionnaires semble digne d’être satisfaite : Qu’il est facile de vanter le capitalisme quand on gagne à tous les coups.

Ce spectacle déplorable de méga entreprises sauvées coûte que coûte a dénaturé la mission originelle (et noble) du capitalisme via une déresponsabilisation de ses acteurs à la faveur d’un passage du flambeau aux mains de l’Etat, c’est-à-dire aux mains de politiciens n’ayant jamais eu à naviguer dans le monde réel ! Ce faisant, les critères d’antan sont devenus désuets et ringards, les frontières du passé ont reculé, voire disparu et pour cause puisque c’est l’Etat qui prend aujourd’hui littéralement en charge les entreprises sensibles. Puisque c’est également l’Etat qui, aux Etats-Unis, soutient un marché immobilier détruit par des banquiers et des actionnaires avides. La politique monétaire des taux zéro se poursuivra à n’en point douter le temps nécessaire pour que cette caste privilégiée puisse enfin voler de ses propres ailes. 

Les Empereurs de Wall Street ont atteint leur but. Quant à nous, nous sommes des dégâts collatéraux : nous étions là au mauvais moment c’est tout...

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